Alors que le marché du travail est déjà saturé pour des médecins, leur nombre devrait doubler d’ici quelques années pour éventuellement dépasser les 5 000.
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Maurice compte 2 700 médecins, spécialistes inclus. Et déjà, les derniers venus peinent à exercer à titre privé et doivent souvent s’en remettre au recrutement effectué par le ministère de la Santé pour pouvoir mettre leurs compétences au service des malades.
Mais la profession sera sans aucun doute encore plus saturée dans un proche avenir. Actuellement, 2 537 jeunes étudient la médecine. De ce nombre, 1 032 font leurs études à Maurice et le reste à l’étranger. C’est ce qu’indiquent les Education Statistics compilées par Statistics Mauritius. Le document vient d’être rendu public.
Ces données ont de quoi préoccuper, car cela voudrait dire que le nombre de médecins pourrait potentiellement doubler d’ici quelques années. Sans oublier que chaque année, des jeunes s’inscrivent pour des études de médecine. Pour l’heure, le nombre de nouveaux médecins arrivant sur le marché du travail dépasse largement le nombre de ceux qui partent à la retraite.
« Pour un petit pays, avec le système de santé que nous avons, on a déjà trop de médecins. Parmi ceux qui travaillent, ce ne sont pas tous qui gagnent décemment leur vie », réagit le Dr Francois Tadebois, porte-parole du Medical Council. « Parmi les gens qu’on rencontre, il y en a pas mal qui n’accueillent que deux, voire cinq patients par jour », confie-t-il.
Reconversion
« C’est un fait que notre profession est confrontée à une saturation et que la situation ne peut s’améliorer, car le fait de devenir médecin reste une grande fierté pour la personne elle-même, mais aussi pour ses proches. Puis il y a encore cette perception selon laquelle un médecin gagne très bien sa vie. C’est certes le cas pour certains, mais ce sont pour la plupart des gens qui se sont fait une réputation. Cela prend des années pour se faire une réputation », explique un ancien responsable du Medical Council.
Le fait d’avoir des médecins chômeurs n’est pas un phénomène nouveau à Maurice. Depuis plusieurs années, des jeunes sont contraints de se reconvertir dans d’autres secteurs par manque de travail, mais avec le nombre d’aspirants-médecins, cela risque fort de se corser davantage.
« Le problème, c’est la planification. Il faut que cela se fasse au niveau des autorités », dit le Dr Tadebois. Outre le manque de planification, plusieurs institutions d’enseignement supérieur locales se sont mises à proposer des cours de médecine. Rien qu’à l’Université de Maurice, ils sont plus de 130 en formation.
Au Mauritius Institute of Health (MIH), organisme gouvernemental chargé de la formation des professionnels dans le domaine de la santé publique, on répond aux besoins de l’État en la matière. En ce moment, moins de cinq personnes suivent une formation spécialisée. « Nous formons uniquement à la demande du ministère de la Santé, mais nous ne pouvons pas empêcher le privé de former des gens », explique-t-on au niveau du MIH.
Pourquoi ne pas envoyer les médecins qui sont surnuméraires à l’étranger pour résoudre le problème ? « Tout le monde ne peut pas travailler à l’étranger. Dans certains pays, comme l’Australie et les États-Unis, c’est extrêmement compliqué d’obtenir le droit d’exercer. Exporter des médecins n’est pas aussi facile que cela », affirme le porte-parole du Medical Council. Quant au ministère, avec les dernières recrues, il n’est nullement en manque de généralistes.
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