Les Pandora Papers sont venus jeter un froid dans le secteur international de l’offshore. A Maurice, les opérateurs craignent l’influence sur la juridiction suite à cette énième affaire fiscale où le pays est mentionné.
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La poisse semble s’être attachée au secteur offshore à Maurice. Alors que Maurice entame ce mois-ci un dernier tournant (la session plénière) pour quitter la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), le pays est de nouveau mentionné dans l’une des plus grandes enquêtes journalistiques, en l’occurrence, les Pandora Papers. Selon Ovin Goordiah, directeur d’Arrowheads Consultants Ltd, c’est une affaire qui pourrait décourager les compagnies à se lancer dans l’offshore. « Le secteur des services financiers à Maurice est axé principalement sur l’offshore et les Pandora Papers ne sont pas de bon augure dans ce sens » argumente-t-il. Quant à Mahesh Doorgakant, président de Mauritius Finance, il est tenté de dire que l’impact que pourrait avoir cette affaire sur la juridiction mauricienne sera minime. Pour s’expliquer, il avance que les investisseurs souhaitant implémenter une structure à Maurice risquent de repousser leurs décisions. « Ce sera plus un delaying factor qu’autre chose. Nous ne devons pas oublier qu’après les précédents leaks qui pointaient Maurice du doigt et où rien d’illégal n’a été prouvé, les gens comprennent mieux désormais », rassure Mahesh Doorgakant.
Et quid de la sortie de Maurice de la liste grise du GAFI, Ovin Goordiah soutient que l’effet néfaste risque de surgir au moment de la réévaluation de Maurice qui sera effectuée par le GAFI.
Pandora Papers en quelques lignes
Une nouvelle enquête du consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), baptisée «Pandora Papers», a révélé ce dimanche 3 octobre que plusieurs chefs de gouvernement avaient placé leurs avoirs dans des sociétés offshore pour échapper aux impôts. Cette nouvelle enquête, à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes de 151 médias dans 117 pays pendant plus de deux ans, s’appuie sur 11,9 millions de documents provenant de 14 cabinets spécialisés dans la création de sociétés offshore. Selon cette nouvelle enquête, près de 300 responsables publics, 35 chefs d’État, et 130 milliardaires ont dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, notamment à des fins d’évasion fiscale. La liste est longue, mais parmi les personnalités exposées, se trouvent le roi Abdallah II de Jordanie, la chanteuse colombienne Shakira, le mannequin allemand Claudia Schiffer ou l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair.
Source : Internet
Les opérateurs évoquent l’aspect légal de l’optimisation fiscale
Le mode opératoire du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ne fait pas l’unanimité. Pour Akshar Maherally, Managing Director de WTS Tax Consulting (Mauritius) Ltd, le principe utilisé pour les Pandora Papers n’est pas différent de celui des Paradise Papers ou des Panama Papers. « Aucune révélation jusqu’ici ne démontre une quelconque illégalité », souligne Akshar Maherally. D’où l’importance selon Shahannah Abdoolakhan, CEO d’Abler Consulting d’éviter tout amalgame en faisant la bonne distinction entre optimisation fiscale et évasion fiscale. « Bien que l’optimisation fiscale soit souvent montrée du doigt, elle n’est pas illégale », soutient-elle.
L’utilisation d’une structure internationale fait partie, selon Akshar Maherally, de la logique des transactions transfrontalières. Le Managing Director de WTS Tax Consulting (Mauritius) Ltd fait également ressortir que les îles Vierges britanniques ne font pas parties de la liste noire mise à jour de l’Union européenne. « C’est un droit fondamental d’une personne que d’utiliser son argent de manière efficiente et d’effectuer des placements là où elle aura un meilleur retour sur investissement », ajoute Akshar Maherally. Sollicité pour une réaction, Dhanesswurnath Thakoor, CEO de la Financial Services Commission (FSC), a tenu à souligner que Maurice n’est pas un paradis fiscal et que le pays compte des atouts attractifs pour le secteur de l’offshore que sont le coût compétitif de notre système, les ressources, des accords de libre-échange ou encore le cadre de vie.
La FSC ouvre une enquête
37 entités mauriciennes figurent dans les documents des Pandora Papers. Dhanesswurnath Thakoor, CEO de la Financial Services Commission (FSC) affirme qu’une équipe au sein de la Commission travaille actuellement sur ce dossier. « L’objectif est de vérifier si cela est fondé et qui sont ces entités qui ont été mentionnées », souligne-t-il.
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