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Kaviraj Sukon, de l’Open University of Mauritius : «Que Maurice soit pour l’Afrique ce qu’est l’Angleterre pour le monde»

Kaviraj Sukon

Le directeur de l’Open University of Mauritius, Kaviraj Sukon, fait un état des lieux du secteur. Pour créer le Mauritian Brand pour l’éducation, il faut persister avec une stratégie africaine et attirer plus d’universités privées de qualité.

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« Le pays n’a pas besoin d’opérateurs bidons qui viennent entacher son image. »

Le Premier ministre a annoncé que les universités publiques seraient toutes gratuites pour la rentrée 2019. Votre réaction ?
Le Premier ministre a dit qu’il faut plus de gens compétents et qualifiés. Je trouve cela correct. Si le pays peut se le permettre, pourquoi pas ? Du point de vue des universités, il faut mieux comprendre la formule qui sera appliquée. Chose qu’on ne sait pas pour l’instant. J’espère que cela aura l’effet que cela a eu au niveau des collèges secondaires.

Quels sont les objectifs pour l’Open University en 2019 ?
On est en train de développer de nouveaux programmes avec l’Imperial college, notamment un cours de Hospital Management.

Pourquoi ce cours ?
On veut former des gens qui gèrent des hôpitaux à Maurice ou en Afrique, mais également les Nursing Officers, responsables de départements et unités. Ce sont des gens qui doivent gérer le personnel et l’hôpital. On pense qu’il y a un manque dans ce domaine. D’où ce nouveau programme.

Y a-t-il une demande suffisante ?
Oui. On ne vise pas que les CEO des hôpitaux. Il y a plusieurs départements et aussi des personnes qui ont des responsabilités dans les hôpitaux. Ils gravissent les échelons dans les filières médicales sans aucune notion de management. Je ne dis pas qu’ils ne font pas bien leur travail, cependant, il leur manque cette formation.

Vous allez refaire vos studios. Pourquoi ?
On a des cours en Communication et Graphic Design où les étudiants utilisent nos studios. Ils doivent pouvoir utiliser les équipements, les caméras, etc… Puis, on a le Student Support Programme (NdLR : des matériaux pédagogiques comme des vidéos accessibles gratuitement en ligne) du ministère de l’Éducation. L’année prochaine, on produira des vidéos pour le Grade 9 et on va utiliser ces studios pour cela. Les vidéos toucheront toutes les matières. Mais, on les utilisera pour les cours à distance.

Ce qu’on va faire de nouveau, c’est lancer un Massive Open Online Course (MOOC) sur le Sustainable Business qui va être offert à tout le monde, à travers le monde, avec la collaboration du Commonwealth of Learning.

Dites-nous plus ...
C’est un cours en ligne gratuit que n’importe qui à travers le monde peut suivre et obtenir son certificat. On aura aussi le soutien d’experts étrangers déjà identifiés. D’ici juin, on pense pouvoir le faire pour tout le monde.

À quoi cela sert de donner des cours gratuits ?
D’une part, cela sert à faire connaître l’Open University et d’autre part, cela fait partie d’un programme de CSR pour donner des cours gratuits en Sustainable Business. On enseigne comment on peut faire du business autrement. Nous avons déjà un module sur le sujet dans notre MBA.

Faire du business autrement, qu’est-ce que cela implique au juste ?
Le faire sans porter atteinte à la nature. On enseigne que ce n’est pas que le profit qui compte mais qu’il faut aussi s’assurer qu’on ne détruise pas l’environnement et le climat.

Qu’en est-il de votre stratégie africaine ?
Cela a été au ralenti. On espère bien reprendre tout cela.

Qu’est-ce qui a cloché ?
On n’a pu mettre sur place notre centre en Ouganda comme prévu. Mais, nous avons désormais un expert, un professeur de marketing de l’UNISA, qui a développé notre stratégie marketing pour tout le marché africain. C’était la pièce manquante.

