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Hausse du coût du ciment : le secteur de la construction dicté par la révision des prix

Le coût de construction a entrepris une courbe haussière pré-Covid. (Photo D'illustration)

La construction, un des secteurs porteurs d’espoir pour la relance de l’économie, se voit embarquée dans la spirale de la hausse des prix. Pour rappel, le gouvernement avait misé sur ce créneau dans le budget 2020-2021.

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Les surprises désagréables se poursuivent pour les consommateurs. Après une fin d’année 2021 marquée par la majoration d’environ 10 % sur le prix du litre de carburant, cette fois c’est celui du ciment qui s’invite à la catégorie de la tendance haussière. C’est également d’approximativement 10 % de plus que le consommateur devra débourser pour l’achat d’une pochette de ciment de 25 kg. Cela intervient après que deux des principaux fournisseurs de ce produit dans le pays, aient révisé leurs prix.

À n’en point douter, l’effet boule de neige se fera sentir sur le secteur cette année. À vrai dire, le coût de construction a entrepris une courbe ascendante pré-Covid. Un opérateur explique qu’il avait bondi de 20 % en 2019. Les opérateurs subissent la hausse du prix du fret et la dépréciation de la roupie. Un conteneur de 40 pieds est, en l’espace de quelque temps, passé de 2 000 dollars à 11 000 dollars. Notre interlocuteur craint que l’on ne puisse sortir de ce cercle infernal. « Attendons-nous à ce que le coût des autres matériaux de construction augmente. Après le coup de massue par rapport à l’augmentation du prix du carburant, les frais de transport des matériaux vont grimper. Ainsi, le coût de construction ne sera pas épargné et ce sont ceux qui sont au bas de l’échelle qui en souffriront », avance notre interlocuteur. Celui-ci concède parallèlement que la tonne de ferraille, qui auparavant coûtait Rs 27 500, se vend aujourd’hui à Rs 43 500.   

Pour autant, la construction devrait être en mesure de tirer son épingle du jeu cette année. D’ailleurs, une source souligne qu’elle a probablement été parmi les seuls secteurs d’activité à se démarquer l’année dernière en dépit de la crise. « Les résidences ou appartements sont un besoin essentiel. La demande risque certes de baisser, mais au vu du nombre de projets qui est en ligne de mire cette année au pays, les perspectives pour 2022 sont correctes », poursuit notre source. Celle-ci fait également ressortir que le projet de 12 000 logements de l’État devrait voir le jour cette année. Or, notre intervenant n’écarte pas la possibilité que le gouvernement revoit son budget par rapport à ce projet. Pour rappel, le ministre des Finances avai misé sur la construction lors du budget 2020-2021 pour relancer l’économie.


Effet direct sur la valeur immobilière

La hausse du prix du ciment influencera le coût de construction qui, par ricochet, aura une incidence sur la valeur immobilière. C’est du moins ce que fait comprendre Ageeanandsing Lodeechand, directeur de l’Agence du Nord. Il dit s’attendre à ce que la demande émanant de la clientèle locale diminue. « Cela aura un gros impact sur la valeur immobilière. Pour la région du Nord, la demande de la clientèle mauricienne se concentrait, entre autres, sur Grand-Baie, soit à Chemin 20 pieds. Or, le coût du terrain est déjà élevé pour cette zone. La valeur immobilière va ainsi grimper », explique Ageeanandsing Lodeechand.  

Le prix de l’aluminium est stable

Qu’adviendra-t-il du prix de l’aluminium avec la révision de celui des autres matériaux de construction ? À cette question, Riad Chitabahal, directeur d’Iglo Aluminium, affirme qu’une hausse n’est pas d’actualité. « Le prix de l’aluminium est stable pour le moment, variant entre Rs 250 et Rs 3 500. Il en sera ainsi tant que le marché international sera stable », dit-il. Cependant, Iglo Aluminium, qui procédait à la livraison gratuite dans un rayon de deux à trois kilomètres, pourrait revoir cette politique en raison de la hausse du prix du carburant. L’entreprise débourse actuellement Rs 2,8 millions pour l’importation d’un conteneur de 20 pieds.


Anil Rambarun, président de la Building Materials Manufacturers Association (BMMA) : « Les particuliers pourraient revoir leur budget alloué à la construction »

Anil RambarunL’année 2021 a vu son lot d’incidences liées à la pandémie sur divers secteurs d’activité. Comment le secteur de la construction a-t-il traversé cette période ?
Plusieurs projets ont été enclenchés l’année dernière et devraient être complétés en 2022. Le constat est qu’au niveau des gros projets, le secteur de la construction a bien marché. Cependant, les constructions individuelles n’ont pas été épargnées par la hausse des prix. Le budget des particuliers a, de ce fait, été réduit.  

Cette année 2022 débute avec la hausse du prix du ciment d’environ 10 %. Quel pourrait en être l’impact sur le secteur et les autres matériaux de construction ?
Il convient de faire ressortir que le coût du carburant a augmenté de 10 %. Lorsque le prix de l’essence et du diesel est en hausse, celui du transport, du ciment, du béton ou encore de la barre de fer bondit également. C’est un effet domino. Ajouté à cela, le coût de la main d’œuvre risque aussi d’être revu à la hausse dans le secteur de la construction. L’on peut s’attendre à ce que les syndicats font la demande alors que le pouvoir d’achat a rétréci. Quid de l’impact sur les consommateurs, les particuliers pourraient revoir leur budget alloué à la construction. Cela, alors que le coût pour construire une maison pourrait augmenter d’environ 5 à 7 %. C’est la classe moyenne et ceux au bas de l’échelle qui subiront de plein fouet les répercussions.

Cela dit, doit-on s’attendre à ce que certains projets en cours soient mis en pause en raison de la hausse des coûts de construction ?
Il se peut que certains acceptent des ajustements de prix avec les fournisseurs. Il faudra probablement revoir les contrats avec les constructeurs. Toutefois, tout dépendra de la nature du contrat, car dans certains cas, le facteur d’escalade du prix de l’essence est indiqué sur le contrat.   

L’on dit que quand la construction va, tout va. Avec le coût grimpant de la construction, peut-on s’attendre que la tendance actuelle remette en cause cet adage ?
Une chose est sûre, c’est que les constructions vont se poursuivent. En revanche, celles-ci coûteront plus cher. Reste à savoir aussi comment est-ce que les particuliers financeront leurs projets de construction. Attendons voir si le gouvernement reverra son soutien financier pour la dalle, par exemple, ce qui absorbera les coûts additionnels.

 

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