Le cyclone Berguitta n’aura pas seulement apporté de la pluie et des rafales, mais il laisse aussi derrière lui un important manque à gagner et des dépenses pour plusieurs secteurs d’activités. Estimations.
…le réaménagement des infrastructures
Électricité. Des pylônes électriques qui n’ont pas résisté au vent, des transformateurs endommagés, quelque 2 500 foyers privés d’électricité quand le pays était en alerte III… « Nous sommes en train de compiler les données avant de pouvoir faire une estimation finale des dégâts », indique Chavan Dabeedin, Transmission & Distribution Manager au Central Electricity Board. Quoi qu’il en soit, ces dommages comportent un coût. Ce n’est pas Swaley Kasenally, ancien ministre de l’Énergie, qui dira le contraire. « Le coût le plus important viendra de la main-d’œuvre. Outre les techniciens du CEB qui ont dû être à pied d’œuvre ces derniers jours, l’organisme a aussi fait appel à des ‘contracteurs’ pour enlever et remplacer des pylônes endommagés », indique notre interlocuteur. Par contre, avance Swaley Kasenally, le coût n’est « pas si conséquent » en termes d’équipements.
« Il n’y a pas eu des dégâts massifs comparativement à d’autres cyclones que le pays a connus. D’ailleurs, il n’y a eu que 2 500 foyers sans électricité à travers l’île. C’est une indication en soi », souligne-t-il. Du coup, les dépenses devraient s’élever à environ Rs 100 000, selon les estimations. Pour Swaley Kasenally, les coûts auraient été plus conséquents si le CEB n’avait pas remplacé les anciens fils électriques par des fils torsadés qui sont plus pratiques et résistants. Autre observation : « Aujourd’hui, le CEB prend une demi-journée, voire une journée pour rétablir l’électricité alors qu’il fallait compter deux à trois semaines auparavant pour réalimenter les foyers après le passage d’un cyclone », souligne notre interlocuteur.
Routes. Plusieurs routes sont fissurées ou endommagées avec le passage de Berguitta. «Tout cyclone apporte de la pluie. Or, l’eau a tendance à dégrader les constructions, surtout si elles sont récentes. Si certaines routes ont été abîmées, c’est peut-être aussi parce que les constructeurs n’ont pas respecté les normes », fait ressortir Bhooshan Ramloll, ancien président de la Building & Civil Engineering Contractors Association (Baceca). Des travaux de réparation sont donc à prévoir. Il faut savoir que pour construire une route, il faut prévoir un budget variant en moyenne entre Rs 20 millions et Rs 22 millions par kilomètre. S’agissant de la réparation d’une route, le budget total oscille entre Rs 10 millions et Rs 100 millions, selon des dégâts encourus, explique notre interlocuteur.
… les jours d’inactivité et les heures supplémentaires
Rs 600 millions. C’est le manque à gagner de l’ensemble des entreprises à Maurice après deux jours d’inactivité, indique François de Grivel, industriel et membre de plusieurs organismes du secteur privé. « Un jour sans travail équivaut à un manque à gagner de Rs 300 millions », précise-t-il. Notre interlocuteur ajoute que le secteur manufacturier devra, par ailleurs, rattraper « des retards » car les « délais de livraison n’ont pu être respectés ». Les heures supplémentaires seront donc de rigueur.
Le secteur manufacturier devra prévoir environ Rs 50 millions pour les heures supplémentaires, prévient François de Grivel. « Ce qui représente un coût important, surtout à une période où les salaires du secteur manufacturier et ceux au niveau national vont augmenter sensiblement. Les entreprises ne pourront pas absorber facilement le salaire minimal, qui représente une charge considérable, d’autant qu’aucune compagnie n’était vraiment préparée à une telle échéance », déplore François de Grivel.
…la fermeture du port et de l’aéroport
Des avions cloués au sol, des passagers qui décident de ne plus voyager, des frais fixes tels que les salaires à encourir… La fermeture de l’aéroport est une source de dépenses. « Il y a définitivement un manque à gagner, mais il est difficile de faire une estimation précise, car il y a des dépenses à plusieurs niveaux, y compris en termes de ressources et de relogement des passagers », indique Prem Sewpaul, responsable de communication chez Air Mauritius.
À savoir que la compagnie d’aviation nationale a relogé pendant 24 heures environ 150 passagers déjà enregistrés ou en transit après l’alerte cyclonique sur Rodrigues (Ndlr : sachez que ce n’est pas une obligation pour la compagnie d’aviation de reloger les passagers en cas de force majeure). Pour Manoj Ujoodha, ancien CEO d’Air Mauritius, il faut compter des « pertes sèches de plusieurs dizaines de millions de roupies » pour la compagnie d’aviation nationale. « C’est le coût de l’avion qui est le plus élevé. Qu’un avion soit opérationnel ou reste cloué au sol, il faut payer le leasing qui est, à titre d’exemple, de Rs 40 millions par mois pour un A50, qui est l’avion le plus cher que possède Air Mauritius. Un ATR 72 coûte nettement moins », explique Manoj Ujoodha.
Seul point positif : la compagnie a économisé en termes de carburant. Qu’en est-il du port qui a également été fermé ? « Les bateaux n’ont pas accosté durant l’alerte cyclonique. Ce qui a un impact au niveau de la comptabilité. Ce n’est que dans les jours à venir quand le port sera pleinement opérationnel qu’on pourra faire une évaluation du manque à gagner », indique Ramalingum Maistry, président du conseil d’administration de la Mauritius Ports Authority. Et Afzal Delbar, président de la Customs House Brokers Association, d’ajouter : « Ce sont surtout les opérateurs qui attendaient des importations ou qui devaient exporter qui ont été affectés par la fermeture du port ».
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