Jumelles pour la vie : un lien au-delà du temps

• Deux générations, deux histoires, une même complicité indestructible

Nées à 46 ans d’écart, Amar et Jyoti, puis Tessa et Tessy, partagent une complicité unique, un lien d’une puissance bouleversante. C’est comme si la gémellité transcendait l’âge, les kilomètres, les mariages ou les différences physiques. Rencontre avec deux paires de jumelles qui nous livrent leurs histoires, intimes et fusionnelles.

Elles sont venues au monde le 21 novembre 1957, à seulement cinq minutes d’intervalle. D’abord Amar Kalachand, puis Jyoti Mirchandani. À l’époque, leurs parents, commerçants, ont déjà sept enfants. Deux de plus ? Une joie inespérée. « Ma mère disait toujours que notre naissance avait illuminé la maison. Elle nous avait surnommées ses deux rayons de soleil », se souvient Amar, aujourd’hui âgée de 67 ans.

Presque sept décennies plus tard, le lien est intact, même si aujourd’hui, Jyoti vit, elle, aux États-Unis et qu’Amar habite elle à Floréal. Elles vivent chaque jour comme elles ont vécu leur enfance, unies naturellement. C’est ce que nous confirme Jyoti : « La séparation physique est difficile pour nous. Même avec WhatsApp, en s’appelant trois fois par jour, ça ne suffit pas. Il faut qu’on sente l’autre près de soi ».

Elles se comprennent sans un mot, partagent leurs douleurs et s’habillent souvent de façon assortie sans se concerter. Amar confie : « Ça nous fait rire, mais ce n’est pas volontaire. On est juste sur la même longueur d’onde ». Cette complicité a résisté au mariage, à la maternité, à la distance. En outre, l’âge ne semble pas émousser leur lien, bien au contraire, il le renforce. « Plus le temps passe, plus on comprend à quel point on est chanceuses. On a eu une vie pleine de rebondissements, mais toujours, l’autre est là », dit Jyoti.

Les deux jumelles partagent un autre point commun : leur passion pour les animaux. Depuis l’enfance, Amar et Jyoti ont toujours eu un chien. Aujourd’hui encore, elles consacrent une partie de leurs journées à leurs compagnons à quatre pattes. « Nos chiens sont nos confidents. Ils sentent quand on ne va pas bien, un peu comme nous, entre sœurs », explique Amar. Elles les promènent ensemble, leur parlent, les cajolent. Toutes deux affirment que l’amour inconditionnel des animaux reflète leur propre lien : pur, sans jugement, instinctif.

Et puis… Tessy et Tessa

Cette complicité, Tessy et Tessa Joseph la vivent également au quotidien. Nées en 2003 dans une maternité de Quatre-Bornes, ces jumelles dizygotes — aussi appelées fausses jumelles — ont poussé leur premier cri à seulement trois minutes d’écart.  

Certes, contrairement à Amar et Jyoti, elles ne se ressemblent pas physiquement, mais qu’importe. Leur ressemblance se trouve ailleurs : dans leur rire identique, leur manière de bouger, leur regard tendre posé l’une sur l’autre. « Quand on nous voit, les gens ne croient pas qu’on est jumelles. Mais ceux qui nous connaissent savent qu’on ne peut pas vivre l’une sans l’autre », confie Tessa.

Âgées de 21 ans, elles vivent toujours à Quatre-Bornes, chez leurs parents. Étudiantes, passionnées de musique, de mode et d’animaux, elles sont littéralement collées l’une à l’autre. « On s’appelle toutes les deux ou trois heures, même si on est dans la même maison », dit, en rigolant, Tessy. Elle ajoute : « On a besoin de savoir ce que fait l’autre, comme elle a mangé, si elle est triste, entre autres. C’est vital ».

Elles s’habillent souvent de la même façon, pas par mimétisme forcé, mais par goût sincère. « On aime les mêmes couleurs, marques et chaussures. C’est comme ça depuis toujours », précise Tessa. Elles sortent toujours ensemble, l’une ne va jamais sans l’autre.

Gémellité, identité, liberté

Meilleures amies et confidentes sans filtre, elles assument aussi pleinement leurs différences. « Oui, on est pareilles, mais chacune a son caractère bien trempé. On est souriantes, sociables, mais si quelque chose ne va pas, on le dit et on se soutient à 100 % », confie Tessy. Tessa poursuit : « On se dispute très rarement. On sait tout de suite ce que l’autre ressent, alors pourquoi se fâcher ? Ainsi, on préfère se parler franchement ».

Elles n’ont pas encore envisagé de se marier, mais précisent que si cela arrivait un jour, leur priorité restera de rester proches. « Je ne me vois pas habiter ailleurs, loin d’elle. Même si je devais partir à l’étranger, il faudrait qu’elle vienne », dit Tessy.

Deux générations, un même lien

D’un côté, Amar et Jyoti et de l’autre Tessy et Tessa. Deux générations, une même vérité : être jumelle, c’est vivre à travers un miroir complice. À l’heure des liens fragiles, elles incarnent une présence fidèle, un amour sans faille.

Leur ressemblance n’est pas qu’un détail, mais une façon d’exister, d’aimer, de partager.

Amar et Jyoti concluent avec cette phrase magnifique : « Nous sommes comme deux gouttes d’eau dans un même océan. Ensemble, on est fortes, mais séparées, on flotte sans boussole ».  Tessy et Tessa, elles, sourient et affirment, pleines d’espoir : « On veut que notre lien dure toute la vie. Jusqu’à 80 ans, on sera là l’une pour l’autre ».

Au final, être jumelles, c’est pour la vie. 

Ajagen Koomalen Rungen et Azeem Khodabux