Après une multitude d’inspections des dortoirs des ouvriers bangladais de Jin Fei, la China State Construction Engineering Corporation Ltd a pris les premières mesures pour se mettre aux normes. Elle ne possède pas les permis requis auprès du ministère du Travail et des pompiers et doit se presser de le faire.
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Une série de descentes des autorités mauriciennes ont forcé la China State Construction Engineering Corporation Ltd (CSCEC), compagnie de construction active dans la zone industrielle de Jin Fei, à revoir les conditions de logement des 200 ouvriers bangladais sur place. Pompiers, autorités sanitaires et inspecteurs du Travail ont tous été sur les lieux dimanche, à la suite d’une descente des députés de l’opposition. Ils s’y sont de nouveau rendus lundi. Constat : les lieux ont miraculeusement changé pour le mieux. Toutefois, certains détails doivent être réglés, notamment le fait que l’entreprise ne possède pas de permis pour les cinq dortoirs qu’elle compte sur le chantier.
« Ils n’ont pas de permis pour loger ces ouvriers », confirme une source du ministère du Travail après la descente des inspecteurs. « La CSCEC a pris l’engagement de se mettre aux normes au plus vite, notamment en termes d’espace disponible, de matelas et d’accès aux toilettes, etc… D’ici une semaine, la compagnie devrait avoir tous ses permis. Les matelas destinés aux ouvriers, qui dormaient jusqu’alors sur planches en bois, ont été livrés, lundi. »
Une question intrigue toutefois le ministère : il est impossible d’obtenir un permis pour importer de la main-d’oeuvre sans avoir au préalable un permis de logement. Conclusion : « Ils ont obligatoirement eu un logement de transit ailleurs qui a servi pour l’obtention du permis, avant qu’ils ne transportent finalement les ouvriers dans ce dortoir de Jin Fei.»
L’Enforcement Unit des pompiers n’est pas non plus satisfaite de la situation, même si elle a pris note des améliorations apportées en 24 heures. Lindsay Sauterelle, à la tête de cette unité, fait le bilan : « Il y existe plusieurs manquements, l’état des chambres est catastrophique. L’un des dortoirs servait aussi d’entrepôt pour la farine et le riz, ce qui est interdit. L’éclairage de secours, obligatoire en cas de panne d’électricité, n’était présent que dans un dortoir sur cinq. » Lundi, les inspecteurs ont constaté que les dortoirs avaient été nettoyés et remis en ordre.
Lindsay Sauterelle dit avoir sommé les responsables de CSCEC de réclamer tous les permis requis, seuls deux dortoirs sur cinq étant aux normes auprès des pompiers. « Ils ont demandé une Fire Clearance pour expatriés, il faut encore qu’ils améliorent l’éclairage de secours qui n’est pas installé partout. Ces changements sont sur la bonne voie. »
Faizal Allybeegun, de la Textile Manufacturers & Allied Workers Union, suggère que de telles descentes soient la règle et non l’exception. « Il est temps de mener des visites surprises, a-t-il déclaré à Radio Plus. Beaucoup d’entreprises négligent les dortoirs et on blâme les travailleurs. Il n’est pas humain de travailler tous les jours de 7 heures à 22 heures et de devoir nettoyer son dortoir le dimanche. Il est temps de modifier les contrats pour inclure un cuisinier et un cleaner à la disposition des travailleurs. »
L’ambassade de Chine s’en mêle
Dimanche soir, l’ambassade de Chine a dépêché ses représentants pour s’enquérir des conditions de vie des ouvriers bangladais sur le site de Jin Fei. Un communiqué du Bureau du Conseiller économique et commercial a suivi lundi. Le Bureau dit avoir pris connaissance des faits rapportés par la presse mauricienne sur les conditions de vie de ces Bangladais.
« L’ambassade de Chine à Maurice, indique le communiqué, exige depuis toujours des entreprises chinoises qu’elles observent strictement les lois locales; de respecter les coutumes et croyances religieuses, d’attacher une grande d’importance à la protection des droits et intérêts légitimes des travailleurs, pour projeter une bonne image des entreprises chinoises outre-mer.»
Le communiqué insiste sur les efforts faits pour maintenir de bonnes relations avec les autorités mauriciennes. « L’ambassade continuera d’exiger des entreprises chinoises qu’elles respectent les lois et réglementations mauriciennes, pour améliorer le bien-être du peuple mauricien. Nous espérons que ces entreprises renforceront les échanges de vue et interactions avec les autorités locales pour mieux se comprendre. »
Selon nos informations, le rapport des employés de l’ambassade était moins alarmant que ceux des autorités mauriciennes, soulignant qu’il n’y avait aucun problème de nourriture ou concernant le traitement des ouvriers.
Les Bangladais pour 58 % de la main-d'oeuvre étrangère
Les travailleurs bangladais représentent le plus fort contingent d’étrangers (soit 58 %) à Maurice avec 23 673 personnes (sur 41 087 étrangers) selon les statistiques de février 2018 du ministère. Puis, viennent les Indiens avec 8 392 ouvriers présents à Maurice. Le secteur manufacturier emploie plus de 31 924 étrangers, contre 5 713 pour la construction.
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