Quand comptez-vous déployer cette stratégie ?
Dès 2019, nous espérons.

Quelles sont les grandes lignes de cette stratégie ?
Pour commencer, nous visons l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya. Au courant de cette année, on a envoyé des gens au Rwanda pour récolter des informations. Par la suite, on ajoutera le Rwanda à la liste. Il y a des discussions avec les partenaires, les homonymes de la Tertiary Education Commission (TEC), les universités où on organise les examens pour nos étudiants qui sont en Afrique…

Vous comptez combien d’étudiants africains ?
Environ 200.

Et c’est quoi l’objectif ?
500 par an avec une croissance annuelle d’environ 50 % si on implémente notre stratégie. Les Open Universities ont beaucoup d’étudiants. L’UNISA en compte 350 000, l’Open University UK : 200 000 et l’Indira Gandhi National Open University : 4 millions.

Quelle évaluation faites-vous du projet de l’Education Hub ?
On avance. Je ne vois pas les autres institutions comme des compétiteurs. Il faut que Maurice devienne pour l’Afrique ce que l’Angleterre est pour le monde. L’Africain de classe moyenne doit penser à Maurice comme une option pour ses études. Une grande majorité veulent étudier à l’étranger mais n’ont pas les moyens d’aller en Angleterre, en Australie ou au Canada. Il faut qu’on développe le Mauritian Brand. L’Angleterre et l’Australie ont un brand. Il faut le créer pour l’éducation mauricienne. Il faut encore plus d’acteurs. L’essentiel est de bien réglementer et suivre les principes de quality assurance. Le pays n’a pas besoin d’opérateurs bidons qui viennent entacher son image.

Que peut offrir Maurice pour attirer les institutions de qualité ?
Il y a la catégorie des universités de très haute facture comme Imperial, Harvard, Cambridge, Oxford et MIT… Au Qatar et à Singapour, on leur donne beaucoup d’argent. À Maurice, on ne peut pas se le permettre. Notre atout, c’est la stabilité. Si un parent décide d’envoyer ses enfants à Maurice, il va se sentir en sécurité. Et puis, l’Afrique n’est pas loin. Nous avons les hubs de Dubaï, d’Éthiopie et de Johannesburg. On peut se déplacer facilement.

Quel sera l’impact de la transformation de la TEC en Higher Education Commission ?
C’est important parce que la TEC est à la fois le régulateur et assure la quality assurance. C’est une bonne chose qu’on sépare les deux. On n’a pas les détails du fonctionnement de la Higher Education Commission et la Quality Assurance Agency.

Et pourquoi la mise sur pied tarde ?
Je n’ai pas les renseignements à ce sujet.

Quel est le rôle des universités publiques face à l’émergence des compétiteurs privés ?
Plus il y a des universités de renom, plus les universités publiques doivent revoir ce qu’elles sont en train de faire. On révise nos cours régulièrement avec nos partenaires pour voir si on est toujours relevant. Sinon, tôt ou tard, vous êtes hors-course. Quelqu’un en Afrique qui veut un diplôme de Curtin peut venir s’inscrire au Charles Telfair. Et s’il n’a pas les moyens, il y a toujours l’Université de Maurice, s’il ne peut toujours pas, il peut suivre les cours de chez lui en s’inscrivant chez nous à distance… Il faut attirer encore plus d’universités de qualité.

Dans ce contexte, quel est le rôle de l’Open University par rapport à ce que propose déjà l’Université de Maurice ?
Comme je vous l’ai dit, on est complémentaire. On est different. Même les méthodes d’enseignement sont différentes. On n’a pas nécessairement les mêmes étudiants non plus. On vise ceux qui ne peuvent pas se déplacer, ceux qui ne peuvent être à l’université de 9 heures à 16 heures. Le dernier rapport de la TEC montre que l’Open University est la seule à connaître une croissance sur les six dernières années. Les autres universités sont en chute.

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