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Roumila Maunick: Madame la capitaine mène son monde à bon port

Dans le village de Deux-Frères, au sud-est de l’île, Roumila Maunick ne passe pas inaperçue. C’est la seule femme skipper de la localité. Ce sont les aléas de la vie qui l’ont poussée à gagner sa vie de cette façon. Parcours d’une battante passionnée par son travail. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10379","attributes":{"class":"media-image alignright size-full wp-image-18099","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"589","alt":"Roumila Maunick"}}]]Depuis plus de cinq ans, cette femme de 48 ans est aux commandes du ferry-boat entre Deux-Frères et Grande-Rivière-Sud-Est tous les jours. De six heures à 18 heures, elle assure la liaison entre ces deux villages qui se font face. C’est avec un sourire rayonnant que cette mère de trois enfants âgés de 23, 22 et 19 ans accueille ses clients. Elle transporte la plupart du temps des écoliers accompagnés de leurs parents ou des employés d’hôtels et des ouvriers. « Il n’y a pas d’école primaire ni de dispensaire à Deux-Frères, explique la batelière. Les villageois doivent donc faire la traversée pour avoir accès à ces facilités à Grande-Rivière-Sud-Est. » Bien qu’il y ait une route reliant ces deux localités, les habitants préfèrent le bateau. « Li pli rapide. Dan sink a dis minit, ou fini ariv lot kote. Si pran bis, bizin al sanz transpor », ajoute-t-elle. Qui plus est, le service du ferry-boat est gratuit, puisque subventionné par l’État. « Sel plas dan Moris kot fer sa navet la et c’est moi, le seul skipper à faire le trajet quotidiennement », dit-elle fièrement.

Parcours

Roumila raconte comment elle s’est jetée à l’eau. « Avant de mourir, mon mari, Raj, avait acheté le bateau, que j’ai baptisé Luv. Il voulait devenir skipper et prendre des clients pour les emmener à la cascade et à l’île-aux-cerfs. Il n’a jamais pu le faire. » Femme au foyer, Roumila Maunick, a dû alors trouver un emploi pour élever ses deux fils et sa fille, prénommés Akshaye, Luv et Anisha. C’est Luv, le fils cadet de la femme skipper, qui a poussé sa mère à apprendre à naviguer et à passer le test pour devenir skipper. Très vite, Roumila a appris les rouages du métier. Puis, elle a répondu à l’appel d’offres du gouvernement qui cherchait un skipper pour faire la navette entre les deux villages. « J’ai choisi de réaliser le rêve de mon défunt mari pour assurer un avenir à mes trois enfants », explique-t-elle. Grâce à son métier, elle a acquis une certaine popularité. Elle est connue comme Madame la capitaine. Son contrat a été renouvelé deux fois. « C’est un travail exigeant. On travaille sept jours sur sept. Même si le temps est mauvais, on assure le service. Il n’y a ni congé public, ni week-end. Les seules fois où on ne prend pas la mer, ce sont les jours de cyclone », fait-elle observer. Elle a pu économiser pour s’acheter un autre bateau, qu’elle a également baptisé Luv. « Luv signifie amour. J’ai choisi ce nom pour dire mon amour pour mon époux, même s’il n’est plus là », indique-t-elle. « J’ai employé un skipper qui gère mon deuxième bateau. Celui-ci est destiné à des excursions à l’île-aux-cerfs, l’île-aux-Flamants et à la cascade de Grande-Rivière-Sud-Est », dit-elle. La batelière apprécie beaucoup faire le ferry-boat. Elle en tire une grande fierté, car cela lui a permis de prendre soin de sa famille.

De fidèles clients

Elle a envisagé l’éventualité que son contrat ne soit pas renouvelé et a formé des projets. Ses clients l’apprécient beaucoup. Cela s’explique par le fait qu’elle est toujours prompte à les transporter. Certains viendraient la trouver juste pour un petit tour gratuit. Elle travaille également pour une agence privée qui entreprend des excursions touristiques et locales. Elle a tellement de passagers qu’elle n’a parfois pas le temps de prendre de pause. Comment a-t-elle appris à naviguer ? « Nanye pa difisil kan mett la tet pou aprann. Le travail non plus n’est pas difficile. Il devient un peu plus dur si le temps est mauvais, mais j’assure quand même le service ». Elle est régulièrement contrôlée par des officiers du gouvernement. Les gardes-côtes vérifient ses papiers chaque semaine. « J’aime mon boulot. Une fois sur mon bateau, je me sens comme au paradis. C’est un monde merveilleux pour moi. Cela me procure un plaisir inexplicable d’être entourée par l’océan et la nature », poursuit-elle. Son aîné Akshay est à l’université, son cadet Luv est garde-côte et sa petite dernière, Anisha, suit des cours en esthétique. Elle lance en riant : « Aujourd’hui, je ne m’occupe pas aussi bien de ma maison que de mon bateau, tellement je l’aime. Au lieu de me lamenter, je suis une veuve qui a continué à vivre pour mes enfants. J’ai trouvé un boulot pour subvenir aux besoins familiaux. Pa bizin marye de fwa pou viv byen. Nou ena kuraz ek la fors pou travay », fait ressortir Roumila Maunick.
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