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Panama papers: les Mauriciens figurant sur la liste s’expliquent

Des noms connus de la politique ou du monde des affaires à Maurice apparaissent dans les Panama Papers, publiés le lundi 9 mai. Le Défi Plus fait le point avec certaines des personnes concernées. Des centaines de noms de particuliers mauriciens figurent dans la base de données de l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) sur les Panama Papers mis en ligne le lundi 9 mai. Au total, 1 344 entités offshore y figurant affichent des liens avec Maurice, 624 adresses mauriciennes y sont listées de même que 81 intermédiaires locaux et 1 412 actionnaires et bénéficiaires mauriciens (compagnies et particuliers). On y retrouve quelques noms liés à la politique et au secteur des affaires. Le Défi Plus a recueilli les explications des principaux concernés. Hector Espitalier-Noël, CEO du groupe ENL Parmi les noms les plus connus, l’on retrouve celui d’Hector Espitalier-Noël, Chief Executive Officer (CEO) du groupe ENL. Il est actionnaire de Blue Moon S.A. Cette société, incorporée aux Samoa le 23 décembre 2014, n’est plus en activité depuis le 15 février dernier. C’est à travers Mossack Fonseca que la firme a été établie. Parmi les autres actionnaires de Blue Moon S.A., on retrouve aussi Mossfon Subscribers (l’adresse officielle de Mossack Fonseca se trouve au Mossfon Building, au Panama), qui compte une longue liste d’actionnaires, pour la plupart des firmes incorporées aux Samoa également. C’est la Société Générale Bank & Trust Luxembourg, basée aux Seychelles, qui a agi comme intermédiaire. Les raisons derrière la création de Blue Moon ? Le patron d’ENL s’explique : « Dans le but de gérer un portefeuille d’actions sélectionnées, la Société Générale (NdlR : une banque française) m’avait recommandé, en 2006, un véhicule d’investissement, Blue Moon S.A., leur permettant d’en assurer la structuration et le suivi. En 2014, la banque a liquidé cette structure qui ne fait plus partie de mon patrimoine. Ces transactions sont entièrement conformes aux lois en vigueur », commente Hector Espitalier-Noël. Kee Chong Li Kwong Wing, président de la SBM Holdings Ltd Le nom de Kee Chong Li Kwong Wing, président de la SBM Holdings Ltd, œuvrant dans le secteur de l’offshore, figure dans la base de données (voir son interview plus bas). Il apparaissait d’ailleurs déjà dans les Offshore Leaks de 2012. L’ex-député avait des actions dans deux sociétés : Spirit International Investments Ltd et Woodlands Global Holdings Ltd. La première avait été incorporée aux îles Vierges britanniques, le 1er février 2005. Elle a mis fin à ses activités le 31 octobre 2014. La seconde avait été incorporée aux îles Vierges britanniques le 28 février 2008. Elle a cessé ses activités au bout de cinq ans. Magalie Navarre-Marie, la fille d’Arianne Navarre-Marie Magalie Navarre-Marie, la fille de l’ex-députée du Mouvement militant mauricien (MMM) Arianne Navarre-Marie, se retrouve dans les Panama Papers de la même manière que la majorité des quelque 300 particuliers mauriciens qui y sont listés : elle est un petit actionnaire de Dale Capital Group Ltd, incorporée le 7 novembre 2007 et ayant pour adresse St James Court, Port-Louis. Sa mère explique les circonstances dans lesquelles elle s’est retrouvée actionnaire de la compagnie : « C’est une action qu’elle a reçue gratuitement de quelqu’un qui contactait des gens pour en offrir. Cela n’a jamais rien rapporté et je crois qu’ils visaient surtout des jeunes qui venaient à peine de terminer leur scolarité et que cela pouvait facilement impressionner. » Kamil Patel, ancien tennisman et CEO de Dolberg Capital Kamil Patel, ancien joueur de tennis et désormais CEO de Dolberg Capital, fait aussi partie de la liste. Son nom figure comme bénéficiaire et actionnaire de Fimli Marketing Inc, incorporée le 20 avril 2015 aux Seychelles, à travers Mossack Fonseca. Cependant, la compagnie est officiellement domiciliée au Botswana où réside son intermédiaire, la firme Turnstone Corporate Botswana. Sollicité pour s’expliquer sur la présence de son nom dans la base de données, Kamil Patel se justifie : « Ce serait trop compliqué à expliquer dans les détails. La compagnie n’a même pas encore commencé à opérer. Il s’agit d’une société subsidiaire du groupe Dolberg, c’est tout. Cela fait partie de mon travail d’employé. » [row custom_class=""][/row] [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18265","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-large wp-image-28932","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"960","height":"540","alt":"1405106-ki"}}]] Kee Chong Li Kwong Wing:« Il n’y a aucun problème » Votre nom figure comme actionnaire de Spirit International Investments Ltd et Woodlands Global Holdings Ltd. Comment l’expliquez-vous ? Comme leur nom l’indique, ce sont des compagnies d’investissement et de holding. Elles détiennent des actions dans de nombreuses entreprises à travers le monde. Elles ont des parts dans la société Dale Capital, qui en a elle-même dans d’autres. C’est ainsi qu’il y a des relations indirectes avec des entreprises citées dans les Panama Papers. Mais ces firmes sont toutes enregistrées légalement. Certaines ont des actions dans des sociétés listées à la Bourse de Maurice (SEM) ou dans des Management Companies. Dale Capital est elle-même listée à la SEM. Il n’y a aucun problème. Tout cela est bien connu de la Financial Services Commission. Pourquoi des entreprises ont-elles recours à des plateformes offshore ? Des sociétés d’investissement et de holding peuvent investir où elles veulent du moment que ce sont des activités légales et reconnues par les régulateurs. Maurice, par exemple, est une plaque tournante des services financiers qui a des traités avec d’autres pays. Des firmes utilisent Maurice pour la planification fiscale. Cela n’a rien d’illégal, du moment qu’il n’y a ni blanchiment d’argent, ni évasion fiscale, ni financement de trafic d’armes ou de terrorisme. Comprenez-vous que les contribuables de pays où des firmes opèrent mais ne sont pas domiciliées aient une mauvaise image de ces places financières ? Ce sont ces citoyens qui ont élu leurs gouvernements responsables des politiques fiscales de leur pays. Maurice doit gagner son pain, la presse ne comprend pas le système offshore. À Maurice, il n’y a que le secteur financier qui peut prospérer. Nous ne devons pas nous tirer une balle dans le pied. Nous devons proposer des avantages aux investisseurs étrangers pour les attirer.

