Le ministre des Technologies de la communication et de l’innovation (TCI) Yogida Sawminaden, est au fait des polémiques entourant le géant de la télécommunication chinoise, Huawei. Ses collaborateurs l’ont averti des craintes exprimées au niveau international quant à allouer le déploiement du réseau 5G à cette firme. On craint notamment que ces infrastructures servent à des fin d’espionnage. A Maurice, Huawei est engagé dans la concrétisation du projet Safe City, qui implique des milliers de caméras de surveillance. Faut-il s'en inquiéter ?
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« Le ministre est au fait de cette polémique, confirme une source du ministère, ses collaborateurs l’ont prévenu, avant même l’arrestation d’une responsable de Huawei au Canada, qu’il fallait exprimer des réserves ; il y a des vérifications à faire avant de conclure quoi que ce soit. »
Cette même source précise que pour le moment le ministère des TCI n’a aucun deal direct avec Huawei, le projet Safe City impliquant plutôt la force policière et Mauritius Telecom (MT).
Nous avons joint Yogida Sawminaden, actuellement en Inde, au téléphone, mais après nous avoir demandé de quoi nous voulions lui parler, il a déclaré n'avoir pas le temps de faire de commentaires.
Chez MT, on répète la position officielle : elle n’est qu’un contracteur. « Mauritius Telecom est uniquement un contracteur ayant construit l’infrastructure pour le projet Safe City. Notre implication s’arrête
là », indique l’équipe de communication.
MT précise qu’à aucun moment ses employés n’ont accès aux données recueillies par le projet Safe City. « La police est la seule entité à accéderaux données », précise MT.
Y a-t-il néanmoins une méfiance quelconque face aux polémiques soulevées ? « La présence de Huawei à Maurice date des années 2003. Huawei est un partenaire technologique important dans le secteur des télécommunications à Maurice », indique-t-on.
Le Défi Plus a également tenté d’obtenir l’opinion de la police sur le sujet. La cellule de communication nous a fait savoir que « Central » n’avait pas donné son autorisation pour le faire. Dans le jargon policier, « Central » fait référence au bureau du Commissaire de police.
Chez Huawei, les commentaires sont également brefs : « Huawei respecte toutes les lois et les règles des pays où elle opère et nous demandons à chaque employé de le faire également. »
Ce qui fait surtout polémique depuis décembre, c’est l’arrestation de Meng Wanzhou ; la chief financial officer de Huawei ; au Canada, à la demande des États-Unis, en pleine guerre commerciale avec Pékin. Elle est accusée d’avoir contourné l’embargo sur l’Iran, notamment en utilisant une société offshore appelée Canicula, incorporée à Maurice.
Toutefois, l’interdiction d’utiliser des équipements Huawei dans les futurs réseaux mobiles 5G est expliquée par des craintes que le fabriquant ne donne aux services de renseignement chinois la possibilité de les exploiter aux fins d’espionnage.
Ce qui a davantage exacerbé les craintes, c’est une loi sur le renseignement voté en 2017 qui précise que des organisations ou des citoyens chinois peuvent être cooptés pour venir en aide aux services de renseignement.
Safe City : une police aux 4 000 yeux
Le projet Safe City comporte trois éléments : 4 000 caméras de surveillance sur 2 000 sites, la distribution de 4 000 radios intelligentes avec GPS aux policiers, 500 caméras dans des véhicules de police et la numérisation de la hotline 999. L’installation de caméras a démarré à Pamplemousses, Flacq, Verdun et Constance. Ce projet pharaonique coûtera entre Rs 15 et Rs 19 milliards à l’État. Mauritius Telecom est signataire du contrat avec la Police pour réaliser le projet et la firme chinoise Huawei est son partenaire.
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