
Maurice joue une carte stratégique : en pleine session des Nations unies, le pays espère étendre sa ZEE de 183 000 km² autour de Rodrigues. Une avancée pour renforcer sa souveraineté et accéder à de précieuses ressources marines.
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Maurice veut étendre sa Zone économique exclusive (ZEE) de 7,96 %, en y ajoutant 183 000 km² aux 2,3 millions de km² qu’elle couvre déjà. Du 7 juillet au 8 août 2025, la Commission des limites du plateau continental (CLPC) tiendra sa soixante-quatrième session au siège des Nations unies à New York. Cette réunion, qui comprendra des séances plénières du 14 au 18 juillet et du 28 juillet au 1er août, examinera les demandes de plusieurs États côtiers, dont celle de Maurice portant sur l’extension de son plateau continental dans la région de Rodrigues. Cette soumission avait initialement été déposée le 6 mai 2009 et amendée à plusieurs reprises.
Avec une superficie terrestre de 2 040 km², Maurice dispose déjà d’une des plus vastes ZEE de l’océan Indien. La demande d’extension dans la région de Rodrigues repose sur des données scientifiques démontrant que la géologie sous-marine de la zone – notamment la ride de Rodrigues – justifie une extension au-delà des 200 milles nautiques fixés par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (1982). Cette ride, longue de 450 km, s’étend d’est en ouest à la latitude 19° sud, reliant le plateau des Mascareignes à la dorsale centrale indienne.
Depuis le dépôt initial, Maurice a progressivement renforcé sa demande. En juillet 2015, des données complémentaires ont permis de redéfinir les limites proposées. En 2016, l’État a suspendu temporairement l’examen de sa soumission afin de mener des recherches scientifiques additionnelles. Ces travaux ont abouti à une version révisée, soumise en mars 2020, appuyée par de nouvelles preuves géologiques. Cette version sera au cœur des discussions de la sous-commission dédiée lors de la session de juillet-août 2025.
La CLPC, composée de 21 experts en géologie, géophysique et hydrographie, évalue les demandes selon des critères scientifiques stricts. Dans le cas de Rodrigues, la soumission repose notamment sur la Rodrigues Depth Anomaly, une élévation sous-marine s’élevant de 500 à 1 000 mètres au-dessus du fond océanique environnant, délimitée par les zones de fracture Marie Celeste et Flinders. Maurice affirme que cette zone n’est sujette à aucun différend territorial, conformément aux règles de procédure de la Commission.
L’enjeu est de taille : une recommandation favorable de la CLPC renforcerait la souveraineté de Maurice sur une zone stratégique de l’océan Indien, potentiellement riche en ressources halieutiques et en hydrocarbures. Toutefois, les recommandations de la Commission, bien qu’appuyées par la science, n’ont pas d’effet contraignant sur les délimitations maritimes entre États ni sur les différends en cours.
Outre Maurice, la session examinera les demandes de plusieurs autres pays, dont le Palau (zone nord), l’Espagne (région de la Galice), le Mozambique, Madagascar, le Mexique (polygone oriental du golfe du Mexique), et la Russie (dorsale de Gakkel dans l’Arctique). Le Brésil et les îles Cook présenteront également des versions révisées de leurs soumissions. Ces travaux, confiés à 11 sous-commissions, témoignent de l’importance stratégique croissante des plateaux continentaux dans les politiques maritimes des États côtiers.
À l’approche de cette session cruciale, Maurice espère franchir une étape décisive dans la reconnaissance de ses droits souverains sur cette portion de l’océan Indien. Une décision favorable pourrait consolider sa position régionale et ouvrir la voie à une exploitation durable de ses ressources marines.
Qu’est-ce que la Commission des limites du plateau continental ?
Établie en vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, la Commission des limites du plateau continental (CLPC) a pour mission de fournir des recommandations aux États côtiers sur les limites extérieures de leur plateau continental au-delà de 200 milles nautiques. Composée de 21 experts en géologie, géophysique ou hydrographie, élus pour cinq ans, elle garantit une représentation géographique équitable. Ses réunions, généralement tenues à huis clos, aboutissent à des recommandations basées sur des données scientifiques, sans affecter les différends maritimes ou les délimitations entre États. Les résumés des soumissions et recommandations sont publics, assurant une transparence partielle.

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