Les choses sérieuses commencent le 13 janvier dans le secteur éducatif. Ce sera la grande rentrée des classes pour les élèves du primaire et du secondaire. Les acteurs de ce secteur souhaitent que des décisions soient prises pour améliorer ce secteur qui reste dynamique.
Un nouveau gouvernement. Un nouveau ministre de l’Éducation : le Dr Mahend Gungapersad. Les attentes sont grandes à tous les niveaux, en attendant les Assises de l’Éducation en avril 2025.
Primaire – Consultations
« Il est important d’accorder une grande importance au primaire et au préscolaire. L’éducation commence à la base », explique le président de la Government Teacher’s Union (GTU), Vishal Baujeet.
Il avance que le système éducatif évolue et accueille de nombreux changements. Il précise que « les dirigeants doivent proposer un plan moderne pour dynamiser le préscolaire, avec plus d’égalité entre les écoles. Car le primaire accueille des enfants avec divers niveaux. »
Pour le primaire, il est d’avis qu’il faut accorder plus d’attention aux enfants durant les premières années. Il demande que la formation des enseignants soit revue, parce que leur travail n’est pas facile. « Nous nous souhaitons que les enseignants travaillent dans un meilleur environnement. L’infrastructure et l’administration doivent être améliorées. Il est aussi temps de revoir le curriculum. Les conditions qui existent dans les écoles de la zone d’éducation prioritaire doivent être revues. »
En tant que président de la GTU, il souhaite que le Pay Research Bureau prenne en compte les conditions de travail de ces derniers. « Le travail que fait l’enseignant est difficile et il faut de meilleurs salaires. Nous attendons aussi l’alignement degré à degré, puisqu’il existe quatre cohortes qui ont déjà terminé leur cours de B.Ed. La GTU attend qu’il y ait plus de consultations et de discussions avec le nouveau ministre pour améliorer le système. L’environnement scolaire doit être actif et non passif. L’évolution dans l’éducation doit être dans l’intérêt des enfants. »
Abandon des élèves
Le pédagogue Ritesh Rao Poliah prévoit que l’année 2025 sera très difficile avec des changements imminents et drastiques apportés par le nouveau ministre de l’Éducation.
Toutefois, il souligne que notre système éducatif connaît plusieurs problèmes qui n’ont pas été abordés depuis des années. L’un d’entre eux est le taux d’abandon et d’échecs des élèves. « Je ne pense pas que nous ayons pris suffisamment de temps et de réflexions pour mettre en place des actions qui permettront de régler le problème des échecs des élèves. »
Ritesh Rao Poliah avance qu’il faudra se pencher en 2025 sur des problèmes : l’indiscipline dans les écoles et les cours particuliers, entre autres.
Refonte
Pour le président de la Government Secondary School Teachers' Union, Yugeshwur Kisto, 2025 doit être l’année d’une refonte de l’éducation secondaire. « La pandémie nous a montré les failles de notre système, et nous ne pouvons plus nous permettre des demi-mesures. Nous attendons du gouvernement un engagement financier conséquent et un calendrier précis de mise en œuvre. »
Révolution pédagogique
Notre système éducatif nécessite une transformation radicale de ses fondements pédagogiques. La mise en place du Foundation Programme in Literacy, Numeracy and Skills pour les élèves en difficulté ne peut plus attendre. Cette réforme doit s’accompagner d’une réduction significative du ratio élèves/enseignant. Il faut un maximum d’une vingtaine d'élèves par classe. C’est une condition essentielle pour un enseignement de qualité. L’intégration systématique des technologies numériques dans nos pratiques pédagogiques, couplée à une approche basée sur les projets concrets, permettra de développer les compétences.
Il est aussi temps de revoir le curriculum
Bien-être des éducateurs
La valorisation des enseignants passe impérativement par une révision des salaires. Celle-ci doit refléter l’importance de leur mission. Un programme national de soutien psychologique doit être déployé de toute urgence pour accompagner les éducateurs face aux défis croissants de leur profession. La bureaucratie excessive qui étouffe leur créativité et leur efficacité doit être réduite. La formation continue, bien qu’essentielle, doit être intégrée aux heures de service pour ne pas alourdir leur charge de travail.
