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Indiscipline Scolaire : un phénomène multifactoriel

Indiscipline Scolaire

Les acteurs du système éducatif s’accordent à dire que « le relâchement général de la discipline est un des problèmes les plus graves du système d’éducation moderne ». Cette affirmation quasi-dramatique nous a conduits à approfondir la question. Quelles sont les causes ? Quid des solutions ?

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Psychologues, sociologues et pédagogues s’accordent à dire que les règles sont cruciaux pour le maintien d’un bon climat disciplinaire afin de faire fonctionner adéquatement la classe et l’établissement scolaire. C’est justement à cet effet que les recteurs ont fait appel au soutien du personnel enseignant et non-enseignant pour surveiller les élèves, à tour de rôle, pendant la demi-heure accordée au déjeuner.

Pour Soondress Sawminaden, président de l’Association des recteurs, cette collaboration est très importante. « Cela assurera l’harmonie au sein de l’établissement et aidera surtout à préserver l’image de tous. » Les enseignants sont aussi sollicités pour maintenir l’ordre et la discipline non seulement dans les salles de classe, mais aussi dans la cour de récréation. « Selon les dispositions mises en place par les autorités, le personnel est responsable du maintien de la discipline à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du collège », dit-il.

« Pendant les heures de classe, nous assurons la discipline, mais nous ne pouvons imposer aux enseignants cette tâche à l’heure du déjeuner. C’est à l’administration du collège de s’assurer que les élèves ont un bon comportement dans l’enceinte du collège », rétorque Vikash Ramdonee, président de la Government Secondary School Teachers Union. Il estime que le problème de l’indiscipline concerne tout le monde. Cependant, il précise que la pause-déjeuner est très importante pour un enseignant afin de se ressourcer. « Assurer l’ordre chez les élèves fait partie de notre travail. Il est évident que s’il y a une bagarre ou si un enfant fait quelque chose qu’il ne faut pas pendant la récréation, nous n’allons pas rester les bras croisés. Toutefois, nous ne pouvons forcer un enseignant à jouer le rôle de Discipline Master. Chaque collège aurait dû en avoir un », ajoute-t-il.

À la fin de 2015, le ministère de l’Éducation avait publié de nouveaux règlements qui se veulent être un guide pour les recteurs et les acteurs concernés par l’indiscipline dans les collèges. La Student Behaviour Policy devrait permettre à chaque éducateur et recteur de déterminer les types de délit au niveau de leur école et de trouver les moyens d’agir contre l’indiscipline.

L’indiscipline sur le terrain

Le phénomène a pris une certaine ampleur au point que les élèves n’ont plus aucun respect pour leurs enseignants. Pire, ces derniers sont devenus la cible des élèves qui n’hésitent plus à les agresser pendant ou en dehors des heures de classe. « Parmi les manifestations de l’indiscipline, nous pouvons citer les retards, les absences, les bavardages et le brouhaha qui en découle, les agitations, les turbulences telles les jets de projectiles aussi inoffensifs soient-ils, à l’intérieur ou aux abords des structures éducatives, le manque de soins apportés aux biens publics de la structure de formation, si nous excluons la dégradation volontaire des biens, à savoir les équipements, les locaux, le mobilier ou le véhicule de l’enseignant », dit Karuna Rajiah psychologue. Ces actes de violence relève de considérations pénales. Le désintérêt perceptible pour les études, la contestation injustifiée, l’insolence, le défi et la provocation volontaire ou (et) irréfléchie qui se manifeste, par exemple, par la sonnerie d’un téléphone portable en classe en dépit des règles énoncées, constituent des formes d’indiscipline. »

Plusieurs raisons conduisent à ce phénomène. Pour la psychologue, « les ados ne réalisent pas ce qu’ils font et sont surtout peu conscients des conséquences de leurs actes ». « Les règles permettent à l’élève d’entrer dans une culture de responsabilité, de comprendre que nos actes sont suivis d’effets et que nous devons apprendre à en répondre. »


L’établissement scolaire : Facteurs de désobéissance

L’établissement scolaire et l’attitude des éducateurs encouragent aussi ce phénomène. L’enseignant et le recteur sont parfois incohérents dans l’application des règles de discipline. Ainsi, les regards doivent être tournés vers leur comportement. Approfondir les réformes en se penchant sur l’agencement du volume horaire, les méthodes pédagogiques, le contenu et l’allègement des programmes, sans oublier la formation des formateurs, devient nécessaire. En outre, l’obtention d’un diplôme ne suffit pas pour exercer une activité donnée.

