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État, ménages et entreprises engouffrés dans la spirale de la dette

Le recours à l’endettement jouerait un rôle essentiel pour le développement, selon la Banque mondiale.
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L’endettement, soit-il de l’État, des ménages ou des entreprises, avait pris l’ascenseur dans le sillage de la pandémie. Plus de deux ans après la crise sanitaire, le niveau de la dette ne fléchit pas. Bien au contraire, de nouveaux éléments influencent son mouvement. 

Sommes-nous devenus une nation endettée ou l’étions-nous déjà ? À fin mars 2023, les chiffres provisoires du ministère des Finances indiquaient une dette publique à Rs 483 milliards. Sachant qu’avec un montant de dette publique à Rs 419,8 milliards en septembre 2021, la dette par tête d’habitant était estimée à Rs 331 000. Celle-ci pointe de ce fait vers le haut en se basant sur les dernières données de 2023. Certes, comme l’explique Pierre Dinan, il faut tenir compte du fait que la valeur de la roupie mauricienne n’est plus la même. Ajouté à cela, le fait que le Produit Intérieur Brut (PIB) du pays soit passé de Rs 544 milliards en septembre 2022 à Rs 590 milliards en mars de cette année. 

Dans un document de la Banque mondiale intitulé ‘Dette et développement’, il est souligné que « le recours à l’endettement joue un rôle essentiel pour le développement ». Pierre Dinan fait, pour sa part, comprendre que la reprise économique peut pousser des entreprises à emprunter. Cette reprise s’est traduite par un taux de croissance de 8,8 % l’année dernière alors que celui de 2023 devrait, selon les projections de Statistics Mauritius, osciller à 5,3 %. Parallèlement, les chiffres de la Banque de Maurice indiquent que les prêts des banques commerciales accordés aux entreprises à fin mai 2023 s’élèvent à Rs 304 milliards. La Mauritius Investment Corporation (MIC) a, de son côté, débloqué un total de Rs 49, 42 milliards en faveur de 50 entités au 31 mai 2023. 

Pierre Dinan, Sanjay Mungur, fondateur et CEO de FinClub et Suttyhudeo Tengur.
Pierre Dinan, Sanjay Mungur, fondateur et CEO de FinClub et Suttyhudeo Tengur.

Motif des demandeurs de prêts

Une source à la Mauritius Investment Corporation (MIC) indique que les entreprises ont aujourd’hui une meilleure capacité de remboursement. Le bilan des entreprises cotées en bourse témoigne d’ailleurs de leur santé financière. Toutefois, la nature des demandes de prêts qui se dirigent vers la MIC diffère aujourd’hui de l’assistance financière recherchée durant la période de pandémie. « Les prêts consentis sont à des fins d’investissements », explique notre source. 

Les ménages ne sont pas en reste. Les différentes options de prêts ont élargi le choix de ces derniers. FinClub a d’ailleurs vu son nombre de demandes de prêts bondir de plus de 38 % entre les deux derniers trimestres de 2022. Les particuliers et travailleurs indépendants qui sollicitent FinClub empruntent, selon Sanjay Mungur, fondateur et CEO de la startup, pour des raisons personnelles. Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), fait pour sa part un autre constat : « les ménages contractent des prêts, car ils ne parviennent pas à joindre les deux bouts ». 

Fait notable, le revenu minimum garanti à Rs 15 000 a eu un impact sur le critère d’éligibilité pour des prêts de certains ménages. Ce facteur qui influence la capacité de remboursement, fait dire à Sanjay Mungur que le nombre de demandes de prêts pour le second semestre 2023 devrait pointer vers le haut. Suttyhudeo Tengur s’attend également à ce que l’endettement des ménages poursuit sa courbe ascendante. « Le monde est noyé dans la dette des ménages », concède-t-il. Cependant, selon Pierre Dinan, il convient de rester vigilant, car emprunter uniquement pour la consommation peut comporter des risques. 

Profits dopés des banques

La situation actuelle fait la bonne affaire des banques. Les ménages ont emprunté à hauteur de Rs 150 milliards en mai dernier auprès des banques commerciales.  Suttyhudeo Tengur constate que le Key Rate à 4,5 % importe peu. Ce qui compte, ce serait la facilité de paiement sur le long terme. Le taux d'intérêt des banques sur les nouveaux prêts en roupies accordés aux ménages était entre 1,6 % et 24 % selon les données de la Banque de Maurice. À pareille époque en 2019, les ménages empruntaient sur un taux d’intérêt oscillant entre 2 % et 17,35 %, alors que le salaire minimum était à Rs 9 000.

Le bilan financier des deux plus grandes entités bancaires de l’île ne dément pas. La SBM Bank a réalisé des bénéfices après impôts de Rs 3,5 milliards pour l'exercice clos le 31 décembre 2022, contre Rs 2,1 milliards pour l'exercice 2021. Cela s'explique principalement par une croissance significative de 10,5 % des prêts nets. Du côté de la MCB, le total des actifs a connu une croissance de 13,3 %, passant de Rs 658,2 milliards à Rs 745,5 milliards entre le 31 mars 2022 et le 31 mars 2023. Le rapport financier pour les neuf mois clos au 31 mars 2023 indique que cette progression est due en grande partie à la croissance des prêts et avances aux clients et des titres de placement. À noter que les prêts et avances accordés par la MCB à ses clients ont augmenté de 6,9 % pour atteindre Rs 317,4 milliards par rapport à la même période de l'année précédente. 

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