Infrastructure et environnement
Les établissements doivent être modernisés pour faire face aux défis climatiques. La création de centres régionaux d’excellence pour les élèves en difficulté est une nécessité pour assurer une éducation équitable et adaptée. Toutes les salles de classe doivent être équipées de matériels technologiques standardisés et performants. Les établissements doivent également intégrer des espaces dédiés au bien-être des enseignants. Leur confort est important pour leur épanouissement professionnel.
Gouvernance et leadership
La transformation de la gouvernance scolaire est impérative, avec une autonomie accrue des établissements pour répondre aux besoins spécifiques de leurs communautés. Le modèle de leadership doit évoluer vers une approche collaborative, abandonnant définitivement les pratiques punitives contre-productives. Les enseignants doivent être activement impliqués dans les décisions éducatives. Le système d'évaluation doit être recentré sur le développement professionnel plutôt que sur le contrôle.
Les enseignants doivent être activement impliqués dans les décisions éducatives
Innovation et inclusion
L'éducation de demain exige des programmes véritablement personnalisés pour les élèves en difficulté, intégrant pleinement les compétences du 21e siècle dans le curriculum. Les filières professionnelles doivent être développées et valorisées, offrant des perspectives d'avenir attractives. Le soutien aux élèves à besoins spéciaux doit être considérablement renforcé, garantissant une éducation véritablement inclusive.
Santé mentale et bien-être
La présence de psychologues scolaires dans chaque établissement n'est plus une option mais une nécessité absolue. Un programme robuste de prévention du burnout doit être mis en place pour protéger nos enseignants. La pression excessive liée aux examens doit être réduite au profit d'évaluations plus équilibrées. Nos établissements doivent devenir des environnements d'apprentissage positifs, favorisant l'épanouissement de tous.
Rôle des recteurs et assistants-recteurs
En ce début d’année 2025, Harrish Reedoy, président de la United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU), insiste sur l'importance de valoriser les recteurs et assistants recteurs. « Ils jouent un rôle clé dans le façonnement de l’avenir académique, social et émotionnel des élèves et des communautés scolaires. Au cours de la dernière décennie, l’éducation à Maurice a été transformée par les avancées technologiques et les réformes curriculaires, rendant leur rôle plus complexe, mais porteur d'opportunités pour redéfinir l'excellence éducative. »
Le président appelle à une reconnaissance accrue de ces professionnels à travers des programmes de développement axés sur le leadership, la transition numérique et la gestion de la santé mentale. Il insiste sur la nécessité d'améliorer leurs conditions de travail, y compris des horaires flexibles, un soutien psychologique et des outils modernes. Une collaboration étroite entre les recteurs, les éducateurs et le ministère de l'Éducation est cruciale pour que leurs préoccupations soient prises en compte.
3 credits pour passer en Grade 12
L’ancien recteur Moganaden Pillay soutient l'initiative du ministre visant à élargir l'accès à l'éducation. Toutefois, il affirme qu'il est nécessaire de préciser les matières pour lesquelles les élèves doivent obtenir les trois credits pour la promotion. « Il faut une base solide dans des matières spécifiques directement liées aux domaines choisis pour pouvoir passer en Grade 12 », soutient-il. Selon lui, les élèves cherchant à poursuivre dans les sciences devraient avoir des credits dans des matières fondamentales telles que les mathématiques, la physique, la chimie ou la biologie. De même, ceux optant pour des études en sciences humaines ou en commerce devraient démontrer leur compétence dans des matières pertinentes comme la sociologie, l'économie et la comptabilité.
Moganaden Pillay propose ainsi de définir clairement les matières dans lesquelles il faut avoir les 3 credits en fonction de la filière d'études supérieures choisie par l'élève. Selon l’ancien recteur, il faut fournir des conseils académiques pour l’aider à comprendre l'importance de la pertinence des matières et le guider dans ses décisions. Moganaden Pillay insiste que des cours préparatoires ou de rattrapage devraient être dispensés aux élèves qui pourraient manquer de credits dans les matières essentielles afin de les aider à construire une base plus solide.
Ritesh Rao Poliah n’est pas contre la décision de permettre aux élèves avec 3 credits de passer en Grade 12. Mais il aurait préféré que le ministère de l’Éducation fasse une évaluation de l’impact et des risques de cette nouvelle mesure à Maurice dans les années à venir.
