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Les droits de douane de Trump poussent l’Afrique dans les bras de la Chine, selon CNN

Depuis l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs douaniers imposés par le président américain Donald Trump, l’Afrique fait face à une réalité économique brutale. Ces taxes, parmi les plus élevées au monde, frappent durement les exportations africaines vers les États-Unis, ouvrant une brèche que la Chine, **rivale** de Washington, s’empresse d’exploiter.

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Quatre pays africains – Libye, Afrique du Sud, Algérie et Tunisie – subissent des tarifs de 25 à 30 %, parmi les plus sévères imposés par l’administration Trump. 

Dix-huit autres nations du continent, dont le Lesotho, font face à des taxes de 15 %, selon un communiqué de la Maison-Blanche publié le 31 juillet 2025. Annoncés en avril comme des mesures « réciproques » visant à réduire les déficits commerciaux, ces tarifs ne s’appuient pas sur les taxes imposées par les pays africains, mais sur leurs balances commerciales avec les États-Unis, selon Pretoria, qui dénonce une « représentation inexacte des données commerciales ».

Le Lesotho, petit pays enclavé de 2 millions d’habitants, illustre l’impact dévastateur de ces mesures. Après avoir bénéficié d’un accès sans droits de douane aux États-Unis via l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), il a vu ses exportations textiles, évaluées à 240 millions de dollars en 2024, taxées à 15 % – après un pic initial à 50 %. Le Premier ministre Samuel Matekane a déclaré en juin que ces tarifs, combinés à la suspension de l’aide américaine, ont « paralysé des industries employant des milliers de personnes ». Le Lesotho a décrété un état de catastrophe nationale pour deux ans, anticipant des pertes massives dans le secteur textile.

En Afrique du Sud, les producteurs d’agrumes, confrontés à une taxe de 30 %, expriment une « grande anxiété ». Selon l’Association des producteurs d’agrumes, « des centaines de milliers de cartons prêts à l’exportation vers les États-Unis risquent de rester invendus », menaçant des milliers d’emplois. Le secteur automobile sud-africain, déjà fragilisé, craint des délocalisations, accentuant une crise de l’emploi, selon l’analyste Neo Letswalo.

 

Une opportunité pour Pékin

Face à cette pression, la Chine se positionne comme une alternative. En juin 2025, Pékin a annoncé la suppression des droits de douane sur la quasi-totalité des importations en provenance de ses partenaires africains, renforçant son statut de premier partenaire commercial bilatéral du continent. « Nous glissons tout droit dans les bras de la Chine », déplore l’économiste nigérian Bismarck Rewane, interrogé par CNN. Ce virage, qualifié d’« issue regrettable », reflète une dépendance croissante envers Pékin, qui exporte principalement des produits manufacturés vers l’Afrique, tandis que le continent lui fournit des matières premières.

Neo Letswalo, chercheur sud-africain, y voit une chance de renforcer le commerce Sud-Sud : « Il n’y a pas de meilleur moment pour se tourner vers la Chine et en faire une alternative aux États-Unis. » 

Toutefois, il met en garde contre les déséquilibres commerciaux, notant que les accords avec la Chine favorisent souvent Pékin, selon le China-Global South Project. Le ministre sud-africain des Ressources minérales, Gwede Mantashe, souligne que la Chine, principal partenaire commercial de l’Afrique du Sud, devance les États-Unis. « Si les États-Unis imposent des tarifs élevés, nous devons chercher d’autres marchés », a-t-il déclaré le 29 juillet.

 

Vers une résilience africaine ?

L’absence de négociations commerciales entre Washington et les pays africains avant la date limite du 1er août illustre la faible priorité accordée au continent par la Maison-Blanche. Cette situation, qualifiée d’« opportunité en or » pour la Chine par Letswalo, expose l’Afrique à des risques. Mantashe avertit que les produits chinois, moins chers, pourraient inonder les marchés africains, menaçant les industries naissantes dans des économies sensibles aux prix.

Face à ce défi, des voix appellent à une approche introspective. Letswalo plaide pour une mise en œuvre rapide de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), signée en 2020 mais adoptée par seulement 22 des 55 pays africains. Bismarck Rewane y voit une chance pour l’Afrique de « bâtir une résilience économique » et de réduire sa dépendance envers les puissances extérieures. « L’Afrique doit regarder vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur », insiste-t-il.

**Source : CNN**

 

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