Dans les perspectives de 2024, pour beaucoup de Mauriciens, le pays doit s’engager résolument vers des secteurs écologiques et promouvoir la santé publique, la justice et le logement abordable. Certains soulignent l’importance vitale de la réduction du gaspillage et d’une harmonie retrouvée avec la nature.
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Kavinien Karupudayyan, écrivain et éducateur : «Initier les écoliers aux techniques du jardinage»
« C’est une tradition pour les élèves de célébrer leur anniversaire à l’école en offrant des sucreries à leurs enseignants et camarades », souligne l’écrivain. Pour 2024, il souhaite un changement : « Plutôt que de distribuer des bonbons, pourquoi ne pas partager des semences et des plantes pour favoriser l’autosuffisance alimentaire et rendre le pays plus vert, avec les bienfaits associés tels que l’air pur, les fruits et les herbes aromatiques. » Pour Kavinien Karupudayyan, chaque école devrait créer un jardin fonctionnel pour initier les élèves aux techniques du jardinage, une démarche qui portera des fruits à l’avenir.
Il exprime également le besoin d’une présence accrue de bibliothécaires dans les écoles pré-primaires et primaires.
« Malgré la présence de bibliothèques dans la plupart des écoles pré-primaires et primaires, il n’existe pas de système concret permettant aux élèves d’emprunter des livres. » Selon lui, il y a un manque d’activités autour du livre, à l’exception de la Journée mondiale en avril. « Avoir un bibliothécaire à plein temps dans toutes les écoles pré-primaires et primaires de Maurice serait une initiative propice à éveiller l’amour des élèves pour la lecture, qu’elle soit papier ou électronique. Rêvons grand ! »
Christina Thérèse, Marketing & Communication Specialist : «Concilier croissance économique et durabilité environnementale»
Le défi est de taille : il s’agit de concilier croissance économique et durabilité environnementale. « Dans cette perspective, il est impératif d’adopter des politiques économiques axées sur la promotion des secteurs durables tels que les énergies renouvelables, la gestion des déchets et le tourisme responsable. Des incitations fiscales pour les entreprises adoptant des pratiques respectueuses de l’environnement et le soutien à l’innovation verte peuvent favoriser une croissance économique équilibrée », affirme Christina Thérèse, 31 ans.
En parallèle, poursuit l’habitante de Moka, il faut renforcer les infrastructures de santé et améliorer l’accès aux soins de qualité. « Ce sont des priorités cruciales. »
Et ce n’est pas tout : « Le gouvernement devrait investir dans la modernisation des hôpitaux, le recrutement et la formation du personnel médical, ainsi que dans la mise en place de programmes de santé publique efficaces. » Pour Christina Thérèse, une approche axée sur la prévention des maladies et la sensibilisation à la santé peut contribuer à réduire la charge sur les services médicaux, améliorant ainsi la santé globale de la population.
Pour finir, la jeune femme est d’avis qu’il faut faciliter l’accès au logement abordable pour tous les citoyens. « C’est également un objectif essentiel. » Le gouvernement pourrait encourager les partenariats public-privé dans le secteur immobilier et mettre en œuvre des mesures de régulation pour prévenir la spéculation. « Cela garantira que chaque Mauricien ait accès à un logement décent, contribuant ainsi à renforcer la cohésion sociale et à améliorer la qualité de vie de la population. »
Daniella Bastien, anthropologue et fondatrice de Mind’On : «Nos gouvernants doivent créer de nouveaux emplois»
« Je voudrais parler d’une seule priorité, celle qui est multiforme avec un impact dans toutes les sphères de la vie sociale mauricienne : s’assurer du bien-être de chaque Mauricien, sans distinction. Un bien-être au travail, dans sa vie familiale, dans la société », dit Daniella Bastien.
