Pas question de partir sans une compensation décente. Les habitants de La Butte ne comptent pas bouger alors que le gouvernement tente d’éviter une crise sociale. Le délai expiré a été prolongé au jeudi 31 août, les autorités voulant éviter l’affrontement.
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La période de grâce est finie. Les habitants se trouvant sur le tracé du Metro Express doivent partir à compter de cette semaine. Le délai a commencé à expirer depuis mercredi. Toutefois, aucun habitant n’a quitté sa demeure. Conscient d’une crise sociale que pourrait engendrer cet exercice, le gouvernement a mis en place une « cellule sociale ».
L’utilisation de la force est exclue. C’est, du moins, ce qu’affirme une source du ministère des Infrastructures publiques. Bien que le délai accordé à certains habitants ait expiré, le ministère de tutelle opte pour la discussion. Cette cellule sociale vise à consulter les habitants des différentes régions. Les rencontres se font individuellement depuis lundi. Les cas de chaque famille est considéré dans le but d’effectuer une relocalisation en douceur et éviter tout affrontement.
Casse-tête de la capitale
Le gros du problème de déplacement se pose à Port-Louis. Une vingtaine de familles se trouvant sur le tracé doivent quitter la zone. Une quinzaine de familles rue Mgr Leen et celles des rues Motais et La Fleur devront aussi évacuer les lieux. Toutefois, ils sont peu à avoir accepté de partir. Mercredi, seul un garagiste de La Butte avait migré. Les autres habitants attendent une compensation plus « digne » avant de bouger. Certains ne comptent pas partir, quitte à mourir sur place s’il le faut. Une dizaine d’habitants de Résidence Barkly et de Rose-Hill sont, eux aussi, en négociations avec la cellule.
Parmi les opposants à la relocalisation, on retrouve Azam Rujubali. Ce dernier avait quitté sa maison pour aller se reposer « ailleurs ». Son épouse Nazoomah affirme qu’Azam Rujubali menace de se faire exploser avec des bonbonnes de gaz le jour où l’on viendra l’expulser de sa maison. « Je le connais très bien, il fait ce qu’il dit. Nous vivons dans la
peur. » Le terrain qu’occupe la famille Rujubali depuis 40 ans appartient à l’État. Il abrite trois familles. « Nous n’avons nulle part où aller. Mon frère m’a proposé de garder mes meubles chez lui à Rivière-du-Rempart, mais où habiterons nous ? » s’interroge-t-elle. Quant à la compensation proposée, ce ne sera pas suffisante pour construire une maison pour trois familles avec Rs 1,8 million, explique l’épouse. Lundi, son époux a rencontré les membres de la cellule sociale, le délai a été étendu au 31 août.
« Comment construire une maison en si peu de temps, on nous propose des terrains à Petit-Raffray, Souillac ou Dagotière. C’est loin de nos lieux de travail. »
Ramasamy Dharma, un garagiste de la rue Motais, ne compte pas bouger non plus. Il aurait dû évacuer les lieux le 18 août dernier, mais ne l’a pas fait. « On ne m’a pas proposé de compensations, j’emploie six personnes, elles se retrouveront au chômage si je ferme. » Cet occupant d’un terrain de l’État affirme qu’il compte bouger, mais il faut avant qu’il trouve un autre lieu pour opérer son garage. Sa voisine Zaitoon Allabux affirme qu’elle est traitée de squatteur alors que son terrain lui appartient. Elle affirme n’avoir reçu aucune proposition de compensations de la part du gouvernement.
Pourtant, les discussions sur la compensation avait débuté en 2014, affirme la source au ministère. Il explique que le statu quo autour de la compensation subsiste, car les habitants n’étaient pas d’accord et n’ont pas continué à négocier. Il souligne que le gouvernement continuera à adopter une approche humaine. Or, la finalité reste que les gens devront être relocalisés pour faire de la place aux rails.
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