Pendant longtemps, Ti Rodrigues semblait être une région oubliée de tous. Aujourd’hui, c’est un lieu où il pleut des messages d’espoir. Les habitants aspirent à une vie nouvelle. Démarrons cette nouvelle année avec les messages…
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Quatorze heures, quelques jours avant le Nouvel an. Ti Rodrigues, à Résidence La Cure, semble déserté mis à part les enfants qui jouent non loin de leurs maisonnettes. Certains ont été bien gâtés pour Noël et ne veulent pas se séparer de leurs jouets. Pour d’autres, des objets de tous les jours font leur bonheur.
Ils se plaisent à jouer les guerriers avec des morceaux de bois, à se cacher derrière des cuvettes de linges ou à gambader tout au long des petites ruelles boueuses. Comme il a plu ces derniers temps, il y a des flaques de boue un peu partout.
Les habitants y sont habitués. Certains estiment que c’est leur punition pour s’être installés sur les terres de l’État. Nombre d’entre eux espèrent que leur situation va s’améliorer et qu’ils pourront un jour devenir propriétaire d’un lopin de terre.
En attendant, les familles s’agrandissent, les enfants ont d’autres enfants et les petites maisons continuent de pousser comme des champignons. Pour ceux qui sont mieux lotis, les maisons en tôle sous-bois sont spacieuses mais pour la plupart d’entre eux, elles sont dans un état déplorable.
En ces jours de mauvais temps, beaucoup d’entre eux ont dû se réfugier quelques heures chez des proches. À leur retour, un triste spectacle s’offre à eux : les quelques meubles qu’ils possèdent ont été endommagés par la pluie, il y a de la boue partout et certains objets personnels de la maison doivent aller à la poubelle.
Pour Prisca C., jeune maman de deux enfants, les autorités devraient s’enquérir de la situation afin de proposer des alternatives. « Personne ne choisit de venir du jour au lendemain occuper un lopin de terre de son plein gré », lance-t-elle. De raconter que sa grand-mère avait fait des démarches pour obtenir une maison. « Elle travaillait et économisait un peu d’argent mais jamais elle n’a été appelée ne serait-ce que pour savoir si sa demande a été enregistrée. »
Sa propre mère, poursuit Prisca C., a eu cinq enfants. « Elle a dû s’en occuper seule. Elle n’a jamais pu faire de progrès. » La jeune femme s’est elle aussi retrouvée dans la même spirale après avoir mis fin à ses études à l’âge de 14 ans. « À mon tour, je suis devenue maman. Je me suis retrouvée aussi pauvre que ma mère et ma grand-mère. »
Il n’y avait même pas de place pour mettre un matelas dans le salon de sa mère, poursuit-elle. « Nous avons dormi dans une vieille voiture pendant quatre mois et par la suite nous avons pris quelques feuilles de tôle pour construire ici. »
Selon Jenna, une autre mère, il est inapproprié de qualifier les personnes qui vivent à Ti Rodrigues de « roder bout ». Elle avance au contraire que la débrouillardise fait partie des qualités que l’on retrouve chez la plupart des habitants. « Ou trouv bann dimounn-la inn fer zot ti tabazi, ena pe nouri zot bann zanimo, ena pe travay dan zot lakour mem e sa malgre tou diskriminasion ki nou sibir zis akoz nou sitiasion. »
Elle fait ressortir que c’est facile de porter un jugement et de critiquer, de médire. « Me li pa korek ki nou tret imin kouma nou mem de ras inferier. Si nou ti ena mem lasans ki lezot nou ousi nou ti pou kapav realiz bann lezot proze kouma lezot », insiste Jenna.
Non loin, ses deux enfants jouent avec un vieux vélo. Elle explique que son compagnon l’a trouvé dans un terrain vague. « Il a été abandonné par des personnes qui ne s’en servaient plus. Il a pu le réparer et le vélo fonctionne à merveille. Maintenant les deux enfants se disputent ce vélo. »
Pour Noël, des volontaires sont venus distribuer des cadeaux, ajoute Jenna. De son côté, elle n’a offert que des vêtements à ses enfants. « Ils sont contents de ce qu’on leur donne. Ils ne demandent rien de plus. Ils savent que nous faisons de notre mieux avant tout pour ne pas manquer de nourriture. »
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