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Indiscipline à l’école : la Student Behaviour Policy dépassée

Student Behaviour  Policy Les recteurs réclament davantage d’autonomie pour agir.

Les recteurs des collèges d’État souhaitent un changement de la façon dont les cas d’indiscipline sont traités par le ministère de l’Éducation. Ils affirment que la Student Behaviour Policy est dépassée, demandent une rencontre avec les autorités et souhaitent agir en toute autonomie.

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La Student Behaviour Policy est un document qui existe depuis 2016. Il est destiné aux responsables des écoles pour les guider afin d’assurer la discipline au sein de leur établissement. Toutefois, vu le nombre de cas croissants et les types de violence des élèves, l’association des recteurs souhaite une révision de la façon dont ils peuvent les traiter. Son président, Soondress Sawmynaden, explique : « Lorsqu’un élève a mal agi, le protocole dit que nous devons avertir le ministère de l’Éducation. Dans le concret, le contenu de la Student Behaviour Policy est dépassée, parce que les cas ont évolué. Ce qui cloche actuellement, c’est le manque d’autorité des recteurs pour les autoriser à prendre des actions immédiates, surtout dans les cas de mise à la porte des élèves qui agissent vraiment mal. »

Ayant à cœur l’éducation à Maurice, il propose que les partenaires dans ce domaine se réunissent autour d’une table afin de revoir le document. « Il est important de nommer chaque cas, non pas seulement d’écrire serious offense. Il serait aussi bon de mettre sur papier les sanctions qui s’y attachent ».

Soondress Sawmynaden et d’autres recteurs sont catégoriques : les cas d’indiscipline auxquels ils doivent faire face ont évolué. Ils sont d’ordre émotionnel. « Certains élèves viennent en classe pour se défouler sur les autres. Beaucoup sont en manque de repères. Ils vivent des situations difficiles chez eux et un simple problème entre deux élèves peut prendre une autre dimension ».

Parlant des enseignants, le recteur souligne que souvent ces derniers ne peuvent pas donner une attention spéciale aux élèves parce qu’ils ne sont pas équipés. Soondress Sawmynaden ajoute que l’expertise et la présence d’un psychologue au sein des écoles sont nécessaires afin d’aider les élèves en besoin.


Leela Devi Dookun-Luchoomun : « Il n’y a rien de statique, le document peut changer »

Leela Devi Dookun-Luchoomun

La ministre de l’Éducation,  Leela Devi Dookun-Luchoomun, souhaite la collaboration de tous les partenaires de l’éducation. Elle les invite à communiquer et à partager leur savoir-faire pour le bien des élèves.

Les recteurs affirment que la Student Behaviour Policy est dépassée. Partagez-vous cet avis ?
La Student Behaviour Policy est un guide. Tous les acteurs de l’éducation, qu’ils soient enseignant, recteur, maître d’école, peuvent apporter ce qu’ils sentent qui devrait y être ajouté. Rien n’est statique. Les choses sont dynamiques. Le document a été fait à un moment donné et nous pouvons apporter des modifications si nécessaire. Il a été envoyé aux recteurs, qui ont pris note du contenu.

Si les recteurs sentent qu’il y a une chose qui ne marche plus, je leur demande de faire quelque chose d’autre. S’il y a une pratique plus efficace, partagez-la afin de permettre aux autres de l’utiliser. Le recteur est le leader de l’école. Il est capable de vraiment donner à son établissement l’ambiance et l’environnement voulus pour que ses élèves puissent mieux apprendre.

Que fait actuellement le ministère de l’Éducation pour aider les responsables des écoles ?
Le dossier est là. Il y a aussi le soutien des différents directeurs du ministère de l’Éducation. Il y a une structure et il faut qu’elle fonctionne. Nous avons établi le Community of good practice. Si quelqu’un a des difficultés, personne ne l’empêche de prendre contact avec le ministère, le zone directorate ou de communiquer avec un collègue recteur. Nous venons avec tout un plan de travail mais nous n’aurons pas les résultats tout de suite. Nous avons introduit le programme sur la gestion des émotions, le Leader in Me, où les jeunes sont préparés à se prendre en charge. Il existe déjà toute une structure dans nos écoles que nous devons faire fonctionner. Nous allons aussi mettre sur pied une Academy for Teachers, un Educators Council pour aider les responsables.

En tant que ministre de l’Éducation, que pensez-vous des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, montrant des bagarres d’élèves ?
Il est important d’éduquer. La technologie est partout et il est de notre devoir de dire aux jeunes quelles sont les règles. Ils ont des classes d’informatique, il faut les aviser sur ce qui est faisable et pas. Les élèves doivent comprendre que lorsqu’il y a une bagarre entre deux élèves, la première réaction devrait être de les séparer et d’informer les responsables de l’école et non de prendre des séquences et de mettre sur les réseaux sociaux.

Quel est votre constat de nos institutions ?
Un cas d’indiscipline est un cas de trop. Il ne faut pas croire que tous les établissements sont dans un état chaotique, nous avons des jeunes qui vont à l’école et qui savent se comporter. Il y a eu des cas, et il va falloir prendre des mesures pour arrêter cela, mais il faut aussi se dire que ce n’est pas un comportement général. Il nous faut prévenir et si cela persiste, il faut prendre des mesures pour que cela ne se reproduise pas.

Il faut également une collaboration entre les parents, le recteur et le personnel pour aider les enfants. Nous envoyons les enfants à l’école pour les préparer à la vie, pour qu’ils sachent comment vivre demain. Nous avons toujours mis l’accent sur le savoir-vivre, le savoir-être et le savoir-faire. Il faut qu’il y ait la discipline en classe, dans l’enceinte de l’école et chacun doit prendre ses responsabilités.

Y a-t-il une recrudescence des cas de violence dans nos écoles ?
La société change. On s’attend à ce qu’il y ait un changement de la façon de faire des jeunes. Auparavant, lorsque les enfants se bagarraient, ils prenaient un stylo, déchirait une page de cahier. Maintenant, c’est différent. Beaucoup d’enfants vivent des situations difficiles chez eux. Le temps que l’on accordait aux enfants dans le passé n’est plus pareil. On est choqué de par la façon de faire, la façon de communiquer. Avec la technologie, on voit, on réagit, les gens communiquent plus.

Les recteurs déplorent le manque de psychologues pour les aider à gérer certains cas. Y a-t-il un manque ?
Il y a actuellement 26 psychologues et, à chaque fois que les recteurs font une demande, on les envoie. Nous n’avons jamais eu de cas où un recteur a fait appel au ministère pour un psychologue et ne l’a pas obtenu. L’idéal serait d’en avoir un par école, mais nous avons d’autres ressources comme les encadreurs, les conseillers, senior educators, entre autres.

 

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