Un prêtre a été égorgé mardi 26 juillet et une personne grièvement blessée, et est entre la vie et la mort, lors d’une prise d’otages dans une église à Saint-Étienne-du-Rouvray, dans le nord-ouest de la France ; une attaque qui exacerbe la tension dans un pays ciblé par une série d’attentats.
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Deux hommes sont arrivés dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray (Normandie, nord-ouest), une commune de 29 000 habitants située dans l’agglomération de Rouen, à l’heure de la messe matinale. Ils ont pris en otages cinq personnes qui se trouvaient à l’intérieur, ont tué un prêtre et grièvement blessé une autre personne. En sortant de l’église, les deux preneurs d’otages se sont retrouvés face à face avec des policiers de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Rouen qui les ont abattus. Le groupe État islamique (EI) a affirmé que l’attaque menée mardi 26 juillet dans cette église avait été exécutée par deux de ses « soldats », selon l'agence Amaq, un organe de propagande du groupe djihadiste. Les auteurs de l’attaque « répondaient aux appels à prendre pour cible les pays de la coalition » internationale qui combat l’EI en Irak et en Syrie, d’après Amaq. Bouleversant son agenda, le président français François Hollande s’est rendu immédiatement sur place. « La France entière et tous les catholiques sont meurtris », « Nous ferons bloc » face à cette « attaque barbare », a tweeté son Premier ministre Manuel Valls. Le pape François s’associe à « la douleur et à l’horreur », a indiqué le Vatican, en condamnant « un meurtre barbare » dans « un lieu sacré où s’annonce l’amour de Dieu ». Selon le ministère de l’Intérieur, trois otages ont pu être libérés sains et saufs de cette église d’une cité populaire dans la banlieue de Rouen. Selon l’archevêque de Rouen, le prêtre était le père Jacques Hamel, 84 ans. Selon des sources proches de l’enquête, il a été égorgé. Un ex-otage se trouvait mardi 26 juillet entre la vie et la mort. Les deux preneurs d’otages, dont les motivations sont inconnues pour l’heure, ont été abattus par la police, selon le ministère de l’Intérieur. Le parquet antiterroriste a été saisi. Cette prise d’otages dans un édifice religieux est survenue près de deux semaines après l’attentat à Nice du 14 juillet, revendiqué par le groupe État islamique, qui a fait 84 morts et plus de 350 blessés. Elle survient aussi le jour de l’ouverture à Cracovie (Pologne) des Journées mondiales de la jeunesse, grand rassemblement catholique auquel doit participer le pape François. « Je crie vers Dieu, avec tous les hommes de bonne volonté. J’ose inviter les non-croyants à s’unir à ce cri », a indiqué dans un communiqué l’archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, depuis Cracovie. « L’innommable arrive », a-t-il aussi affirmé en Pologne. La menace d’une attaque contre un lieu de culte chrétien planait depuis plus d’un an en France, notamment depuis l’échec d’un projet d’attentat en avril 2015 contre une église catholique de Villejuif, en banlieue parisienne. Un étudiant algérien de 24 ans, Sid Ahmed Ghlam, est soupçonné d’avoir voulu prendre pour cible cette église, et peut-être d’autres lieux de culte catholiques en région parisienne. L’homme avait été arrêté avant qu’il ne puisse mettre son projet à exécution. Après le projet d’attaque à Villejuif, le gouvernement avait annoncé une « adaptation » du dispositif de lutte antiterroriste concernant les lieux de culte catholiques. Mais si les quelque 700 écoles et synagogues juives et plus de 1 000 des 2 500 mosquées sont protégées dans le cadre de l’opération militaire Sentinelle, il paraît illusoire d’appliquer un même niveau de sécurité à la totalité des 45 000 églises catholiques, auxquelles s’ajoutent 4 000 temples protestants, dont 2 600 évangéliques, et 150 lieux de culte orthodoxes.
Menace permanente
Frappée trois fois en 18 mois par des attentats sans précédent (17 morts en janvier 2015, 130 morts le 13 novembre, 84 morts le 14 juillet), la France vit dans la crainte de nouvelles attaques risquant de fracturer davantage la société. Depuis l’attentat de Nice (sud-est), le gouvernement socialiste a été accusé par la droite et l’extrême droite de n’avoir pas assez pris en compte le niveau de la menace terroriste. Dans l’opinion, la colère a aussi pris le pas sur le sentiment d’unité nationale qui avait prévalu lors des deux premières attaques de masse de 2015. Depuis plus d’un an, plusieurs projets d’attentat de masse ont été déjoués mais des attaques ciblées, telles le double meurtre de policiers à leur domicile près de Paris en juin, ont profondément choqué la France. Manuel Valls a prévenu le 19 juillet que la France devait s’attendre à « d’autres attentats et de nouveaux innocents tués », donnant du grain à moudre à ses détracteurs qui l’accusent de « fatalisme ». Depuis les carnages de 2015, les autorités ont prolongé plusieurs fois l’état d’urgence, un régime d’exception permettant notamment des assignations à résidence, entré en vigueur dans la foulée des attentats de Paris en novembre 2015.
Avec l’AFP
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