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Pierre Dinan : «Un Budget un peu au ras du sol»

L’économiste Pierre Dinan n’y va pas avec le dos de la cuillère : il attendait mieux du Budget 2017-18.

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Il s’exprimait avec Clensy Appavoo et Gary Gowrea, le vendredi 9 juin, lors de l’ACCA Budget Forum, au Trianon Convention Center.

Pierre Dinan attendait mieux du Budget 2017-18 de Pravind Jugnauth. « C’est un Budget un peu au ras du sol sans belles envolées. Au niveau des dépenses, des revenus et du déficit budgétaire, il n’y a pas grand-chose à dire. Cela reste stable sauf qu’on voit l’importance du financement de l’Inde. Le déficit budgétaire restera plus ou moins pareil. Ce n’est pas que j’aime le déficit, mais c’est mieux qu’une hausse. Les dépenses tournent autour de 25 % du Produit intérieur brut, ce à quoi nous sommes habitués. Cela ne m’aurait pas plu qu’elles augmentent », commente l’économiste.

Pour Pierre Dinan, le Budget met l’accent sur le social en tentant de réduire les inégalités. Mais l’économiste soutient que la meilleure façon de le faire n’est pas de payer un impôt négatif sur le revenu, mais de créer des emplois, notamment pour les jeunes. Il salue la création du Development Economic Board. « Des défis nous sont posés par le Brexit et le protectionnisme des États-Unis. Le Budget ne fait aucune mention de la manière dont le gouvernement se penchera sur ces sujets. Espérons que le Development Economic Board le fasse au plus vite. »

Pour Clensy Appavoo, expert-comptable, les mesures en faveur de la recherche et du développement sont louables. « Notre système accusait un retard dans la recherche et le développement. Ces mesures représentent un pas en avant », estime-t-il. L’expert-comptable pense que le gouvernement surestime ses investissements dans les infrastructures.

Clensy Appavoo se dit déçu de ne pas avoir constaté de mesures pour les secteurs traditionnels. « Nous sommes restés sur notre faim concernant les secteurs existants. Dans le tourisme par exemple, à part KLM qui apportera des touristes du Nord et l’autorisation pour les hôtels d’installer des machines de jeux d’argent, il n’y a pas de mesures.

C’est la même chose dans le secteur des technologies de l’information et de la communication. Dans l’immobilier, le ministre des Finances avait l’occasion de s’attarder sur la population vieillissante en faisant de son projet de maisons de retraite un plan national et en encourageant les investisseurs étrangers à venir », ajoute Clensy Appavoo.

Gary Gowrea, directeur général de Cim Taxand, salue l’impôt négatif sur le revenu qui, selon lui, soulagera la population au bas de l’échelle. Il rappelle que c’est la taxe de solidarité qui financera cette mesure. Il s’agit d’un impôt de 5 % infligée à la classe aisée. Gary Gowrea estime que les mesures en faveur de la facilitation des affaires sont les bienvenues.

Il indique que des investisseurs sont rapidement découragés par les procédures administratives. Désormais, ce sera le Board of Investment qui centralisera les différentes procédures.

« On peut toujours faire mieux, mais c’est déjà un bon pas en avant. On peut, par exemple, encore assouplir les conditions d’obtention de licences auprès de la Financial Services Commission », commente-t-il.

Gary Gowrea note que le Budget comporte des mesures pro-investissement et d’autres qu’il faut évaluer. « Prenons le cas d’un investisseur étranger qui veut monter son entreprise à Maurice et qui constate qu’il doit payer l’impôt sur le revenu et la taxe de solidarité. Il trouvera peut-être son taux d’imposition élevé. Il est possible qu’il ne paie pas autant dans son pays d’origine. C’est là que cela peut devenir un frein aux investissements directs étrangers à Maurice », souligne le directeur général de Cim Taxand.

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