L’historien livre ses impressions sur la manière dont l’histoire a été abordée à ce jour dans les écoles. Si les changements apportés par le MIE sont positifs, il partage ses idées sur ce qu’il estime être les aspects les plus importants à aborder, notamment l’importance de la « socialisation politique ».
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Quel sens doit-on donner au mauricianisme aujourd’hui ?
Il faut bien voir ce qu’on entend par cela, cette appartenance à la nation mauricienne. Certaines personnes peuvent avoir une plus grande loyauté envers leur communauté. Ce qui est essentiel, c’est de se rappeler qu’une personne peut avoir une double identité. Avoir une identité ethnique n’empêche pas d’être un bon Mauricien. Les gens ont des identités multiples.
En fait-on assez à l’école pour consolider notre identité nationale ?
En faisant du 12 mars une institution, nous avons fait un grand pas en avant. La cérémonie du lever de drapeau dans les écoles, la distribution de gâteaux… Cela a marqué toute une génération. Quand j’étais élève, on chantait encore ‘God Save The Queen’ ! On ne peut pas ignorer les réalisations de l’Île Maurice indépendante, tant sur la plan économique, que sur la consolidation de la démocratie et la stabilité.
Pourquoi est-ce aussi important ?
Pour que les Mauriciens puissent être fiers. Maurice a réussi et c’est important. Pour ceux qui clament qu’il aurait mieux valu rester sous l’administration anglaise, Comparons Maurice et La Réunion et on pourra mesurer les progrès réalisés par notre pays.
Pourquoi les travaux du comité Bunwaree n’ont pas abouti à l’époque ?
On a changé de gouvernement. Aujourd’hui, il ne faut pas s’étonner que les jeunes ne s’intéressent pas à la vie politique de leur pays. On ne doit pas s’arrêter à l’histoire, il faut aussi une éducation aux institutions, comme en France avec leur histoire-géo. Comment fonctionne le Parlement ? Quelles sont les bases de la République ? Les valeurs de la République a tout supplanté en France grâce à l’histoire. Il faut inculquer cette culture aux gens, il faut enseigner la notion de socialisation politique.
Pourquoi l’histoire contemporaine a mis tant de temps à faire son entrée à l’école ?
Certains politiciens ont montré de l’intérêt. Mais il y a une bureaucratie réfractaire au changement. Il faut lancer un projet pilote pour lequel il faut mettre sur pied un comité. Cela prend deux ans pour lancer le projet pilote. Entre-temps, cinq ans se sont écoulés et le gouvernement change… La notion de « nation building » n’a pas figuré jusqu’ici parmi les priorités du ministère de l’Éducation ; l’important c’est de passer les examens. Mais c’est un échec de l’éducation quand autant de jeunes ne vont pas voter.
Quel rôle les centres culturels peuvent-ils jouer à leur niveau ?
L’interculturalité ne se décrète pas. Il faut créer les conditions de partage. Il faut arrêter d’associer culture et religion. Si on jouait du séga pour Divali, par exemple, cela provoquerait un tollé.
Pourtant, au Centre culturel mauricien, nous avions réuni tous les autres centres pour célébrer les tambours de tous types pour la fête de la musique. Cela avait été un succès. Le Chinatown Food Festival en est un autre exemple. La cuisine, les bijoux, l’habillement sont autant de richesses diverses dont on peut être fiers de partager. La diversité n’est pas un problème. On ne dira pas d’un Breton qu’il n’est pas Français, par exemple, il est les deux à la fois.
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