Elle s’implique dans tout ce qu’elle fait. Hanna Kureemun, 26 ans, est bien décidée à mettre ses connaissances en droit de l’environnement marin au service des autres. Elle revient d’une formation à Madagascar en août et commencera bientôt la campagne de Slow Fish à Maurice. Rencontre.
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Déterminée. Hanna Kureemun l’est. Suite à ses études en France, elle est revenue au pays pour apporter sa pierre à l’édifice de la protection de l’environnement marin. Alertée par ce qui se passe dans nos eaux, Hanna Kureemun veut travailler auprès des jeunes pour désacraliser les grands discours des défenseurs de l’environnement qui sont souvent trop scientifiques pour le citoyen lambda, selon elle. C’est pour cette raison qu’elle consacre son temps à participer à des conférences, débats et autres campagnes pour sensibiliser les autres.
Cependant, son intérêt pour l’environnement remonte à plusieurs années, notamment au cours de ses études. Elle les a commencées à La Réunion avec une licence en droit. C’était en 2009 et, en 2012, elle met le cap sur la France pour une maîtrise en droit public avec option ressources naturelles. Avide de nouvelles connaissances, elle se spécialise par la suite avec une deuxième maîtrise en droit de l’environnement, des espaces et ressources maritimes et de l’aménagement du littoral. C’était à Nice et en août 2014, elle revient à Maurice pour entamer un stage à la Commission de l’océan Indien (COI) dans le cadre de ses études.
Changement climatique
Depuis son retour au pays, elle s’est tournée vers les associations pour s’impliquer dans la protection de l’environnement marin. C’est d’ailleurs grâce à ces contacts qu’elle s’est rendue, à deux reprises, à Madagascar. La première fois remonte à novembre 2015. « Je fais partie du Réseau Climat Océan Indien, le RCOI, qui s’est formé suite à la conférence des jeunes sur le climat, la COY11 », raconte-t-elle.
Ensuite, le RCOI a participé, cette année en août, aux premières sessions d’une formation organisée par la Fondation Friedrich Ebert qui s’intitule ‘Young Leaders Fighting Climate Change’. Pour la troisième session axée sur l’océan, ils ont fait appel à Hanna Kureemun pour intervenir auprès d’une dizaine de jeunes Malgaches sélectionnés parmi les acteurs de la société civile et des institutions étatiques, notamment des ministères de la Jeunesse, de l’Éducation et de l’Environnement. La session tournait autour de deux thématiques : les petits États insulaires en développement et les actions citoyennes de lutte contre les effets du changement climatique sur l’océan.
« À travers de courts exposés ouvrant au débat, un jeu de rôles et un cours pratique d’initiation au secours en milieu aquatique, j’ai pu partager et faire converger mes connaissances en droit de l’environnement marin, mes expériences acquises au sein d’associations et en tant que jeune ilienne et riveraine ainsi que mon appétence pour la protection des ressources marines », souligne Hanna Kureemun. Ce voyage a aussi été marqué par des visites de terrain sur la zone côtière de Tamatave et Foulpointe dans l’Est de la Grande-Île et des conférences animées par un expert océanographe.
Au chômage
De retour, l’avocate ne chôme pas et continue à aider bénévolement des associations. Depuis peu, elle s’est impliquée au sein de Slow Food Tipa Tipa pour une campagne sur les poissons. En effet, suivant l’initiative de Slow Food International, Slow Fish Mauritius est la nouvelle campagne de Slow Food Tipa Tipa. Elle vise à mieux guider les consommateurs en établissant ou rétablissant le pacte entre pêcheurs, citoyens et la mer. La jeune femme se pose de nombreuses questions sur ce qui se passe à Maurice. « Si Maurice est dotée d’une zone économique exclusive de plus de 2 millions de kilomètres carrés, pourquoi importe-t-elle toujours plus de poissons ? Mangeons-nous du bon poisson ? Et, surtout, pourquoi les pêcheurs n’ont plus le vent en poupe ? ».
Ce sont autant de questions qu’elle se pose et, qu’avec l’aide de la campagne, souhaite les répondre à travers trois axes d’actions stratégiques, dont le premier est lié au développement d’une recherche indépendante, afin de comprendre la situation à Maurice. « Le deuxième axe concerne la pédagogie, afin de donner au plus grand nombre la possibilité de faire des choix responsables », indique-t-elle. Son implication dans la protection de l’environnement se fait sur une base sociale puisqu’elle n’a pas trouvé du travail dans le domaine formé. D’ailleurs, elle a été sept mois au chômage avant d’intégrer un cabinet d’avocats, notamment chez Uteem Chambers.
Une passionnée de la mer
La mer l’attire. Depuis qu’elle était petite, elle a toujours eu une connexion spéciale avec l’eau. Cette habitante de Baie-du-Tombeau voit la mer quotidiennement et a d’ailleurs passé beaucoup de son temps sur la plage de Mont Choisy. « Mes parents y vont chaque dimanche dès 7 heures et j’étais un bébé nageur », raconte-t-elle. De plus, en grandissant, elle se butte à une dure réalité : un enfant sur quatre ne sait pas nager à Maurice. C’est de là qu’elle intègre la Royal Life Saving Society Mauritius et est devenue sauveteur en 2014. Elle continue à s’entraîner chaque dimanche.
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