
Entre service public, engagement politique et vie de famille, Maya Hanoomanjee revient sur son parcours tissé de rigueur, de dévouement, avec la même élégance tranquille qui a marqué sa carrière.
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Cinquante-trois ans de mariage, et toujours la même complicité dans le regard. Maya et Jugdish Hanoomanjee avancent main dans la main, portés par une affection indéfectible et un respect mutuel tissé au fil des années. Leur parcours ? Un enchaînement de moments tendres, de défis relevés ensemble, et d’un engagement constant envers la famille, le service public et la politique.
Tout a commencé lors d’une réception organisée chez un proche commun. À l’époque, Jugdish venait tout juste de rentrer de Londres, auréolé de son diplôme en physique. Il venait d’être recruté comme enseignant au collège Queen Elizabeth. Lors de cette première rencontre, le charme opère. Rapidement, il fait part de ses intentions à la famille de Maya.
« Après cette rencontre, Jugdish a informé mes parents de son souhait de m’épouser », confie Maya Hanoomanjee avec le sourire. « J’ai pris un mois pour réfléchir. Je voulais le connaître avant de m’engager. Avec l’accord de mes parents, je l’ai rencontré dans un pub à Rose-Hill. Puis, nous avons dîné ensemble », se remémore-t-elle.
Deux ans plus tard, en 1972, les deux tourtereaux se disent oui. Depuis, leur quotidien se décline en souvenirs partagés, entre joies simples, soutien indéfectible et résilience face aux épreuves. Trois filles, deux petits-enfants et une maison pleine de vie en témoignent.
« Jugdish a toujours été mon pilier. Il m’a soutenue à chaque étape de ma vie, y compris les plus compliquées. Il s’est occupé des enfants quand j’étais prise par mes obligations. Il trouvait toujours les mots justes pour m’encourager », souligne Maya Hanoomanjee. Ce partenariat équilibré entre sphère privée et engagement public a façonné la femme qu’elle est devenue, affirme-t-elle.
Avant la politique, Maya Hanoomanjee a gravi les échelons de l’administration publique, jusqu’à devenir secrétaire permanente au ministère de l’Agriculture. Discrète mais d’une redoutable efficacité, elle commence comme Clerical Officer – aujourd’hui Management Support Officer. Sa progression est le fruit d’une volonté de fer.
« J’ai avancé grâce à ma persévérance et mon envie constante d’aller de l’avant. En 1979, sous un gouvernement travailliste, j’ai franchi un cap en intégrant d’autres sphères de l’administration. Par la suite, mes performances m’ont valu plusieurs promotions », souligne-t-elle.
Ses anciens collègues ne tarissent pas d’éloges. Une femme ferme mais juste, rigoureuse et profondément humaine : une véritable « dame de fer » à la mauricienne. Ni retards, ni médiocrité ne passaient. « Certains pensent que mes liens familiaux m’ont aidée. Je suis claire : j’ai obtenu toutes mes promotions au mérite. Mon travail a toujours été reconnu. »
Lorsque son parcours dans la fonction publique prend fin, elle se tourne vers la politique. Une suite naturelle, dit-elle. « J’ai voulu continuer à servir le pays, rester proche du peuple. » Élue dès sa première candidature – alors que nombre de figures du Mouvement socialiste militant (MSM) sont battues –, elle entame sa carrière sur les bancs de l’opposition.
En 2010, elle est nommée ministre de la Santé, à la suite de la formation d’une nouvelle alliance. « C’est un poste à haute responsabilité que j’ai assumé pleinement. Cette nomination m’a été confiée en raison de mon expérience dans la fonction publique. »
Moment fort en 2014 : elle devient la première femme Speaker de l’Assemblée nationale. Une page d’histoire. « Sir Anerood Jugnauth m’a proposé ce poste. Il en a discuté avec les partenaires de son alliance. J’ai été élue à l’unanimité. Un moment fort, chargé de symboles. »
En 2020, elle est nommée ambassadrice de Maurice en Inde, terre de ses ancêtres. « Une mission de cœur », résume-t-elle. Là-bas, elle initie plusieurs projets culturels, économiques et diplomatiques, avec la discrétion qu’on lui connaît.
Aujourd’hui, loin d’une retraite paisible, Maya Hanoomanjee reste sur tous les fronts. Réunions à l’abri pour enfants en détresse, interventions dans des associations féminines régionales, engagements sociaux... Elle continue de servir. « J’ai toujours aimé être en contact avec les gens. Aujourd’hui encore, beaucoup me sollicitent pour des conseils. Je suis souvent invitée par des associations féminines pour animer des causeries et partager mon parcours. »
Mais elle garde aussi du temps pour les siens, notamment ses petits-enfants pour qui elle cuisine avec amour. « Mon plat préféré ? Le curry de crevettes aux ‘bringelles’ ! Et j’adore leur préparer des pâtisseries. Ils ont hérité de mon amour pour la cuisine mauricienne », sourit-elle.
Autre rituel sacré : sa marche rapide sur la plage de Flic-en-Flac chaque après-midi, suivie parfois d’une baignade en mer. « Le sport est essentiel pour rester en forme », elle en est convaincue.
Et en fond sonore, souvent, la voix de feue Lata Mangeshkar, le rossignol indien, douce réminiscence de son enfance. « Mon père nous emmenait au Maiden, au Champ de Mars. Pas de voiture à l’époque, on prenait le bus. Que de beaux souvenirs… »
Et demain ? Maya Hanoomanjee reste ouverte à la vie. « Il faut laisser la place aux jeunes. Mais les anciens ont un rôle à jouer : transmettre, accompagner. Je fais confiance au destin. Si une opportunité se présente, je déciderai en temps voulu. »
Ajagen Koomalen Rungen et Azeem Khodabux

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