Interview

Reeaz Chuttoo : «Plus de 250000 employés du secteur privé méritent une compensation»

En sus de la perte du pouvoir d’achat, il faut payer une compensation de rattrapage aux employés. Tel est le sentiment qui anime Reeaz Chuttoo. Le porte-parole de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), préconise, d’ailleurs, une somme de Rs 500 pour ceux touchant moins de Rs 10 000 par mois.  

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L’Additional Remuneration Bill, projet de loi qui rend le paiement de la compensation salariale obligatoire, n’a toujours pas été présenté et voté à l’Assemblée nationale. Comment réagissez-vous face à cela ?

« On parle d’une inflation de 1,2 %, mais dans le concret, il y a eu plusieurs hausses de prix. »

Normalement, l’Additional Remuneration Bill ne peut être voté sans qu’il y ait eu, au préalable, des consultations tripartites. Depuis deux semaines, nous avons sollicité une rencontre avec le ministre des Finances à cet effet, mais en vain. Au niveau de la CTSP, nous pensons que le gouvernement veut repousser la question du paiement de la compensation au mois de juin/juillet, vu qu’il est passé à l’année financière. Quoiqu’il en soit, le ministre des Finances a déclaré que le gouvernement prendra une décision sur la question. Nous espérons que cette décision sera vite prise, car le temps avance à grand pas. La loi aurait dû déjà être votée d’autant plus que l’Assemblée nationale sera très bientôt en congé.

Doit-on craindre que le paiement de la compensation salariale ne soit pas effectué en janvier 2017 ?
Tout porte à croire que ce sera le cas. C’est la raison pour laquelle les syndicalistes, la société civile et les pensionnés doivent faire entendre leur voix. Nous estimons que tous les employés dont les salaires ne dépassent pas Rs 10 000 mensuellement devraient toucher une compensation de Rs 500 en guise de rattrapage. Quant à ceux qui touchent un salaire s’élevant jusqu’à Rs 15 000, ils doivent percevoir une compensation en fonction d’un barème gradué.

Les employeurs ne voudront pas payer une compensation de Rs 500, vu que l’inflation s’élèvera à 1,2 % cette année, d’après les prévisions de Statistics Mauritius…
Le gouvernement peut, en effet, décider ne pas aller de l’avant avec le paiement d’une compensation salariale si l’inflation est inférieure à 5 %. Certes, les chiffres parlent d’une inflation de 1,2 %, mais dans le concret, il y a eu plusieurs  hausses de prix dont ceux du thé, de plusieurs boîtes de conserve, entre autres produits. Cette inflation de 1,2 % ne touche que ceux dont le panier d’alimentation s’aligne sur celui de Statistics Mauritius, soit une couche de la population. Le taux d’inflation des 100 000 employés qui perçoivent Rs 5 250 comme salaire de base est bien plus élevé. Nous pensons que plus de 250 000 employés du secteur privé méritent une compensation.

Lors du dîner annuel de la BoM, le gouverneur Ramesh Basant Roi a déclaré que le système de révision des gages et des salaires doit être éliminé. Il recommande une formule de calcul de révision qui s’appuie sur les conditions économiques. Vos commentaires ?
Un employé n’est pas une machine et encore moins une commodité. La position du gouverneur sur la question salariale m’étonne. D’autant plus que durant ces 30 dernières années, l’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé avec une accélération depuis ces derniers dix ans. La richesse est en train d’être créée, mais il y a une mauvaise distribution.

2016 tire à sa fin. Quel bilan faites-vous du monde du travail cette année ?
C’est la déception ! Il n’y a pas eu de changement. Toutefois, on s’attend à une situation de plein-emploi avec les chantiers qui démarreront en 2017. Ce qui apportera la croissance et un certain ‘feel good factor’ dans le pays. Toutefois, cette bulle ne sera que temporaire, le temps que durent les travaux.

  • LDMG

 

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