Interview

Georgina Ragaven, spécialiste de l’entrepreneuriat féminin : «Il est parfois indispensable de prendre des risques calculés pour développer son entreprise»

Georgina Ragaven

Elle est de ceux qui arment les femmes souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat. Georgina Ragaven, conseillère en développement de l’entrepreneuriat féminin au sein du National Women Entrepreneur Council (NWEC), nous parle de la situation et des défis qui se présentent aux femmes entrepreneurs.

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Quel constat faites-vous de l’entrepreneuriat à Maurice ?
Les PME ont parcouru un long chemin à Maurice. Cependant, nous constatons que  les gens ont tendance à se tourner généralement vers les mêmes domaines et types d’affaires au lieu d’explorer d’autres avenues possibles, faire preuve de créativité et penser à des activités commerciales qui sortent des sentiers battus.

Par ailleurs, nous parlons d’économie verte, bleue et bio, mais à quel point sont-elles accessibles aux PME ? Dans la plupart des cas, l’investissement initial pour la création d’entreprises dans ces secteurs est élevé. Les retours sur investissement sont difficiles à atteindre au départ, ceci s’ajoutant au fait qu’il n’y a pas de garantie de succès (comme c’est le cas pour toute nouvelle entreprise). Toutefois, les entrepreneurs doivent être encouragés à s’engager dans le développement durable.

Il demeure que les opportunités de marché, l’innovation, la qualité et la finance restent les mots clés en matière d’entrepreneuriat.

Quelles sont les perspectives pour le secteur entrepreneurial en 2019 ?
Comme chaque année, nous verrons de nouvelles entreprises démarrer, comme nous verrons également beaucoup de microentreprises qui auront du mal à survivre. Mais je suis optimiste et je pense qu’il y aura plus de réussite dans ce secteur. Pour aider les entrepreneurs à se développer, plusieurs mesures ont été mises en œuvre par des organismes privés et publics. Il y a par exemple les récentes suggestions visant à créer plus d’espace d’incubation à un prix raisonnable aux entrepreneurs, le Mentoring and Hand-Holding Program qui vise à renforcer les entreprises en démarrage en fournissant un mentorat et un accompagnement intensif en matière de gestion, technique et autres, aux PME.

Cependant, les exigences en matière de salaire minimum ont eu des conséquences néfastes sur le secteur des petites entreprises. Bien que nous soyons tous d’accord sur des salaires et des conditions de travail équitables, il est important d’examiner les deux aspects de la situation.

En tant que fervente supportrice des femmes entrepreneurs et membre du NWEC, quelles sont les défis que rencontrent les femmes pour développer leur entreprise?
C’est la finance. Quel que soit le secteur ou le milieu, malgré de bonnes idées, elles ignorent comment démarrer lorsque la question du financement entre en jeu. Cependant, il y a plusieurs plans d’aides qui sont mis en place, que ce soit par le biais d’institutions publiques ou privées, qui offrent un soutien financier aux entreprises. Par ailleurs, beaucoup ne saisissent pas les opportunités de marketing qui s’offrent à elles. Il est important de s’adapter au marketing numérique, afin d’optimiser le gain en visibilité et en vente. Une autre difficulté serait pour ces femmes d’établir le coût d’un produit, et souvent il est en deçà de ce qu’il devrait être.

L’entrepreneuse oublie les coûts impliqués, outre les matières premières. Dans cette optique, une formation est proposée par le NWEC ainsi que par d’autres institutions pour favoriser l’autonomisation des femmes entrepreneurs.

Pensez-vous que les femmes sont toujours confrontées à la discrimination quand elles viennent à créer leur entreprise?
Je ne sais pas vraiment s’il s’agit de discrimination mais plutôt le fait que certaines femmes ne savent pas où demander de l’aide ou ont peur d’être en concurrence avec les hommes dans le domaine de l’entrepreneuriat. Par exemple, en ce qui concerne l’exportation de leurs produits, la préparation d’un appel d’offres ou d’une procédure de passation de marché pour des contrats importants, nous constatons que très peu de femmes sont prêtes à essayer. Est-ce que cela doit être considéré comme une discrimination ? Ce n’est pas sûr. Il est nécessaire de prendre des risques, calculés si possible, pour que l’entreprise puisse croître et prospérer. Malheureusement, dans certains cas, les femmes entrepreneurs ne passent pas de contrat avec des clients par crainte de ne pas être en mesure de livrer à temps.

 

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