Elle explique que beaucoup d’entreprises du secteur privé font aujourd’hui des efforts pour maintenir un cadre de travail où chaque employé peut s’épanouir. « Mais qu’en est-il de la fonction publique ? J’ai eu l’occasion de converser avec certains d’entre eux. Entre ceux qui sont terrifiés et d’autres qui ont jeté l’éponge, il y a ceux qui sont au bord du burn out. Prenons soin de nos fonctionnaires ! Ils abattent un travail titanesque, sont les garants de la bonne marche de nos services publics. Les heures passées au travail conditionnent notre état quand nous rentrons à la maison. »
Pour l’anthropologue, le bien-être en famille est capital pour la qualité des relations avec les parents, le partenaire et les enfants. « Il est aujourd’hui triste de constater que les valeurs familiales sont en désuétude, par manque de temps de qualité avec notre entourage proche. Comment donc nourrir ce bien-être familial ? Premièrement, s’assurer que les familles mauriciennes ont un logement et un salaire décents. Pour cela, nos gouvernants ont la responsabilité de créer de nouveaux emplois, d’avoir un système qui répertorie les chômeurs et les dirige vers des métiers porteurs d’avenir. »
Quelles sont les perspectives d’avenir du pays ? L’avenir, dit-elle, semble bien sombre, si l’on se fie aux nombreux départs vers des pays comme le Canada. « C’est pourquoi la première de toutes les priorités reste le bien-être. Quand on se sent bien dans sa vie et dans son pays, on progresse en même temps qu’on fait progresser sa famille et son pays. »
Pounitnath Keerpal, Customer Service Advisor : «Une île Maurice plus verte en 2024»
Après quatre années marquées par les défis de la pandémie de COVID-19, Pounitnath Keerpal estime qu’il est impératif de renforcer la résilience de Maurice face aux conditions extrêmes. « Il faut favoriser la production alimentaire à travers un plan annuel bien défini, assurant une distribution équitable et une répartition géographique stratégique pour minimiser le gaspillage », dit l’habitant de Glen Park, Vacoas, âgé de 38 ans.
Pour verdir l’île Maurice, il met l’accent sur la réduction des émissions de carbone et la préservation de l’environnement. « Cela inclut une sensibilisation accrue sur le compostage et le tri des déchets. J’encourage également la plantation d’arbres dans chaque cour à Maurice, favorisant un environnement vert plutôt que du béton. »
Dans la même lignée, il promeut l’adoption de voitures électriques, en remplacement des modèles thermiques, pour réduire l’impact sur la santé et l’environnement. « Enfin, il est crucial de guider nos jeunes dans le choix de leur carrière. Bien que le système éducatif mauricien offre la possibilité de choisir ses matières, un encadrement solide faciliterait la découverte rapide des points forts et des faiblesses, permettant ainsi une orientation éclairée vers la filière professionnelle idéale. »
Edeen Bhugeloo, comédien : «Une reconnaissance accrue du rôle des artistes»
L’expression artistique devrait occuper une place plus importante dans la vie des Mauriciens, selon le comédien de 35 ans. « L’art favorise le bien-être chez les enfants et les adultes en adoucissant les réactions et en développant l’imagination », estime Edeen Bhugeloo qui a été vu dernièrement dans « Kandasamys : The Baby » (2023). Constatant un manque de communication et une certaine impulsivité chez certains, il affirme que l’art peut servir de médiateur, permettant de prévenir les conflits et de trouver des solutions.
Edeen Bhugeloo, qui vit du théâtre et de l’art, voit dans cette voie une piste prometteuse pour le pays. Il plaide pour une reconnaissance accrue du rôle des artistes, soulignant l’importance de pouvoir vivre de leur passion pour contribuer pleinement à l’enrichissement culturel et social de la nation.
