Société

Belle-Rive/Olivia: Dans l’univers des pêcheurs de « chevrettes »

Les « chevrettes » sont délicieuses. Ayant un corps allongé plus ou moins cylindrique et légèrement plat sur les côtés, elles sont recouvertes d’une fine carapace et dotée de longues antennes. Très appréciées en cuisine, elles ont pour habitat la rivière. Pourtant, très peu de riverains en profitent pour les commercialiser. Les habitants de Belle-Rive/Olivia ont fait de la pêche de « chevrettes » d’eau douce une source de revenus pour subvenir aux besoins familiaux.  
La rivière de Belle-Rive/Olivia joue un rôle très important dans la vie des villageois. Elle constitue une source d’alimentation et de revenus. Nous sommes allés à la rencontre des habitants, afin de découvrir les traditions culinaires d’antan. Assis sur le trottoir de la route principale, les pêcheurs font le tri dans leur sac contenant les crustacés qu’ils viennent de pêcher. Ensuite, ils les placent sur un plateau. On les approche pour en savoir plus sur leur vie de pêcheurs de « chevrettes ». « Les ‘chevrettes’ de la rivière qui traversent notre localité sont pêchées debout dans l’eau », dit Jean-Pierre Ferdinand, 42 ans. Les « chevrettes » fraîches sont vendues dans le village. « Ici, la pêche aux ‘chevrettes’ fait partie du quotidien des villageois. C’est la seule source de revenus pour nous », indique ce père de trois enfants qui est aussi charpentier. Jean-Pierre Ferdinand raconte que la pêche de crevettes se fait toute l’année. Même si la meilleure saison reste l’été. En fait, l’eau de la rivière est chauffée par le soleil estival et les « chevrettes » cherchent des sols plus profonds.

La vie dans l’eau

« Chaque jour est un défi pour nous. Aujourd’hui, on a des clients, mais pour combien de temps ? Parfois, il arrive que l’on doive consommer les crevettes non vendues. De plus, le mauvais temps est une menace pour nous. Pendant la période de pluies diluviennes, les rivières sont en crue », dit-il. C’est la pauvreté qui a poussé Michael Jude, 39 ans, vers la pêche à la « chevrette » d’eau douce.  « J’ai passé mon enfance au bord de la rivière. J’accompagnais ma mère qui s’y rendait pour faire la lessive. Je pêchais des tilapias. La pauvreté a transformé ma vie complètement », relate-t-il. « Je n’ai pas de travail permanent et mes revenus sont très maigres. Cela fait 10 ans que je suis pêcheur de ‘chevrettes’. C’est le seul moyen pour moi d’avoir des sous », souligne ce père de famille. « C’est une passion et aussi une nécessité pour moi », explique-t-il.

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[row custom_class=""][/row] De ce fait, elles sont pêchées facilement. « Cette technique de pêche vient d’une tradition séculière. On la tient de nos parents. C’est une activité qui a servi de gagne-pain à de nombreuses familles habitant la région. C’est encore le cas aujourd’hui. Rien n’a changé », ajoute-t-il.

Pêche sportive

Les pêcheurs, debout dans la rivière, poussent leurs filets en quête du crustacé. Ils attirent la curiosité des promeneurs impatients de voir les prises. « Le pêcheur de ‘chevrettes’ doit savoir s’équiper selon les saisons et les conditions météorologiques. Il marche longtemps dans l’eau. C’est une pêche sportive et fatigante », avance le pêcheur. « De mœurs nocturnes, les ‘chevrettes’ passent l’essentiel de la journée cachées sous les algues. Donc, on utilise le sac en jute pour racler les parois rocheuses de bas en haut et pour pêcher sous les algues. Il ne faut pas avoir peur d’avoir de l’eau jusqu’à la taille », ajoute le pêcheur. Après la pêche, le tri est important, car il faut relâcher les crevettes de petite taille pour leur permettre de se reproduire. « On remet à l’eau une quantité suffisante de larves de ‘chevrettes’ pour s’assurer d’avoir de bonnes prises les jours suivants », dit-il. « On nettoie les ‘chevrettes’ qu’on vient de pêcher. Puis, on les vend Rs 100 le plateau. » Les crustacés frais trouvent preneurs tous les jours. « Des gens de différentes régions de l’île et des étrangers passent leurs commandes. Bann dimun oule manz seki fre. Sevret kuler rose ki vande dan bazar fini griye. » « Comme vous le voyez, la taille des ‘chevrettes’ varie de deux à huit centimètres. Dans son milieu naturel, elle n’est pas rose, mais translucide. Ce n’est qu’à la cuisson qu’elle prend sa couleur rose caractéristique. Les clients savourent le goût exceptionnel des crevettes d’eau douce. »

Partie de pêche

« Je me réveille chaque jour à 5 heures. Après le petit déjeuner, je vais à la rivière », dit Jean-Pierre Ferdinand. Il emporte un sac fabriqué en jute. « Ce sac est l’instrument de base pour la pêche à la ‘chevrettes’ », poursuit-il. En arrivant à la rivière aux alentours de 7 heures, il trouve les autres pêcheurs. Les pêcheurs de « chevrettes », vêtus de shorts, sont debout dans l’eau. Ils utilisent principalement des sacs en jute pour racler les rochers et accéder plus facilement à tous les recoins. « Les ‘chevrettes’ affectionnent les roches et les algues. C’est pour cette raison que nous nous retrouvons fréquemment coincés. Ce mode de pêche est une pratique artisanale qui requiert une bonne connaissance de la rivière. On doit éviter de se blesser avec des débris de bouteille, etc. », fait-il observer. Le pêcheur de crevettes s’enfonce parfois dans les eaux profondes de la rivière. Selon lui, cette pêche est une activité populaire pouvant être pratiquée par tous. Cependant, elle nécessite une certaine condition physique, car il faut marcher dans l’eau tout en poussant le filet. « On pratique la pêche à la ‘chevrette’ entre amis ou avec d’autres pêcheurs. C’est pour cette raison que vous pouvez voir plusieurs dizaines de pêcheurs dans l’eau en même temps, surtout à la belle saison », indique-t-il.

Réalité des pêcheurs

Jean-Marc Cader, 49 ans, est, tout comme Jean-Pierre Ferdinand, un pêcheur habitant au bord de la rivière. Une bicoque sert de logis à sa famille. Le charpentier ne possède rien d’autre. Depuis plus d’une dizaine d’années, la principale activité de ce père de famille est la pêche de « chevrettes » d’eau douce. Sur les bords du lac, les pêcheurs pêchent des « chevrettes », des tilapias, des anguilles... « Comme dit l’adage, il faut de tout pour faire un monde. La vie est très dure. Nous, les pêcheurs de ‘chevrettes’, risquons notre vie pour subvenir aux besoins de nos familles », fait ressortir Jean-Marc Cader. « Nos revenus sont insuffisants. Ils nous permettent juste d’acheter des provisions pour la famille. Il faut beaucoup de patience dans ce métier. C’est une tâche difficile qui requiert de l’endurance et de la patience », fait remarquer le pêcheur de « chevrettes ».
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