Le président du conseil d’administration de l’Université de Technologie de Maurice commente la situation du chômage, tout en faisant une analyse du secteur de l’éducation supérieure.
Quelle lecture faites-vous du nombre croissant de gradués chômeurs à Maurice ?
Il y a certainement une disparité entre ce que recherchent les industriels et les compétences des gradués à Maurice. La plupart des étudiants formés aujourd’hui ne peuvent mettre en pratique leurs connaissances. La qualité de l’éducation a baissé d’un cran, mais cela ne veut en aucun cas dire qu’on ne peut remédier à la situation.
Il nous faut alors une restructuration des cours, faire un ‘revamping’ de notre manière de partager nos connaissances et, effectivement, combler le vide entre l’innovation et les compétences acquises dans nos universités. Depuis mai d’ailleurs, l’UTM entame un ‘new strategic planning’ afin de mieux définir les exigences de l’établissement tertiaire dans les prochaines années, comme les cours à dispenser, les infrastructures et ressources humaines nécessaires. Si nous n’innovons pas, nous sommes voués à l’échec.
Et comment innover ?
La base même de l’innovation est la recherche et cela est entrepris principalement par les institutions tertiaires à Maurice. Le Mauricien est intelligent, mais il faut lui donner l’infrastructure nécessaire et l’environnement propice pour lui permettre de faire ses preuves.
Dans le contexte mauricien, les torts sont partagés. La recherche fait partie intégrante des universités, mais à Maurice, ces dernières ne font pas preuve de leurs compétences pour attirer les entreprises.
Par ailleurs, le secteur privé ne voit pas les universités comme des centres de recherche, qui proposent des solutions crédibles, qui vont aider l’industrie à progresser, voire se réinventer pour devenir plus efficace. Financer les programmes de recherche en commun, comme on le fait en Allemagne et en Inde, est certainement la voie à suivre.
Le nombre croissant d’universités dans le paysage éducatif ne représente-t-il pas une menace pour l’UTM ?
Les universités qui se trouvent ou qui s’installeront prochainement à Maurice représentent une menace pour l’UTM, puisqu’elles ciblent le même marché que nous. L’institution se retrouve aujourd’hui à un carrefour, avec la compétition qui grandit. Par le passé, nous (Maurice) avons accommodé des institutions un peu ‘au petit bonheur’ et nous payons les pots cassés pour les décisions qui ont été prises. Par exemple, l’affaire Dr DY Patil Medical College est une épine dans le pied de l’éducation supérieure à Maurice.
Depuis que je suis à la présidence de l’UTM, le ministère de l’Éducation s’est efforcé de définir les bases pour mettre sur pied une ‘full-fledged health sciences school’ à l’UTM. Nous allons recruter prochainement un Head of School pour ainsi mieux nous organiser. Et cela, pour contribuer à l’Education Hub. On parle déjà d’un ‘Higher Education Bill’, afin de rehausser la qualité de l’éducation. En outre, je suis certain que la ‘Nine-Year Schooling’ portera ses fruits dans les prochaines années. La créativité commence dès le plus jeune âge, d’où l’importance de changements radicaux.
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