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Rencontre avec une professeure de musique classique - Jaishree Kanhye : «La musique est ma meilleure amie»

Jaishree Kanhye

Jaishree Kanhye a 53 ans et habite Quartier-Militaire. Elle enseigne la musique classique au Professor Basdeo Bissoondoyal College depuis 2011. Elle possède une voix exceptionnelle, qu’elle perfectionne sans cesse.

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«La musique classique n’est pas que le chant, elle est aussi instrumentale et elle est accompagnée par la danse. Quand on réunit les trois éléments, cela permet de mieux exprimer ses sentiments », explique Jaishree Kanhye, professeur de musique classique.

Elle compte 750 à 800 élèves des Grades 7, 8 et 9 tous les ans. Jaishree Kanhye regrette cependant que cet apprentissage ne serve souvent à rien par la suite, puisque la musique classique vocale ne figure pas au syllabus au-delà du Grade 9 (Form III). Après cette classe, l’intérêt des élèves pour la musique classique se refroidit. Une autre chose qu’elle regrette, c’est le manque de professeurs de musique classique à Maurice.

Pour enseigner, Jaishree utilise l’harmonium, le synthétiseur, le tanpura et le tabla. Cependant, l’instrument le plus important pour elle est le tanpura, vu qu’elle a besoin d’un instrument qui s’harmonise avec sa voix. Si elle chante un air léger, ce sera à un « high pitch ». Par contre, un morceau classique sera interprété à un « low pitch », parce qu’il peut durer plus longtemps. Dans ce cas, le tanpura est l’instrument idéal.

Passion

Comment a-t-elle développé cette passion pour la musique classique ? « Petite, je me rendais au temple et au baitka (un lieu d’apprentissage de la langue hindi). Il y avait un certain M. Burton, qui était avocat de profession. Il nous apprenait des chants spirituels. Quand je rentrais à la maison, je reprenais ce que j’avais appris devant mes petites sœurs. Je leur demandais de répéter après moi. Elles devenaient mon chœur ! De même, quand je voyais des programmes musicaux à la télévision, j’étais fascinée par les instruments des musiciens. J’essayais de les imiter », raconte-t-elle.

La musique classique peut aider les jeunes à rester sur la bonne voie. Je me dis que si je parviens à convaincre dix jeunes à s’intéresser à la musique classique, à en faire leur centre d’intérêt, j’aurai accompli quelque chose dans ma vie»

Elle a fait ses études primaires à l’école Quartier-Militaire RCA et ses études secondaires au Byron College, à Quartier-Militaire, avant de s’inscrire à des cours au Mahatma Gandhi Institute (MGI). Ensuite, elle a fait une pause pour se marier et a repris ses études au MGI en 2002, en vue d’obtenir son diplôme en musique vocale. Tout de suite après, de 2010 à 2012, elle a suivi des cours pour l’obtention de son Master in vocal music.

Guru

« J’ai la chance d’avoir eu pour guru du Certificate au Master level, la Dr Premila Manohar Hansraj, Senior Lecturer. Aujourd’hui, elle est la Head of Department général au MGI. C’est une perfectionniste. Elle a été la première à obtenir un Master in vocal music à Maurice. Elle avait 20 ans et elle est devenue ainsi la plus jeune personne à réussir cela. J’ai été sa première étudiante en Master. J’ai beaucoup appris d’elle et j’ai un grand respect pour elle », explique-t-elle.

« La musique classique peut aider les jeunes à rester sur la bonne voie. Je me dis que si je parviens à convaincre dix jeunes à s’intéresser à la musique classique, à en faire leur centre d’intérêt, j’aurai accompli quelque chose dans ma vie. »

« Avec la musique, il n’y a que des avantages. La musique est liée à nos sentiments. Nous vénérons Dieu avec des chants, n’est-ce pas ? » ajoute-t-elle. « J’enseigne aux élèves du secondaire. Donc, je ne commence pas avec de l’inconnu. Je veux dire que certains airs leur sont familiers », fait-elle observer.

Pratique

On ne peut pas être un bon musicien sans la pratique (riyaz). « Practice makes perfect, dit-on en anglais. Par exemple, un élève de Grade 1 apprend l’alphabet. Quand il passe en Grade 2, il apprend des mots et commence à écrire de petites phrases. Plus tard, il commence à écrire des paragraphes, jusqu’à ce qu’un jour, il se mette à écrire un livre. La musique s’apprend pareillement. Il faut beaucoup pratiquer, mais une vie entière n’est pas suffisante pour apprendre la musique. On apprend continuellement. On doit pratiquer tant qu’on vit. Et plus on apprend, plus on se perfectionne », dit Jaishree Kanhye.

« Moi, je ne me considère pas comme parfaite. Franchement vous dire, quand on se consacre à la musique classique, cela exige beaucoup de votre temps. Ce qui n’est pas toujours évident quand vous avez une famille, quand vous êtes mère. Avant d’obtenir mon diplôme, j’étudiais pendant six heures par jour. Je commençais à 6 heures et je pratiquais jusqu’à 7 h 30. Puis, je m’occupais des tâches ménagères avant de me rendre au MGI. Je rentrais dans l’après-midi et le soir, après le dîner, je pratiquais encore jusqu’à 22 heures ou 23 heures. »

Instruments

Jaishree Kanhye dispose des instruments nécessaires pour pratiquer, particulièrement son tanpura. « Si vous êtes une musicienne ou si vous voulez en devenir une, vous devez investir dans les instruments », dit-elle. « Vous n’êtes pas une “bathroom singer”. Vous devez disposer d’un accord, tout comme un ségatier dispose d’une ravane. Pareillement, il est important pour une chanteuse de musique classique de disposer d’un tanpura. J’utilise un harmonium, mais à vrai dire, je n’en joue pas quand j’interprète un air classique. Si j’en joue, je ne découvrirai pas où j’ai commis une erreur. Pour interpréter un air classique, je n’utilise que trois notes : sa, pa, so. En les utilisant, si je commets une erreur, je le saurai. C’est là que le tanpura a toute son importance. »

Elle n’écoute pas que des airs provienant de l’Inde. Elle écoute aussi de la musique classique occidentale. « Mes élèves sont de toutes les communautés. Donc, je ne peux pas leur apprendre que de la musique indienne. Ce que j’enseigne doit être d’intérêt général. Par exemple, je compte parmi mes élèves, un garçon de la population générale. Il était vivement intéressé à prendre part à une compétition hindoue. Le problème, c’est qu’il ne pouvait pas s’exprimer vocalement. Ce qu’il a fait, c’est jouer de la guitare », dit-elle.

Filiation

Quand Jaishree Kanhye a connu celui qu’elle allait épouser, celui-ci était professeur de tabla au MGI. Aujourd’hui, ils se sont séparés, mais leurs deux fils aiment la musique. L’aîné, Abhijitsing, 29 ans, un graphic designer, est passionné par le tabla. Le second, Nawjeetsing, 24 ans, étudie encore et compose des morceaux sur son ordinateur. Il aime fusionner la musique orientale avec la musique occidentale. Il a pratiqué la danse et appris le tabla. Il peut aussi jouer du violon et de la guitare. Il aime chanter des airs occidentaux.

« Tout en les laissant libres dans leurs choix, je leur ai inculqué le sens de la musique. Car la musique est ma meilleure amie. Elle ne me trahira jamais », fait-elle ressortir.

 

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