De 686 cas en 2015, le nombre de personnes atteintes de syphilis à Maurice a dépassé le cap d’un millier en 2016. La situation devrait interpeller la population, estime le Dr Karishma Babajee-Deenoo, dermatologue au Wellkin Hospital de Moka.
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« La pratique sexuelle des jeunes, en particulier, est à revoir. Il faudrait davantage de campagnes de sensibilisation dans ce sens »
Selon le Dr Karishma Babajee-Deenoo, c’est une sexualité débridée qui est responsable de cette situation. Toutefois, cette tendance à la hausse est mondiale. « La pratique sexuelle des jeunes, en particulier, est à revoir. Il faudrait davantage de campagnes de sensibilisation dans ce sens », dit-elle. Elle affirme que de nombreux jeunes ne sont pas au courant des dangers que représentent les maladies sexuellement transmissibles (MST).
En outre, les patients ayant une baisse d’immunité due à des maladies telles que le VIH/Sida sont plus susceptibles d’attraper la syphilis, explique la dermatologue.
Étant une MST, la syphilis peut être prévenue. Parmi les mesures préventives possibles : l’abstinence ou encore l’utilisation du préservatif. Il est aussi recommandé de s’assurer que son partenaire n’est pas atteint de la maladie avant d’avoir des relations sexuelles avec lui/elle. La fidélité joue un grand rôle dans la prévention de cette maladie, car en ayant le même partenaire sexuel, le risque d’attraper la maladie est moindre.
Signes
La syphilis compte plusieurs stades d’évolution : primaire, secondaire, latent et tertiaire. Au stade primaire, elle se présente comme un chancre, qui est une plaie sur la peau. Dans la majeure partie des cas, c’est une seule, mais il peut y avoir plusieurs plaies sur les parties génitales de la femme ou de l’homme. Cela est asymptomatique et ne présente aucune douleur ou démangeaison. La peau est sèche et il n’y a qu’une petite lésion. C’est ce qui explique qu’à ce stade de la maladie, elle peut passer totalement inaperçue. Seuls un examen médical et une analyse peuvent déterminer qu’il s’agit de la syphilis, explique le Dr Babajee-Deenoo.
Si la maladie n’est pas traitée au stade primaire, elle évolue vers le stade secondaire avec des rougeurs, des boutons ou des petites ampoules sur le corps et particulièrement sur la paume des mains et le des pieds. Il peut former des petites écailles autour de ces lésions ou encore des ulcères, dans des cas plus rares, précise-t-elle.
« Des fois, on dit que la syphilis est un grand imitateur, car elle imite les symptômes d’autres maladies »
Divers stades
« Des fois, on dit que la syphilis est un grand imitateur, car elle imite les symptômes d’autres maladies », ajoute la dermatologue. Ainsi, un patient se présentant avec ces différents symptômes sur le corps et qui n’a pu trouver sa guérison, en dépit des différents traitements, devrait faire un test pour vérifier qu’il n’est pas atteint de syphilis. La maladie étant encore un sujet tabou, de nombreuses personnes refusent de dire comment ils ont pu avoir ces éruptions cutanées, explique le Dr Babajee-Deenoo. Ce qui fait qu’ils n’ont pas le traitement approprié.
Passé le stade secondaire, la maladie évolue vers le stade latent, qui peut durer de nombreuses années, ajoute la dermatologue, car ne présentant aucun symptôme. Le patient demeure hautement contagieux et peut transmettre la maladie à d’autres personnes à travers la relation sexuelle. Et au stade tertiaire, si le malade n’a toujours pas eu les traitements adéquats, il peut avoir de graves complications.
« Le patient peut avoir des bosses sur le corps, dans les os ou le foie ; être atteint de neuro-syphilis ou encore avoir des problèmes cardiaques. » Les deux dernières complications peuvent être fatales à cause de la formation d’anévrismes et de paralysies, entre autres. Elles surviennent uniquement si le patient n’a pas eu les traitements nécessaires aux différents stades de la maladie, précise le Dr Deenoo.
Situation inquiétante
Même si c’est la syphilis primaire qui est le plus répandu à Maurice, cette maladie ne devrait pas être banalisée explique-t-elle. Et, compte tenu de la tendance à la hausse de la maladie, la situation est inquiétante, selon elle. Il faudrait ainsi prendre davantage de précautions et mener des campagnes de sensibilisation sur cette maladie.
Elle rassure également en expliquant que la syphilis peut être traitée avec des antibiotiques, mais des tests sanguins devraient être effectués régulièrement, car il y a le risque de récidive, si on ne change pas son mode de vie sexuelle. Cela peut survenir également si les antibiotiques n’ont pas donné les résultats probants une première fois. Les analyses doivent alors être effectuées chaque trois à six mois, dépendant des patients, fait ressortir le Dr Babajee-Deenoo.
Médecin généraliste ou dermatologue
Dans le service privé, un patient a le choix entre consulter un médecin généraliste ou un dermatologue à l’apparition des signes de la syphilis. Mais dans le service public, ce sont les médecins généralistes qui interviennent en premier, avant que le cas ne soit référé au service de dermatologie de l’établissement hospitalier.
La syphilis concerne le domaine de la dermatologue, en raison des lésions cutanées sur les organes génitaux que provoque la maladie et que les crèmes ne peuvent guérir. Il intervient particulièrement au stade primaire et secondaire de la maladie.
Le dermatologue intervient également dans d’autres cas de maladies vénériennes, dont les causes peuvent être virales ou bactériennes. Parmi, il y a l’herpès et la gonorrhée.
Syphilis
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Source : Health Statistics Report 2016 du ministère de la Santé
La syphilis est une infection sexuellement transmissible (IST). Elle est causée par une bactérie, la Treponema pallidum, et comprend plusieurs stages : primaire, secondaire, latent et tertiaire. Outre la transmission sexuelle, elle peut aussi se transmettre à travers des injections ou encore de mère à enfant (syphilis congénitale), si la maman est atteinte de la maladie alors qu’elle est enceinte.
La femme enceinte peut perdre son enfant pendant la grossesse ou celui-ci peut avoir des complications de santé. La syphilis peut aussi se transmettre, dans de rares cas, par la transfusion sanguine. L’origine de la maladie n’est pas connue jusqu’à présent.
Les personnes qui ont une baisse d’immunité, comme celles atteintes du Sida ou encore de l’hépatite C, sont parmi les plus vulnérables, tout comme les jeunes qui n’ont pas une vie sexuelle responsable.
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