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Anaïs et Jolynn, deux femmes au royaume des lionceaux

Anaïs, 26 ans, dit vivre un rêve aux côtés des lionceaux. Jolynn, 20 ans, raconte qu’un jour, un lionceau lui a volé son talkie-walkie.

Au cœur d’un quotidien hors du commun

Anaïs et Jolynn, deux jeunes Mauriciennes passionnées, vivent un quotidien hors du commun auprès de six lionceaux. Entre respect, tendresse et vigilance, elles tissent un lien unique avec ces félins.

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Elles ne portent ni blouse blanche de vétérinaire, ni fouet de dompteur. Pourtant, chaque matin, elles franchissent sans trembler les portes d’un territoire que beaucoup n’oseraient approcher : celui des félins. Anaïs, 26 ans, et Jolynn, 20 ans, sont deux jeunes femmes animées par une passion brute, viscérale. Depuis l’arrivée de six lionceaux dans le parc animalier où elles travaillent, elles partagent leur quotidien avec ces fauves en devenir, entre émerveillement, prudence et lien profond.

Tout a commencé par une question lancée sur un coup de tête. « Vous recrutez ? » a osé demander Anaïs lors d’une visite ordinaire dans le parc. Trois ans plus tard, elle connaît par cœur le langage des hyènes… et celui des lionceaux âgés de six à huit mois. « Je vis mon rêve », lance-t-elle, les yeux brillants. Ce rêve s’est imposé à elle comme une évidence. « Depuis toute petite, j’aime tous les animaux. Je crois que c’était écrit. »

Pour Jolynn, l’histoire débute un 14 juin 2024, date gravée dans sa mémoire. Elle plaisante : « Je suis née sous le signe du Lion, c’est un signe ! » Ce jour-là, introduite à ce monde par une amie, elle fait la rencontre de six petites boules de poils. « J’ai toujours rêvé de les approcher. » C’est le choc. L’émotion. « Ils étaient si petits… mais déjà si impressionnants... »

Avec le temps, une confiance mutuelle s’est installée. Les lionceaux reconnaissent leurs voix, leur odeur, leur silhouette. Une alchimie fragile, fondée sur la répétition, la douceur et le respect. « Le plus important, c’est de ne jamais oublier qu’ils restent des félins avec leurs instincts, leur caractère, leur humeur du jour », rappelle Anaïs.

Le rituel du matin est immuable : salutations, câlins, observation attentive, nettoyage des enclos, et quelques heures plus tard, préparation des repas. Tout se fait dans le calme, sans brusquerie. « Ils nous testent, nous lisent autant qu’on les lit », explique-t-elle. « Le regard, la posture, la queue… tout parle. »

Chez Jolynn, la relation s’est renforcée après des heures passées en dehors du service, à juste... être là. « Ils me reconnaissent. Ils viennent me faire des petites léchouilles. » Mais ici, la tendresse cohabite avec la vigilance constante. « On ne court jamais. Pour eux, courir, c’est jouer. Et leur jeu peut être dangereux, même involontairement. »

Les frayeurs ? Inévitables. Anaïs se souvient d’un jeune lion qui s’était mis en colère. « Ce n’est pas fréquent, mais ça arrive. J’ai senti que je devais reculer. Ne pas paniquer. Juste… respecter l’instant. » Une leçon de sang-froid, et de respect, qu’elle n’oubliera jamais.

Mais il y a aussi les souvenirs qui font rire. Jolynn raconte, hilare : « Un jour, l’un d’eux a piqué mon talkie-walkie. Il a couru partout avec, et moi derrière, comme une folle ! » Anaïs, elle, repense à ce moment suspendu où les lionceaux ont, pour la première fois, découvert le bassin d’eau. « Les voir sauter, jouer, s’éclabousser… c’était magique. Une fête. »

Lien viscéral

Au fil des mois, ces lionceaux et les jeunes femmes sont devenus une famille. Le lien entre eux est viscéral, organique. Chaque lionceau a sa personnalité : l’indépendant, le joueur, le câlin… « Comme des enfants », dit Anaïs. Jolynn ajoute, plus grave : « Ils ont un respect immense envers l’humain. Bien plus qu’on ne l’imagine. Il ne faut jamais se fier aux apparences. Même celui qui semble le plus féroce peut être d’une douceur incroyable. »

Travailler avec des lions n’était pas un plan de carrière. C’est devenu une mission. Un ancrage. Une fierté. « Jamais je n’aurais cru élever six lionceaux. C’est ma fierté. C’est un bonheur de savoir que je vais avoir ma dose de câlins du matin », confie Anaïs. Jolynn hoche la tête : « Ils ne savent pas à quel point ils ont changé ma vie. Chaque jour est différent. Chaque jour, ils m’apportent quelque chose. C’est un privilège incroyable. »

Et l’avenir ? Anaïs ne se voit nulle part ailleurs. « Je ne me vois pas laisser mes bébés. Je ne compte pas bouger. » Quant à Jolynn, elle préfère savourer l’instant.

« Quitter ma famille a toujours été compliqué. Peut-être un jour j’irai ailleurs. Mais pas maintenant. Je suis bien. »

Leur message, elles le lancent à toutes les jeunes femmes qui doutent : « Osez. Rêvez grand. Ne vous laissez pas décourager. Si nous l’avons fait, vous le pouvez aussi. Il faut juste croire en soi. » Anaïs le résume d’un mot : « Vis. » Jolynn conclut : « Poursuivez vos rêves. Si quelque chose vous tient à cœur, donnez tout pour y arriver. »

Elles n’ont pas de diplômes en zoologie. Pas de longues études. Mais elles ont quelque chose de plus rare : une patience inébranlable, une passion indomptable, une foi profonde dans la magie du vivant. Et avec ça, elles ont construit une histoire unique – celle d’un lien presque sacré entre deux femmes et six lionceaux, dans un coin reculé de l’île, où rugir est un langage d’amour.

Azeem Khodabux 

 

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