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Jewish Detainees Memorial Centre : le périple des Juifs de l’Europe à Maurice

Jewish Detainee Memorial Centre Le Jewish Detainee Memorial Centre de Beau-Bassin.

Les Juifs ont beaucoup souffert dans l’Histoire du monde. 1580 Juifs européens ont été exilés à Maurice le 26 décembre 1940 alors qu’ils tentaient de fuir l’Holocauste. Ils étaient incarcérés au camp de détention de Beau-Bassin avant de repartir cinq ans après. Vanessa Calou du Jewish Detainees Memorial Centre à Saint-Martin fait le récit de ce périple.

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Maurice fut le premier pays de l’hémisphère sud à accueillir les Juifs. Le saviez-vous? Vanessa Calou travaille au Jewish Detainees Memorial Centre depuis deux ans. Elle accueille et relate l’histoire des Juifs Européens à ceux qui visitent le cimetière juif. Celui-ci compte 130 tombes dont 128 sont ceux des réfugiés Juifs de la Seconde Guerre mondiale.

Tout commence en décembre 1939. 3 500 Juifs de différents pays d’Europe obtiennent leur ticket de sortie pour fuir les nazis. Ils se rendent ainsi à Bratislava en Slovaquie. Une fois là-bas, ils font face à l’hiver rude. Ils attendent neuf mois pour enfin pouvoir traverser la désormais célèbre rivière Danube pour la Roumanie. Quatre bateaux notamment Uranus, Helios, Melk et Schönbrunn les emmènent à destination. Arrivés au port roumain, les réfugiés Juifs doivent embarquer sur le Pacific, Milos et Atlantic pour aller en Palestine. « À l’époque, la Palestine était dirigée par les Britanniques. Ces derniers ont revu les lois afin d’empêcher des immigrants illégaux d’entrer dans le pays. Ils devaient négocier le nombre de refugiés qui pouvaient immigrer en Palestine, avec les Arabes », dit notre guide. Dans un premier temps, le quota est fixé à 15 000 sur une période de cinq ans. Quand les Britanniques apprennent que trois bateaux vont accoster le pays, ils décident de déporter bon nombre d’entre eux vers une de leurs colonies. « Certains de ces refugiés devraient donc être considérés comme des sans-papiers. Les Britanniques réquisitionnent un bateau français, Patria », dit-elle. Le Pacific arrive en premier suivi de Milos. Les passagers sont transférés vers le Patria.
Lors du transfert de l’Atlantic, une explosion retentit sur le Patria. Le groupe paramilitaire, Haganah, bombarde accidentellement le Patria. Ils voulaient retarder l’exercice afin de permettre aux Juifs de rester en Palestine. « Ils pensaient que les explosifs causeraient des dommages minimes au bateau afin de ralentir le processus de déportation. Mais comme le Patria était vieux, la quantité d’explosifs utilisée a fait couler l’embarcation en quelques minutes. Environ 200 Juifs et officiers britanniques ont perdu la vie », ajoute Vanessa Calou.

Déportés vers Maurice

Les Britanniques permettent à ceux qui ont survécu le bombardement du Patria, de rester en Palestine plus précisément au camp de détenus d’Atlit. Ceux qui sont toujours sur l’Atlantic sont également conduits à l’Atlit. Mais deux semaines plus tard, ces derniers sont déportés vers Maurice. Ainsi, 1 580 refugiés foulent le sol mauricien le 26 décembre 1940. « Arrivés ici, ils ont été choqués. Ils ont été incarcérés au camp de détention de Beau-Bassin. Les familles ont été séparées. Les hommes devaient rester dans le camp et des cases en tôle étaient érigées pour héberger les femmes et les enfants », poursuit notre interlocutrice. Elle explique qu’une rumeur circulait. Les Britanniques craignent la présence des espions Nazis parmi les Juifs réfugiés. Mais, ils constatent que ces détenus sont talentueux. Ils sont donc autorisés à servir la colonie en tant que techniciens, musiciens ou encore enseignants. Ils sont donc libres à travailler à l’extérieur du camp.

Anna Frank, une des réfugiés, donne des cours dans une école où étudie une jeune fille. Elle a dix ans et s’appelle Geneviève Pitot. Une année après, Madame Frank cesse ses cours. La rumeur refait surface quand des bateaux sont torpillés à proximité de Madagascar par des sous-marins japonais. Les exilés doivent retourner en camp de détention. « Quelques années de cela, Geneviève Pitot part en Allemagne et découvre une photo de Madame Frank lors d’une exposition de photos sur l’Holocauste. Elle a voulu connaître l’histoire de sa maîtresse et fait la connaissance de son fils. Ce dernier lui demande pour quelle raison sa mère a été déportée vers Maurice. Cette question les taraudait. Elle pousse Geneviève Pitot à écrire sur l’histoire des réfugiés Juifs à Maurice durant la Seconde Guerre mondiale », fait ressortir Vanessa Calou. Le livre s’intitule ‘The Mauritian Shekel’.

« Maurice est le seul pays de l’hémisphère sud à avoir accueilli des réfugiés Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale. Leur histoire est peu connue des Mauriciens. Ils sont restés à Maurice du 26 décembre 1940 au 12 août 1945. Avant leur arrivée, Monsieur Birger était le seul Juif recensé sur l’île. Il était originaire de La Lituanie. Il travaillait pour la compagnie Bata Shoes. Comme il existait une grande communauté juive en Afrique du Sud, Monsieur Birger était choisi pour agir comme un représentant entre les détenues et la communauté sud-africaine afin de leur faciliter la vie en les procurant médicaments, vêtements et instruments de musique entre autres », dit-elle.

Vanessa Calou indique qu’une chapelle a été construite sur les lieux deux ans de cela. Jewish Detainess Memorial Centre essaie de recueillir les histoires de ces réfugiés. Récemment, elle a fait la rencontre d’Oscar Langsam. « J’étais surprise de voir ce visiteur. Il est venu à Maurice après 70 ans. Il effectuait un voyage en croisière et le paquebot a accosté Maurice. Au lieu de profiter d’une journée de shopping avec son groupe, il a préféré venir ici pour rendre hommage à Edith Eisler. Elle lui a enseigné la musique quand ils résidaient dans le camp. Edith Eisler était aussi appelé Dita. Elle devait avoir 20 ans. Elle était parmi les quatre personnes à avoir été touchée par l’épidémie de Polio. Elle était la seule à avoir succombé à la maladie », conclut Vanessa Calou.

La tombe de FRITZ HAENDEL

Fritz (Bedrich) Haendel est né le 26 Juin 1910 à Vienne VII, Stellgasse, F. Handel, avec B. Mayer, enseigne l’art, participe à des expositions et à des spectacles de marionnettes, fait de l’art. Au-dessus, Fritz écrit des pièces de théâtre aussi. Le 5 juin 1941, Fritz Haendel se marie avec H. Gottlieb. La cérémonie sera célébrée par le Rabbin Blier au Camp de Beau-Bassin dans le Synagogue Libérale et en janvier 1945  Fritz Haendel se suicide.

 

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