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Les événements marquants de la vie d’Emmanuel Richon

2017 marque les dix ans d’Emmanuel Richon au poste de conservateur du Blue Penny Museum. Ce Parisien naturalisé Mauricien contribue, du mieux qu’il peut, à la promotion et à la préservation de la culture. Il nous livre les moments importants cumulés durant 58 ans.

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Sa grand-mère, son premier amour

Pour Emmanuel Richon, sa grand-mère est son premier amour. Elle s’appelait Nelly Chouillou et était une descendante des colons d’Algérie. « Le rapport grand-parental est différent du rapport parental. Les parents vous tracent déjà une voie et vous voient réussir dans divers domaines.

Mais les grands-parents se comportent différemment. Ils n’exigent rien de vous et mettent moins de pression sur votre réussite ou votre parcours scolaire.

Ils relativisent l’importance de ces données et s’investissent beaucoup plus dans la relation elle-même. Du coup, ils paraissent plus désintéressés et plus disponibles », explique-t-il.

Enfance

Bébé Emmanuel et son père, qui était directeur général de la compagnie d’aviation UTA (Union de transports aériens) en 1960. C’est, d’ailleurs, grâce à son père qu’il a pratiquement fait le tour du monde et découvert Maurice.

Prisonnier d’une maladie

À 11 ans, Emmanuel contracte le rhumatisme articulaire aigu. « Cette maladie est aussi répandue chez les enfants. Peu de gens le savent, surtout à Maurice. J’ai vécu avec pendant trois ans. Le rhumatisme articulaire aigu a chamboulé ma vie », dit-il. Il pouvait à peine bouger et le traitement sous cortisone a provoqué une prise de poids. Pendant deux ans, il a dû suivre des cours par correspondance du centre national de télé-enseignement, qui s’appelait alors le Lycée par correspondance.

Du service militaire au musée

En 1982, Emmanuel Richon se trouve dans l’obligation de faire son service militaire. Si le jeune homme refuse, il risque deux ans de prison. « Je trouvais qu’il n’était pas nécessaire d’être dans l’armée pour servir son pays. De ce fait, j’ai choisi le statut d’objecteur de conscience. Cela me permettait d’effectuer un service alternatif dans une forêt », relate-t-il. Au même moment, il apprend que des matelots servaient dans le Musée de Marine à Paris. Emmanuel, qui a remporté de nombreux prix pour ses maquettes de bateaux, s’intéresse de près au musée. Il obtient le feu vert afin d’y effectuer son service. Au musée, il découvre le métier de restaurateur de tableaux. Graduellement, il découvre les arts, les rôles des musées, ainsi que l’univers de la restauration. Il y rencontre même son prédécesseur, M. Collemine. « Il portait bien son nom, car il utilisait de la colle et des mines de crayon », dit-il avec le sourire. Il trouve sa voie dans le Musée de Marine. Pourtant, il a étudié les sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Paris. Il faisait partie de la promotion de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy.

Mai 68

Emmanuel n’a que neuf ans quand Paris est secoué par la révolte des étudiants. Il regrette de ne pas avoir été au cœur des événements. « Mai 68 est un événement collectif qui m’a marqué. Justement parce que je l’ai vécu sans le vivre. J’étais frustré de ne pas faire partie de cette remise en question. Mes sœurs aînées et leurs petits amis en parlaient à la maison, nous étions assez grands pour comprendre, mais trop petits pour participer », confie-t-il. Sur la photo, on voit la famille Richon au complet en 1965. Emmanuel est le seul fils.

S’installer à Maurice

En 1995, le couple Richon décide de s’installer à La Réunion, première porte vers Maurice. Emmanuel travaille pendant deux ans dans l’enseignement avant de s’établir définitivement à Maurice. Il s’embarque alors dans une mission de coopération et de muséologie avec le ministère mauricien des Arts et de la Culture jusqu’en 2001. « Plusieurs raisons m’ont motivé à prendre la porte de sortie. Les musées publics à Maurice souffrent. Depuis plusieurs années, j’ai noté un manque de volonté de la part de l’État d’offrir ses lettres de noblesse aux musées », confie-t-il. En septembre 2007, Philippe A. Forget, Chairperson du Blue Penny Museum, approche Emmanuel Richon pour le poste de conservateur. Il accepte. « Ici, c’est très différent. Je rends, certes, des comptes à la direction, mais je suis libre de prendre des initiatives et de réaliser des projets. J’ai organisé des expositions autour des thèmes mauriciens tels que les bonnets de prière. Il y a aussi eu le “goni” et le sari. Ces initiatives comportent des risques, mais il faut les assumer. Qui ne tente rien n’a rien », indique-t-il. Il fait aussi partie du conseil d’administration de la National Art Gallery.

Sa rencontre avec Vimala

De gauche à droite, Emmanuel Richon accompagné de sa fille aînée, son épouse Vimala et de sa mère tenant son fils dans ses bras en 2002. Notre interlocuteur fait la rencontre d’une Mauricienne, Vimala, en 1985, en France. Ils se voient régulièrement. Deux ans plus tard, les amoureux convolent en justes noces. Ils ont deux enfants. Leur fille est aujourd’hui âgée de 25 ans et leur fils a 15 ans. En 2012, Emmanuel perd son épouse à la suite d’une longue maladie. « Elle était toute ma vie », dit-il ému.

Les projets à venir

Emmanuel Richon ne cessera de nous étonner en 2017. Le conservateur voit déjà la tenue de certaines expositions, dont Afrikart, en avril. Plusieurs artistes de pays d’Afrique, notamment Nigéria, Bénin et Congo, exposeront leurs œuvres. Puis, la faune endémique fera l’objet d’une exposition d’art contemporain à Maurice. En septembre, le Blue Penny Museum célébra les 150 ans de la disparition du poète français Charles Baudelaire. Des expositions, conférences et publications sont prévues. Un concept lumineux dominera le mois de décembre. En effet, Emmanuel Richon propose des Mini Maurice ou Moris dan la main. Des maquettes de monuments de Maurice contenant de la lumière seront exposées sur plusieurs jours. « Nous avons déjà organisé deux nocturnes et la dernière a eu lieu en 2010. Nous avions accueilli pas moins de 500 visiteurs sur deux jours. Cette fois-ci, elle se tiendra plus longtemps », annonce-t-il.

 

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