
Et si bouger devenait une prescription médicale à part entière ? C’est le pari du programme Exercise Referral, qui propose une prise en charge personnalisée de l’activité physique pour les personnes atteintes de maladies non transmissibles (MNT). Prévention, traitement et accompagnement sont réunis dans un parcours de soins intégré, selon le Dr Adisha Bholah, médecin du sport et directrice de l’Institute of Sports Medicine, Code-d’Or National Sports Complex.
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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que l’inactivité physique constitue l’un des principaux facteurs de risque pour les MNT et représente la quatrième cause de décès prématuré dans le monde. En réponse, le Dr Bholah prescrit des exercices sur mesure à ses patients, selon des critères médicaux et personnels. « Dans notre étude locale, nous avons observé que l’introduction progressive et individualisée de l’exercice a permis une meilleure régulation de la glycémie, une baisse de la tension artérielle et une amélioration du bien-être général », explique-t-elle.
Le programme ne se contente pas de prévenir : il agit en complément du traitement médical, voire de manière curative. Il vise à réduire la dépendance exclusive aux médicaments, tout en responsabilisant le patient dans la gestion de sa santé. Chaque prise en charge débute par une évaluation complète : antécédents médicaux, niveau de forme physique, traitements en cours, motivations, objectifs, douleurs chroniques éventuelles. « Nous suivons les recommandations de l’American College of Sports Medicine (ACSM) et les lignes directrices de l’OMS, en adaptant le type, l’intensité, la durée et la fréquence de l’exercice », précise-t-elle.
Une étude menée sur 20 semaines a mis en lumière des effets significatifs : baisse moyenne de la pression artérielle systolique de 8 mmHg ; réduction de l’HbA1c chez les diabétiques ; amélioration notable de la capacité fonctionnelle ; gain global en qualité de vie. « Ce sont des résultats prometteurs qui soulignent que l’activité physique encadrée est un outil thérapeutique à part entière », affirme le médecin.
Des défis persistent cependant. Parmi eux : un manque de sensibilisation du public, une coordination parfois fragmentée entre professionnels de santé, ou encore l’insuffisance d’infrastructures adaptées dans certaines zones rurales. Pour y remédier, des sessions d’information communautaires ont été organisées et un protocole de communication entre médecins, physiothérapeutes et coachs sportifs a été mis en place. « Nous devons reconnaître et souligner le rôle important des médecins et du personnel soignant. Ils nous ont donné beaucoup de support », insiste le Dr Bholah. Le programme a également été adapté pour être réalisé à domicile ou dans des centres communautaires.
Le programme s’appuie aussi sur la Global Strategy on People-centred and Integrated Health Services de l’OMS (2016), qui promeut une prise en charge interdisciplinaire, avec un plan de soins ajusté en continu. Médecins, Exercise Referral Officers (ERO), infirmiers, tous collaborent autour du patient, au cœur du système, avec un parcours continuellement ajusté selon ses besoins et ses retours.
L’approche systémique a également favorisé la communication et le partage d’informations médicales en temps réel. « Les résultats ont été probants dans notre étude, car cela a conduit à une réduction des ruptures de parcours (patients qui abandonnent le programme), une meilleure adhérence aux séances et une satisfaction globale très élevée — plus de 90 % de retours positifs dans nos questionnaires de fin de programme. »
Le Dr Bholah souligne que ce succès repose avant tout sur l’engagement remarquable des médecins traitants et de l’ensemble des professionnels de santé. Des pistes d’amélioration sont néanmoins identifiées : renforcer les formations interprofessionnelles, organiser des sessions conjointes médecins/ERO pour uniformiser les protocoles, et mettre en place une plateforme digitale partagée. Une reconnaissance institutionnelle reste cependant l’amélioration la plus importante, fait-elle remarquer. « Nous souhaitons officialiser le rôle des ERO dans la grille des métiers de la santé, afin de pérenniser et d’amplifier ce modèle de soins intégrés », conclut le Dr Bholah.

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