« Je constate personnellement que les nouveaux changements auront de lourds impacts sociaux et économiques négatifs à Maurice. Avec cette mesure, nous nous dirigeons directement vers un taux élevé de chômage des diplômés. Les étudiants se retrouveront avec un diplôme ou un degré, mais ne répondront pas à certains critères pour avoir un emploi. Par exemple, la PSC exige un minimum de 5 credits en une seule sitting pour pouvoir postuler pour un emploi. Même si le gouvernement modifie les critères de la PSC, ce sont les candidats les plus qualifiés qui seront convoqués à des entretiens. »
Selon lui, il a l’impression que le niveau d’éducation est abaissé et que cela encourage les élèves à ne travailler que pour obtenir 3 credits. « C’est un fait que notre pourcentage de réussite augmentera, mais ce sera une statistique avec des maquillages et ne reflétera pas la réalité. Un autre problème majeur qui doit être pris en considération est l’option de choix de matières disponibles dans nos collèges d’État pour nos élèves de Grade 12. C’est une réalité qu’après les résultats du SC, de nombreux élèves sont obligés de chercher des collèges privés en raison de l’indisponibilité des matières de leur choix dans leurs collèges publics respectifs. Ce problème nécessite une solution immédiate, en particulier pour les élèves n’ayant que 3 credits. »
Question à
Lindsay Thomas : « Nous avons foi en une éducation authentique »
À l'aube de 2025, le secteur éducatif accueille un nouveau ministre. Les attentes sont grandes pour une transformation profonde de l'éducation. Dans l’interview qui suit, Lindsay Thomas partage ses attentes et ses réflexions sur les défis à venir. La refonte du contenu pédagogique, l'adaptation des méthodes d'enseignement aux réalités des apprenants et la nécessité de réviser les modes d'évaluation sont autant de sujets abordés.
Le secteur éducatif à un nouveau ministre, en tant que pédagogue, qu'attendez-vous de ce ministère pour 2025 ?
L’heure du bilan est passée ou presque… La campagne électorale est derrière nous et les nouveaux décideurs politiques sont déjà bien en selle. Le nouveau titulaire au ministère de l’Éducation a déjà annoncé la couleur et son discours est porteur d’attentes de lendemains meilleurs. Nous avons foi en une éducation authentique, une éducation en symbiose avec les apprenants, leurs rêves et leur univers.
Qu'en est-il du contenu pédagogique ?
L’éducation authentique commence par la détermination d’un corpus de connaissances et de compétences pertinentes aux besoins actuels et à venir des apprenants dans un monde ou l’incertitude et la volatilité technologique, économique, sociétale et géopolitique règnent en maîtres. Un contenu « authentique » est vital si nous voulons susciter l’adhésion des apprenants à l’école à son mode opératoire, ses règles et règlements. Y consacrer du temps et de l’énergie ne sera, certes pas une sinécure, mais marquera le début de la réinvention du système. Le contenu authentique ne s’impose pas d’emblée, mais requiert une écoute attentive et empathique de tous les partenaires de l’éducation nationale. Les assises de l’éducation nationale tant attendues seront, a n’en point douter, salutaires.
Il est évident qu’une pédagogie obsolète qui fait fi de la réalité des apprenants est vouée à l’échec – il appartiendra donc aux théoriciens et praticiens de repenser et reconstituer leurs boîtes à outils pédagogiques. Observant mes petits neveux et nièces devant leurs jouets de Noël, je me suis dit que le pédagogue d’expérience que je croyais être appartient déjà à la préhistoire s’il continue à différer son entrée « authentique » dans leur monde.
Les réformateurs de la pédagogie doivent sonder les âmes des apprenants, là où germent et fleurissent déjà la conscience du bien et du mal, comprendre leur biologie, leur psychologie et leur sociologie. Ils doivent décoder leurs gestes, mots, tendances et comportements. Nous devons nous défaire de notre costume de censeurs et de donneurs de leçons et assumer pleinement notre rôle de concepteurs de pédagogies innovantes parce qu’authentiques et savoir et accepter de nous mettre en retrait au fur et à mesure que croissent nos apprenants. Il faut tout simplement, apprendre à nos élèves à se passer de nous…
Les réformateurs de la pédagogie doivent sonder les âmes
Selon vous faut-il repenser les modes d'évaluation ?
