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Regressive Mark-up sur des médicaments : une décision favorable aux patients

L’introduction du Regressive Mark Up est une des recommandations de la Competition Commission (CC) il y a trois ans.

Les pharmaciens ne cachent pas leur déception et leur mécontentement quant à l’introduction à venir du Regressive Mark-up sur huit des 11 types de médicaments. Les associations de consommateurs, elles, réjouissent de cette décision du gouvernement. « La communauté des pharmaciens est « déçue ». 

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«Cela va tuer beaucoup d’entreprises pharmaceutiques », dira Chetan Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM). Après la consternation, place maintenant à la réflexion et à une décision par rapport à cette décision gouvernementale, fait comprendre Chetan Dookun, qui annonce une rencontre entre les membres exécutifs de la PAM, cette semaine, pour « décider de la marche à suivre ». 

Même si que cette décision était attendue, elle est très mal accueillie par l’ensemble des pharmaciens, affirme le président de la PAM. « Nous avions demandé une augmentation de notre marge en raison de toutes nos dépenses, mais au lieu de cela, le gouvernement veut introduire le Regressive Mark-up », déplore-t-il. 

Selon Chetan Dookun , lors des réunions antérieures avec le ministère du Commerce, l’association avait pu faire comprendre la situation. Il se demande s’il ne s’agit pas là d’une « décision populiste » pour aider le gouvernement à marquer des points. 

Il fait aussi ressortir que les autorités ne contribuent rien dans l’acquisition de médicaments par les importateurs du privé. « Les pharmaciens fournissent un service, emploient du personnel et ont des frais à payer pour faire fonctionner les officines. Si on coupe dans la marge de profit, ils seront en difficulté », dit-il. Avec l’introduction du Regressive Mark-Up, « ce sont les pharmaciens qu’on tond alors qu’on abat un gros travail. Le gouvernement, lui, en sort indemne ». 

Riposte 

D’autres pharmaciens se posent plusieurs questions, la plus importante étant s’il faut contrôler les prix de médicaments pour soulager la population concernant les dépenses de la Santé dans le service privé ? « Si la réponse est non, alors pourquoi ne pas avoir une réforme pour tarifer les frais des divers services dans les cliniques : consultations privées ; frais des investigations médicales ; frais de chirurgie, frais dentaires, optiques et physio, entre autres ? » se demande un pharmacien, qui n’a pas souhaité être cité. 

Si la réponse à la question est en faveur d’un contrôle des prix, il se demande aussi pourquoi tous les dirigeants, qui se sont succédé, ont pris le pharmacien pour cible. Un autre pharmacien est d’avis que les patients ont le choix entre des soins gratuits dans le service public ou payants dans le secteur privé. « N’est-il pas la responsabilité du gouvernement de promouvoir et rendre plus attractif ce maillon du Welfare State ? En attaquant constamment le service médical du privé, c’est concéder que le public n’est pas content des services de santé de l’État », argue-t-il. 

Si on diminue la marge d’une catégorie de médicaments, il faudra augmenter celle des autres produits pharmaceutiques, ajoute un autre pharmacien, toujours sous le couvert de l’anonymat. Pour lui, si on baisse le prix des produits très chers, il faut augmenter celui des produits dont les prix sont plus abordables. « Les pharmaciens doivent pouvoir gagner leur vie », dit-il. D’un pharmacien à l’autre, c’est la grogne généralisée depuis l’annonce du Conseil des ministres pour introduire le Regressive Markup et n’accorder qu’une marge maximale de 30 % au lieu de 35 % sur les produits pharmaceutiques les plus consommés. 

Des associations de consommateurs saluent l’introduction du Regressive Mark Up 

Tout en étant en faveur du libre marché, Suttyhudeo Tengur, directeur de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (Apec), est pleinement en faveur de la décision du gouvernement. Il souligne que quand le coût du fret a baissé et que la roupie s’est stabilisée, les importateurs n’ont pas ajusté leur prix au profit des consommateurs. De ce fait, le contrôle des prix est un moyen de mettre de l’ordre dans le secteur, dit-il. « Les importateurs font fi des règlements et continuent à exploiter les consommateurs », ajoute-t-il. 

Suttyhudeo Tengur affirme que s’ils avaient ajusté leur prix quand les coûts avaient diminué, le tarif de certains médicaments aurait connu une baisse de 25 % au minimum, selon lui. Là où les grossistes ne jouent pas le jeu, le régulateur doit intervenir, est-il d’avis. Si les importateurs sont réticents à importer certains produits pharmaceutiques en raison de la révision de leur marge, il suggère la participation de la State Trading Corporation (STC) pour leur importation. « Il ne faut pas laisser le champ libre aux importateurs afin qu’ils puissent faire du chantage avec les consommateurs », fait ressortir le directeur de l’Apec. 

L’introduction du Regressive Mark Up est une des recommandations de la Competition Commission (CC) il y a trois ans, rappelle Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP). Cela, après une étude sur le marché des médicaments. Pour lui, ce mécanisme sera favorable aux consommateurs. Cela, car il va permettre l’accès à un plus grand nombre de médicaments et à un meilleur prix. 

« D’après le concept du Regressive Mark Up, plus un produit est cher, moins élevé est sa marge de profit pour le rendre plus accessible », avance-t-il. Le président de la CAP regrette que cette mesure arrive tardivement alors que le prix des médicaments est constamment à la hausse et qu’il y a une pénurie de certains médicaments sur le marché. Il espère qu’avec l’introduction de ce nouveau mécanisme, il y aura une stabilisation sur le marché des médicaments. Déplorant la grogne des pharmaciens, il est d’avis que ce nouveau système ne va pas grandement affecter leurs chiffres d’affaires, car les médicaments ciblés par le « Regressive Mark up » sont parmi ceux qui sont les moins utilisés, selon lui. « Il y a d’autres médicaments, dont les génériques qui sont les produits pharmaceutiques plus courants et qui sont les plus consommés », fait-il savoir. 

Le Regressive mark-up sera à l’avantage des consommateurs qui jusqu’ici étaient incités à acheter les produits pharmaceutiques les plus chers étant plus rentables pour la pharmacie ou l’importateur, explique Jayen Chellum, secrétaire-général de l’association des consommateurs de l’île Maurice (Acim). « Avec le Regressive Mark Up, différents taux de marge seront appliqués pour un meilleur équilibre des prix », affirme-t-il. 

Le secrétaire-général de l’Acim souligne que ce mécanisme n’est pas la seule recommandation. Il aurait fallu voir le secteur pharmaceutique dans son ensemble selon les recommandations de la Competition Commission et mettre sur pied un comité composé des importateurs, détaillants et importateurs possédant une pharmacie. L’Intellectual Property Rights (IPR) auraient dû être pris en considération, car certaines compagnies semblent avoir le « monopole » sur l’importation de certains produits pharmaceutiques qu’ils vendent plus chers au détriment de l’importation parallèle qui a été suspendue, déclare-t-il. « L’importation parallèle aurait apporté plus de compétition sur le marché et il aurait fallu voir les choses de manière holistique », fait-il comprendre. La marge de 30 % sera aussi à l’avantage des consommateurs, ajoute Jayen Chellum. 

Avec les prix prohibitifs de certains produits pharmaceutiques, il est en faveur d’une diversification des sources d’approvisionnement pour plus de compétition. Mais ces produits doivent être de la même qualité que ceux importés du marché habituel, fait-il ressortir. Le secrétaire-général de l’Acim indique que le prix de vente des médicaments dans les cliniques privées doit aussi être pris en considération et être sous la coupe du ministère du Commerce, dit-il.

 

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