Dale Capital Group, une société intermédiaire De nombreux Mauriciens ont obtenu des actions de Dale Capital Group gratuitement. ‘Le Défi Plus’a contacté certains d’entre eux. Ils expliquent eux aussi avoir obtenu les actions gratuitement et affirment qu’elles ne leur ont jamais rapporté le moindre sou. Il ressort que Dale Capital Group figure parmi les intermédiaires les plus populaires dans la base de données des Panama Papers. Rajsing Gopaul, directeur de DALE International Trust, précise que « DALE International Trust n’est plus une filiale de Dale Capital Group depuis 2011 ». Il ajoute que ce ‘trust’joue son rôle d’intermédiaire dans le secteur offshore en toute légalité et que c’est un fournisseur de services pour les entreprises souhaitant s’implanter ou investir à l’étranger. « Nous sommes reconnus par les autorités et nous bénéficions des licences nécessaires. Des firmes peuvent avoir besoin de domiciliation dans d’autres juridictions, non pas pour ne pas payer de taxes, mais pour bénéficier de plus de flexibilité », affirme Rajsing Gopaul. Concernant les Mauriciens qui paraissent comme actionnaires de Dale Capital Group dans les Panama Papers, Rajsing Gopaul explique qu’un des critères pour que la société puisse être cotée en Bourse était de proposer des actions publiques. C’est pourquoi la firme a proposé à des employés d’acheter ou de proposer à leur tour à leur entourage des parts dans la compagnie.

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/div> Ronnie Antoine et Patrice Donzelot
 

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