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PRB et inégalités

Dans la conjoncture actuelle, le combat contre l’inégalité et le déséquilibre social doit constituer l’un des principaux axes de toute politique salariale et fiscale du gouvernement. Car seules des mesures et actions concrètes pourraient renverser cette situation de morosité ambiante qui tend à aggraver le phénomène de la précarité et amplifier la fracture sociale. Il est malheureux de constater que toutes les mesures budgétaires et politiques de révision salariale présentées ces dernières années n’ont eu aucune incidence majeure sur la pauvreté, bien que le combat contre ce fléau constitue toujours l’un des projets phares du programme de tous les gouvernements qui se sont succédé durant cette période. Certes, l’octroi d’un taux de compensation salariale supérieure à celui de l’inflation à ceux au bas de l’échelle démontre une volonté théorique d’accorder une considération particulière à cette catégorie de salariés – même si le quantum de cette compensation n’a finalement eu aucune influence sur leur pouvoir d’achat. Mais il est temps que cette volonté soit réellement traduite dans les faits par l’établissement de bases solides pour une meilleure répartition de la richesse du pays. Et la mise en place d’un mécanisme fiscal approprié constitue un moyen majeur pour parvenir à cette fin. Il est évident qu’en termes de taux d’impôts et de taxes indirectes, tous les citoyens ne peuvent être logés à la même enseigne. Les gros salariés doivent être appelés à contribuer d’une façon proportionnellement plus conséquente, ce en vertu du principe de la solidarité nationale. Il convient de rappeler qu’une des premières mesures qu’avait prise François Hollande à son arrivée à l’élysée en mai 2012 était justement d’instituer un nouveau barème d’impôt de 75 % sur les salaires annuels dépassant un million d’euros. Or à Maurice, le gouvernement précédent a aboli la NRPT et les taxes sur les intérêts bancaires, entre autres – et ce pour des raisons bassement politiciennes –, alors que c’est le seuil d’imposition qu’il fallait revoir afin que ces mesures fiscales soient répercutées uniquement sur ceux possédant des biens et moyens financiers faramineux. Par ailleurs, la décision du PRB de ramener les salaires des fonctionnaires aux deux extrémités de l’échelle professionnelle « d’un ratio de 1:7,5 à 1:7  pour réduire l’écart salarial dans la fonction publique » n’est que de la poudre aux yeux. Personne n’est dupe. Entre un salaire mensuel de Rs 7,500 et un autre de Rs 206,000, le ratio est on ne peut plus évident. Certes, le rapport du PRB ne concerne qu’environ 20 % des travailleurs du pays, mais si nos dirigeants ont réellement pour objectif d’assainir, autant que faire se peut, les conditions socio-économiques et, en même temps, les relations industrielles dans le pays, ils ont, dans le court comme dans le moyen terme, deux leviers à leurs dispositions qu’ils peuvent activer : d’abord, le salaire minimum vital, dont le projet de loi est, paraît-il, fin prêt et sera introduit bientôt à l’Assemblée nationale, et le budget, qui sera présenté, selon toute probabilité, par le Premier ministre lui-même qui cumule les fonctions de ministre des Finances. Or, laisser les codes d’éthique ou l’exigence de la conscience rétablir l’équilibre dans le secteur professionnel constituerait un refus pur et simple de la part de l’autorité centrale d’attraper le taureau par les cornes. Là où c’est nécessaire, il doit y avoir intervention de l’État pour rectifier les excès, combattre les abus et remettre le processus du développement sur les rails. Ce n’est pas le sempiternel pessimisme des chefs d’entreprises, dont les profits exorbitants réalisés aux temps des vaches grasses ont fait grossir les dividendes des actionnaires et ont été investis dans d’autres activités économiques, qui aiderait à assainir la situation socio-économique dans le contexte actuel. Certes, les premières mesures prises par nos dirigeants après leur accession au pouvoir, 15 mois de cela, avaient, dans une grande mesure, fait émerger un feel good factor spontané dans le pays. Cependant, force est de constater que plus d’audace et d’originalité sont requises durant  le reste de ce mandat pour remettre en marche l’ascenseur social en panne depuis belle lurette. Les méthodes et moyens de base existent déjà, il convient de sortir des sentiers battus pour les valoriser et mettre les fruits de la croissance économique au bénéfice de toute la population. Car c’est la croissance des inégalités qui constitue la menace la plus sérieuse à la démocratie. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"14689","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-24546","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"757","alt":"Caricature"}}]]  
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