Le commerce témoigne d’une vague incessante de hausses des prix. Outre l’imposition d’un contrôle des prix, l’idée d’un ciblage des subsides pour mieux protéger les consommateurs à faible revenu fait son chemin.
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« Les commercants et les mieux lotis ne peuvent bénéficier des subsides destinés aux personnes qui sont réellement dans le besoin ! » Face à la flambée continue des prix, Clency Bibi, président de la General Workers’ Federation (GWF), milite pour un ciblage des subsides et des aides en faveur des plus démunis. Un positionnement sur lequel le rejoint Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM).
En juillet 2021, rappellent-ils, le gouvernement avait décidé d’une subvention de Rs 500 millions aux importateurs pour contrôler les prix de sept produits de base.
« S’il ne l’avait pas fait, aujourd’hui le pays serait dans une situation insoutenable », soutient Jayen Chellum, en évoquant la cherté de la vie.
Cela démontre surtout que « le gouvernement a le pouvoir d’intervenir sur le marché ». Jayen Chellum n’en démord pas. Un contrôle des prix s’impose pour protéger le pouvoir d’achat de la population face à la montée de l’inflation. Une situation qu’il impute d’ailleurs « en grande partie » à la politique de dépréciation de la roupie.
Certes, concède le secrétaire général de l’ACIM, l’on ne peut contrôler les prix de tous les produits indistinctement.
« Par contre, on peut imposer un contrôle sur les prix des produits de première nécessité pour protéger la classe moyenne et la classe défavorisée et un ‘maximum profit-mark’ sur les autres articles pour prévenir les abus de la part de certains commerçants. »
Laisser jouer la concurrence sur le marché pour faire baisser les prix a montré certaines limites face à des importateurs qui sont en situation de monopole, clame Jayen Chellum. « Ils déterminent les prix sur le marché. »
Clency Bibi abonde dans le même sens. Il plaide pour une révision de la formule de subsides et aussi que les produits de première nécessité soient exemptés de la TVA. « Il faut veiller à ce que les subsides aillent aux familles défavorisées ou à revenu moyen. On ne peut plus se permettre que les riches profitent aussi de cette aide de l’État. »
Le président de la GWF cite l’exemple de la farine. « Il faut veiller à ce que la farine subventionnée serve uniquement à un usage domestique et non commercial. » Une question qu’il dit avoir soulevée lors des dernières consultations prébudgétaires. Il souhaite que le gouvernement entame des discussions avec les syndicats et les associations des consommateurs, entre autres, en vue d’arriver à un accord.
D’autant que Jayen Chellum et Clency Bibi craignent tous deux que la situation n’empire. Surtout avec la guerre en Ukraine. Raison pour laquelle le secrétaire général de l’ACIM est en faveur d’une aide directe à certaines catégories de la population. Cela pourrait prendre la forme d’un « voucher » leur permettant de bénéficier d’une subvention sur leurs achats de première nécessité. Il cite notamment les familles à faible revenu, les personnes qui ont perdu leur emploi durant le confinement et les personnes âgées.
Mais avant, souligne Clency Bibi, la première étape est un recensement des revenus des familles afin d’identifier les éventuels bénéficiaires des subsides de l’État. Il estime que la Mauritius Revenue Authority pourrait être d’un grand apport dans ce projet.
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