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Judex Rampaul, président du Syndicat des pêcheurs: «Le développement se fait souvent au détriment des lois naturelles»

Famille très connue à Bain-des-dames, les Rampaul sont pêcheurs de père en fils. Aujourd’hui, c’est Judex qui a pris la relève. Ses enfants pourront-ils prendre le chemin de la mer demain ? «Très peu probable, dit-il, avec les poissons qui fuient de plus en plus le lagon face à l’avancée de la pollution marine.» Lundi, sur la plage de Bain-des-dames. Judex scrute l’horizon. « Pendant combien de temps encore cette mer pourra-t-elle nous nourrir ? », se demande-t-il. Dans le passé, poursuit-il, le lagon pullulait de poissons de tous genres, mais aujourd’hui, ils sont de plus en plus rares. Pour lui, la cause principale de cette désertion des poissons du lagon est la pollution marine. « Aussi paradoxal soit-il, notre malheur coïncide avec le développement du pays ». Il précise qu’il n’est pas contre le développement mais contre certaines pratiques qui portent atteinte à la biodiversité marine. « C’est un fait établi que nous sommes les premières victimes d’un développement qui se fait au détriment des lois naturelles », dit-il. Il cite notamment le déversement des effluents industriels dans la mer, les activités touristiques qui forcent les poissons à immigrer ailleurs, le remplissage d’une partie du lagon dans la région portuaire. « Il y a un conflit permanent entre les pêcheurs qui s’appuient sur les lois naturelles pour défendre la mer et les experts qui se fient sur leurs données scientifiques pour nous contredire », se plaint-il. Malheureusement, dit-il, ce sont toujours les pêcheurs qui sont perdants dans ce conflit, car les intérêts économiques passent avant tout.

Plus des bigorneaux et autres crustacées

Il avance qu’aujourd’hui certains appâts, éléments essentiels pour la pêche, ont disparu de certaines régions côtières, ce qui complique davantage la vie des pêcheurs. Il se plaint qu’on ne trouve plus des bigorneaux et autres crustacées et certaines espèces de poissons. Et avance que le ‘gueule pavé’ serait en voie de disparition dans nos lagons. « Que léguerons-nous demain à nos enfants ? », se demande-t-il. Il explique que dans le passé, une équipe de trois pêcheurs pouvait facilement prendre jusqu’à 150 kg de poisson par jour, mais qu’aujourd’hui, leurs prises ont chuté par plus de 60 %. Face à cette situation, il avance que le gouvernement doit encourager davantage la jeune génération à la pêche hauturière. Brossant un tableau de sa carrière, Judex Rampaul avance qu’au début, il travaillait comme mécanicien. C’est après son mariage qu’il décide de se lancer à plein-temps dans les activités de la mer. À cette époque, se souvient-il, la pêche était rentable. En 1990, il fait un emprunt pour l’achat d’une pirogue de 22 pieds pour se lancer dans la pêche sur les radeaux, initiée à l’époque par des Français. Il s’est ensuite engagé sur un bateau de pêche pour participer à des campagnes, notamment à St Brandon. Sept ans après, il se met à son propre compte, avec la pêche à la ligne. Le métier de pêcheur, explique-t-il, exige beaucoup de patience et de sacrifices. Souvent, il passe toute une nuit en mer pour rentrer tôt le matin avec sa prise de poissons. On y trouve des rougets, des cateaux, des cordonniers et des empereurs. À 56 ans, il continue à défendre les intérêts des pêcheurs. Il est le président du Syndicat des pêcheurs.
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