Khemila Narraidoo, avocate et Partner chez Juristconsult Chamber : «Une réforme en profondeur du système judiciaire»
« Je me réjouis des progrès accomplis par notre pays, qui demeure une terre d’opportunités offrant un climat des affaires propice », dit l’avocate qui anticipe que la juridiction mauricienne émergera comme une plateforme favorable en 2024 pour les domaines croissants de l’intelligence artificielle et de la Fintech. « La féminisation croissante de notre système judiciaire, y compris aux plus hauts niveaux, ainsi que la nature de certains jugements récents, envoient un signal prometteur quant au caractère progressiste de Maurice. »
Cependant, le pays ne peut se reposer sur ses lauriers. « Des critiques, souvent justifiées, persistent concernant des problèmes tels que la lenteur administrative du processus judiciaire, des enquêtes s’étalant sur plusieurs années, des dossiers égarés par le greffe, voire des problèmes de climatisation dans plusieurs de nos cours de justice ! Une réforme profonde et la digitalisation du système judiciaire se font toujours attendre et elles contribueraient à accroître l’efficacité des principaux acteurs du système judiciaire ainsi qu’à satisfaire nos justiciables », souligne Me Khemila Narraidoo.
Et d’ajouter : « Je suis fière de mon pays et je souhaite qu’il continue d’être l’étoile et la clé de l’océan Indien, ainsi qu’une juridiction phare pour la région africaine. »
Pooja Nundah Lukhoo, enseignante du primaire : «Réduction du gaspillage et retour à la nature»
Pour cette enseignante de 31 ans, la priorité demeure la réduction de toutes formes de gaspillage. Soulignant l’importance de préserver l’environnement, elle plaide pour une sensibilisation accrue. « Il est nécessaire d’inculquer aux enfants le sens de l’autonomie », insiste Pooja Nundah Lukhoo. Elle estime qu’il faut également les initier à l’agriculture.
La jeune mère exprime aussi le désir que les Mauriciens renouent avec la nature en réduisant l’usage des réseaux sociaux. Elle préconise de fixer des objectifs réalisables, de consacrer davantage de temps à la famille et d’adopter une courtoisie accrue sur la route. En somme, l’habitante de Lallmatie plaide pour un retour à des valeurs plus simples et une connexion renouvelée avec la nature.
Céline Planel, Managing Director de Beyond Communications : «Éviter à tout prix l’effet de la vitre cassée»
« La propreté de notre île est une priorité à mes yeux, avant même de parler de développement durable, ESG, SDG’s, etc. Je pense qu’on pourrait tout simplement parler de propreté, un mot que tout le monde comprend », dit Céline Planel. Selon la Managing Director de Beyond Communications, Maurice est de plus en plus sale, et cela ne profite ni aux habitants, ni aux touristes qui visitent notre île réputée pour sa beauté.
« Par ailleurs, si on envisage ce problème sous l’angle de la théorie de la vitre cassée, cela pourrait engendrer des problèmes supplémentaires. Cette théorie mettrait ici en lumière l’impact du respect de l’environnement sur les comportements collectifs. Comme une série de ‘vitres’, notre environnement témoigne de notre attitude envers notre cadre de vie. »
Elle explique que lorsque les déchets s’accumulent dans les espaces publics, une « vitre cassée » symbolique se crée. « Cette négligence peut encourager d’autres comportements irrespectueux envers notre écosystème, créant un cercle vicieux de dégradation. »
Abordant la problématique des chiens errants, Céline Planel insiste sur l’importance de la gestion de leur population croissante pour éviter une dégradation continue de notre environnement social. « Je pense aussi qu’un peuple qui prend soin de ses animaux et de la nature qui l’entoure est un peuple qui va plutôt bien. »
Le combat contre la drogue à Maurice doit se poursuivre, ajoute-t-elle. « En tolérant ces activités illégales, nous créons un climat propice à l’escalade des comportements criminels, altérant la santé et l’avenir de notre société et surtout celui de nos jeunes. »
Autre problématique : la rétention des talents locaux. « Il nous faut offrir des opportunités attrayantes et un environnement professionnel valorisant aux Mauriciens afin qu’ils n’aient pas besoin de se tourner vers d’autres pays. Les Mauriciens ont beaucoup de talents, mais ils ne les mettent pas toujours au profit de notre île. »
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