« La gestion de la salle de cours nécessite des compétences scientifiques, , communicationnelles et relationnelles, à maintenir, à nourrir et à réactualiser en permanence dans le cadre d’une formation continue, multiforme, encouragée et sanctionnée par des évaluations », souligne Surendr Nowbuth. « L’élève a donc un sentiment de pouvoir et de liberté pour se comporter comme il veut. L’établissement scolaire ainsi que les éducateurs doivent se reprendre. Cela fait partie de leur travail. Il ne faut pas imposer, mais éduquer la discipline. À l’inverse, s’il y a trop de discipline, un élève peut devenir rebelle s’il sent que sa liberté est menacée. »

Peur

Dans une recherche du Dr Belle Louis Jinot, Docteur en Gestion de l’Éducation, enseignant du secondaire, pédagogue et chargé de cours universitaire à temps partiel, il est indiqué que certains professeurs ne se confrontent pas aux élèves pour la bonne raison qu’ils ont peur. « Les enfants sont très conscients de leurs droits constitutionnels. C’est pour cette raison que certains professeurs hésitent à corriger un élève. Il y a aussi les leçons particulières, le professeur a peur de perdre un élève s’il le gronde. »

Le docteur ajoute qu’un mauvais leadership des recteurs contribue à l’indiscipline des étudiants. « C’est pour cela que certaines écoles sont plus disciplinées que d’autres car elles ont une bonne gestion d’établissement. » Gérer une école ne concerne pas seulement l’administration, Selon le chercheur, il faut aussi inclure les élèves dans les discussions concernant l’école.

Le pédagogue Faizal Jeeroobhurkhan précise que parmi les multiples facteurs d’indiscipline, il y a la rigidité du cursus scolaire. « Le curriculum actuel n’intéresse pas les jeunes, il n’y a pas assez d’activités qui les motivent à participer dans la classe alors qu’un cursus plus riche en activités extrascolaires peut y remédier. »

Pour le pédagogue, si un enfant ne sent pas habile dans un sujet et s’il n’y a pas un domaine alternatif où l’enfant peut se démarquer, il peut se sentir rejeté par le système scolaire. « L’enfant cherche donc à se faire remarquer et commence à attirer l’attention par le biais de son comportement, dit-il. Une des solutions serait de valoriser et de responsabiliser l’enfant. »

La discipline : une question familiale

Le sociologue Surendra Nowbuth abonde dans le même sens. « À ce stade de son développement, l’adolescent est perdu. Il n’a pas encore trouvé son identité, il parvient difficilement à se gérer et cela a un effet sur son comportement », dit-il. Il ne faut pas laisser les enfants à eux-mêmes, il faut les accompagner, les guider. Avec le travail, les parents ne trouvent pas assez de temps pour être avec leur enfant, le suivre et l’assister. Les laisser à eux-mêmes, c’est la mauvaise chose à faire. ». Il continue en expliquant que l’environnement social d’un enfant joue aussi un grand rôle sur sa façon d’agir. « Ce type de comportement indiscipliné peut-être un symptôme de mal-être et d’instabilité dans le milieu familial. »

La famille est très importante. C’est aussi l’avis de Brian Pitchen, enseignant au pré-vocationnel. « Il faut que les parents comprennent que la discipline est une chose fondamentale dans la vie d’un étudiant, car demain, cela lui servira dans sa vie professionnelle. Ils doivent bien comprendre cela car c’est leur rôle d’aider leur enfant à comprendre qu’il y a des règles et qu’il a la responsabilité de les respecter. Et ce faisant, ils aident les éducateurs à implanter ces règles. La collaboration des parents est
capitale. »

Les groupes classes

Différentes raisons sont données par les pédagogues, sociologues, psychologues et autres acteurs de l’éducation secondaire. Ils accordent tous leurs violons sur le fait que l’indiscipline est plus souvent un phénomène de groupe. Karuna Rajiah, psychologue explique ce point en ces termes: « Le groupe d’élèves élabore un code tacite de conduite et il suffit que ce dernier entre en contradiction avec les attentes de l’enseignant pour que se développent des rôles comme celui d’agitateur ou de bouc émissaire chez un ou plusieurs élèves, rôles qui présentent un degré de contagion variable. »

Les groupes permettent de se distraire de la tâche pédagogique. Brian Pitchen renchérit : « Par ricochet, les élèves qui ne font pas partie de ce petit groupe d’amis utilisent leurs camarades perturbateurs comme porte-parole. »

 

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