Les modes d’évaluation, la pomme de discorde. Il faudra que tous les acteurs du monde de l’éducation acceptent un changement de paradigme autant qu’un changement de cœur. Et dire qu’Abraham Maslow et ses semblables n’ont eu de cesse de nous marteler la pertinence de la hiérarchie des besoins de l’homo sapiens. Ce n’est que graduellement, péniblement mais avec un enthousiasme grandissant que les besoins évoluent du physiologique à l’accomplissement, en passant par la recherche de la sécurité, de la socialisation féconde et de l’estime de soi. L’on peut difficilement échapper à la reconnaissance et la validation des acquis, mais faisons-nous une raison, l’évaluation sommative, qui a la dent dure, répond de moins en moins aux exigences d’un monde sujet à des mutations multifactorielles. Ne jouons pas aux apprentis-sorciers, mais osons sortir des sentiers battus et explorons, expérimentons les meilleures pratiques en cours dans le monde, en les mettant au diapason de notre réalité et pourquoi ne pas craquer de l’intérieur comme le proposait le pédagogue Brian Pitchen, que l’actuel ministre de l’Éducation a associé à sa démarche de réinvention éducative. Les acquis éducatifs sont de nature multiples et variées et leur pertinence ne saurait se soumettre qu’à l’inexorable machine à broyer que peut être l’évaluation sommative. Sans sombrer dans un misérabilisme de mauvais aloi, il est essentiel de ne pas perdre de vue que ce sont des personnes que l’on évalue.
Attentes des enseignants
Le président de l'Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), Arvind Bhojun, estime qu'en 2025, notre système éducatif entamera une nouvelle ère, marquée par des stratégies novatrices, des programmes enrichis, de nouvelles opportunités et des défis à surmonter. Pour la première fois, tous les acteurs seront réunis pour faire face à ces changements. « Le ministre a jusqu'à présent réussi à rassembler tous les partenaires du système éducatif en ouvrant les canaux de communication. Avec cet état d'esprit, tous les partenaires chercheront les meilleures solutions pour toutes les lacunes et les défis auxquels nous avons été confrontés jusqu'à présent lors des Assises de l'éducation. »
CE QUI CHANGENT EN 2025
- Introduction d’un Student Progress Card, pour suivre les étapes de l’élève du préprimaire au secondaire et faire un suivi adéquat.
- Diverses options s’offrent aux candidats qui prennent le Primary School Achievement Certificate (PSAC). Ceux qui réussissent passent en Grade 7 dans un collège public ou privé.
- Les élèves échouant jusqu'à trois matières peuvent les repasser. En cas de succès aux examens de rattrapage, ils intègrent la classe de Grade 7 l'année suivante.
- Les élèves n'ayant pas satisfait aux exigences du PSAC pourront redoubler le Grade 6 en 2025 dans leurs écoles respectives. Ils bénéficieront de cours de remédiation dispensés par des éducateurs formés, avant de passer l’évaluation du PSAC à la fin de l'année 2025.
- Le Foundation Programme in Literacy, Numeracy and Skills remplacera l’Extended Programme dès la rentrée 2025. Ce programme, d’une durée de 3 ans, sera offert dans les collèges privés et publics et reposera sur une évaluation continue, sans examen. Les élèves auront accès aux centres du Mauritius Institute of Training and Development (MITD). Il est destiné aux élèves ayant échoué au PSAC. Une formation pour les enseignants concernés se tiendra du 6 au 8 janvier 2025.
- À partir de janvier 2025, l’utilisation du portable dans les collèges ne sera pas autorisée. Il pourra être utilisé dans des cas précis. Il sera demandé aux enseignants de donner l’exemple.
- Mise en place du critère de 3 Credits pour accéder en Grade 12, dès l’annonce des résultats de la cuvée du School Certificate (SC) cuvée 2024.
- Afin de pallier le manque d’enseignants, un diplômé pourra enseigner dans les collèges et poursuivre ensuite ses études pour l’obtention d’un Post Graduate Certificate in Education, (PGCE).
Calendrier scolaire 2025
1er trimestre
• Admissions pour les Grades 1, 7 et 10 dans les académies : vendredi 10 janvier
• Lundi 13 janvier au vendredi 11 avril
2e trimestre
• Lundi 28 avril au vendredi 18 juillet
3e trimestre
• Primaire : Lundi 18 août au vendredi 7 novembre
• Secondaire : Lundi 11 août au vendredi 31 octobre
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !