
Business Mauritius appelle à un virage stratégique dans la politique économique nationale. À travers son mémorandum budgétaire, l’organisation plaide pour des réformes profondes en matière de productivité, de retraites, d’infrastructures et d’environnement des affaires.
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Le Budget qui sera présenté le 5 juin intervient dans un contexte marqué par plusieurs événements déterminants. Il succède à un scrutin ayant exprimé une volonté de changement et à la publication d’un rapport sur l’état de l’économie nationale. Ce dernier a révisé à la baisse les prévisions de croissance tout en soulignant la progression de la dette publique. La présentation du programme gouvernemental a suivi, exposant les grandes lignes de l’action de l’exécutif pour les cinq années à venir. Il reprend plusieurs axes proposés par les milieux économiques.
Parallèlement, l’agence Moody’s a maintenu la note d’investissement de Maurice, tout en révisant sa perspective de stable à négative. Cette décision reflète les incertitudes du moment, bien que la note elle-même reste inchangée. Dans ce contexte, Moody’s appelle à la mise en œuvre de réformes structurelles et de mesures de consolidation budgétaire, jugées nécessaires pour préserver, voire renforcer, la position financière du pays.
Défis notables
L’année écoulée a été marquée par des défis notables pour le secteur privé. Les entreprises ont dû composer avec une hausse significative de leurs charges, notamment une augmentation de 40 % des coûts salariaux. À cela s’ajoutent des hausses généralisées des coûts de fonctionnement, incluant l’électricité et d’autres dépenses fixes.
De plus, les indicateurs du climat des affaires montrent un fléchissement progressif. Le rapport « Business-Ready » de la Banque mondiale reflète cette tendance, avec un positionnement moins favorable du pays par rapport aux années précédentes.
À l’échelle mondiale, le contexte reste incertain. Les tensions géopolitiques et le ralentissement économique touchent de nombreux marchés, y compris ceux considérés comme traditionnels pour le pays. Ce contexte exerce une pression supplémentaire sur les économies ouvertes et de petite taille, qui restent vulnérables aux chocs extérieurs.
Dans son mémorandum budgétaire, Business Mauritius souligne que le prochain Budget 2025-26 s’inscrit dans un moment charnière. Le représentant du secteur privé appelle à des mesures structurantes susceptibles d’orienter l’économie vers une nouvelle phase de croissance. Elle met l’accent sur la nécessité d’un équilibre entre performance économique, inclusion sociale et durabilité environnementale – les trois piliers du modèle « profit, population, planète » que le pays s’efforce d’intégrer.
Dans un contexte économique en évolution, Business Mauritius a présenté son mémorandum budgétaire avec pour objectif de soutenir l’agenda des réformes. Le document propose une approche centrée sur le renforcement des secteurs identifiés comme moteurs de croissance. Les auteurs estiment que plusieurs réformes restent nécessaires, notamment dans des domaines jugés complexes. Ils évoquent l’amélioration de la productivité du travail, la refonte du système de retraite, l’exploration de nouveaux modèles de partenariat pour le développement des infrastructures, ainsi qu’une réforme en profondeur du climat des affaires.
Quelques propositions de Business Mauritius
Connectivité du port
Bien que la privatisation du port puisse apporter une expertise, une modernisation et une efficacité accrue, elle nécessiterait un examen minutieux de l’intérêt national en raison des défis liés au maintien du contrôle stratégique, de la surveillance réglementaire et de la tarification équitable. Cela pourrait avoir un impact sur les coûts pour les entreprises. La stratégie de transformation recommandée passe par la création d’une structure portuaire claire avec trois entités indépendantes, à savoir un propriétaire d’actifs, un régulateur et un opérateur portuaire.
Coût de l’activité
- Énergie et services publics : Les recommandations visant à aider les entreprises à passer à l’énergie renouvelable
- Finance et investissement : L’interaction complexe entre les taux d’intérêt, la dépréciation de la monnaie et l’attractivité/compétitivité de l’économie devrait être gérée par un comité multipartite et des paramètres prédéterminés qui offrent un certain degré de prévisibilité.
- Environnement réglementaire et de conformité : (c) Revoir et améliorer le processus d’évaluation de la Mauritius Revenue Authority (MRA) afin d’en garantir l’exactitude, la transparence et l’équité. Il est recommandé de réexaminer les coûts financiers des litiges afin d’alléger la charge qui pèse sur les contribuables et de veiller à ce que les demandes d’information soient raisonnables et claires. (d) Institutionnaliser la consultation régulière du secteur privé sur les modifications fiscales et réglementaires.
Facilitation des affaires
Mise sur pied d’un comité de pilotage sous l’égide du ministère des Finances/Economic Development Board, coprésidé par Business Mauritius, sur l’amélioration du climat des affaires.
Stratégie pour l’Afrique
- Créer un bureau de l’Afrique au sein du ministère des Affaires étrangères afin de renforcer la coordination entre les secteurs public et privé.
- Améliorer la connectivité aérienne avec l’Afrique en établissant des partenariats avec des compagnies aériennes internationales afin de positionner Maurice comme une plaque tournante régionale et d’étendre les itinéraires aériens à destination et en provenance des principales villes africaines.
PME
- Accorder des prêts à des conditions préférentielles aux Petites et moyennes entreprises (PME), car elles sont confrontées à des taux d’intérêt élevés et ont du mal à fournir des garanties, ce qui entrave leur expansion et leur compétitivité.
- Augmenter le remboursement du Human Resource Development Council de 70 % à 90 % pour les PME.
- Augmenter le seuil obligatoire de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de Rs 6 millions à Rs 15 millions pour les PME.
Productivité du travail
- Simplifier les lois sur le travail pour les rendre plus flexibles, en encourageant les modalités de travail flexibles, les emplois à temps partiel, les horaires flexibles, le travail à domicile et en offrant une certaine flexibilité pour les restructurations.
- Revoir et simplifier le processus de recrutement des travailleurs étrangers, notamment en supprimant les quotas et en centralisant les demandes de permis de travail.
- Introduire une loi sur les travailleurs étrangers.
Réforme des pensions
- Mettre en place un comité technique mixte public-privé sur les retraites, sous l’égide du cabinet du Premier ministre.
- Réformer les prestations universelles et remédier à l’insoutenabilité de la Contribution sociale généralisée (CSG).

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