Economie

Entrepreneuriat : opportunités et contraintes

Le ministre des Affaires, des Entreprises et des Coopératives a lancé, lundi, le Plan directeur sur 10 ans pour l’avancement de petites et moyennes entreprises à Maurice. L’objectif du gouvernement est de faire des PME l’épine dorsale de l'économie, mais ces entreprises font toujours face à de multiples contraintes.

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38 % des PME sont engagées dans le commerce, 17 % dans le secteur du transport, 14 % dans le manufacturier, 10 % dans la construction, et le reste dans les services comme l’éducation, la santé, les finances et l’immobilier, selon Statistics Mauritius. Les PME représentent environ 100 000 entreprises, employant presque 45 % de la main-d’œuvre totale.

Prithviraj Fowdur.

La société Empretec Mauritius a produit son ‘Master Plan’ commandité par le ministère des Affaires, des Entreprises et des Coopératives. Ce Plan directeur sera mis en pratique afin d’assurer l’avenir des PME pendant les dix prochaines années. Pour le ministre responsable du dossier des PME, dans un contexte économique difficile, surtout avec la mondialisation et la concurrence accrue, il fallait bien un ‘Master Plan’ à long terme pour mieux encadrer les petites et moyennes entreprises (PME). Les PME sont de tous temps considérées comme le véritable moteur du développement économique, et le ministère de tutelle veut faire des PME l’épine dorsale de notre économie.

Pendant ces deux dernières années, le secteur des PME a vu l’avènement d’un 'One-Stop-Shop’ à la Maubank avec un guichet spécial pour les PME. Il y a aussi eu des mesures budgétaires pour booster les petites entreprises.

Les objectifs du plan directeur

Le ‘Master Plan’ est une étape importante dans la réalisation de la vision du ministère. Les objectifs principaux sont :

  • Revoir les priorités, de même que les ‘policies’ existantes afin d’identifier les secteurs d’avenir pour les PME
  • Evaluer les agences existantes qui soutiennent les PME
  • Analyser les facteurs qui affectent la performance des PME et voir comment relever les défis
  • Préparer une feuille de route pour le développement des PME à long terme
  •  Elaborer des plans d’action par secteur d’activité
  • Trouver un nouveau moyen d’évaluation de l’efficacité des programmes de financement existants

Pour l’économiste Prithviraj Fowdur, le temps des plans stratégiques à long terme est révolu. « Aujourd’hui, il est surtout question des plans à court terme, réalisables rapidement et avec des résultats immédiats. Je pense que le gouvernement aurait dû se concentrer sur des plans stratégiques présentables en deux ans, correspondant au reste du présent mandat. » Il ajoute que le plan de 10 ans sera affecté par l’évolution de la technologie et autres facteurs locaux et internationaux. « Le secteur des PME est malade, pour ne pas dire déshydraté et demande une intervention urgente », conclut-il.

Amar Deerpalsing : « Réalisable s’il y a la volonté politique »

Amar Deerpalsing, président de la Fédération de petites et moyennes entreprises, dit accueillir favorablement le nouveau ‘Master Plan’ pour les PME. « Je pense que c’est réalisable s’il y a une véritable volonté politique. Mais j’ai deux principaux soucis : d’abord, c’est un plan sans budget, car c’est maintenant que le ministre doit chercher le budget nécessaire pour sa mise en œuvre. Deuxièmement, est-ce que nous avons les ressources humaines nécessaires pour réaliser le plan ?

Il faut comprendre que le ministre des Entreprises doit avoir le soutien interministériel nécessaire. Mon vœu c’est qu’on arrive à réaliser l’objectif, mais je demeure sceptique quand je note que nous avons reculé dans le secteur malgré l’introduction de MyBiz, etc. »

Opportunités
Les petits entrepreneurs sont toujours à l’assaut des opportunités. Certes, il y a les nouveaux horizons africains, mais au niveau local, on attend la relance de grands projets annoncés. Pour l’économiste Arvind Nilmadhub, la décentralisation des services publics donnera du sérum aux PME, car de nouvelles activités verront le jour à travers le pays. « Pour booster l’efficacité, les services publics doivent ‘outsource’ plusieurs procédés aux petites et moyennes entreprises. Cela aidera à améliorer les services tout en aidant à créer des emplois. Je ne parle pas ici de privatisation, mais plutôt d’une réorganisation des services publics. »

Stéphane Augustin : « Le financement participatif est un alternatif »

Stéphane Augustin, petit entrepreneur, propose des solutions innovantes aux entrepreneurs. Pour lui, l’accès au financement demeure un obstacle majeur. « Cependant, le concept du ‘Crowd Funding’ est un alternatif aux emprunts bancaires traditionnels. Le Financement Participatif, ou encore Sociofinancement,  est une autre façon pour les petites entreprises de récolter des fonds pour leur projets.

Ainsi, l’association d’un grand nombre de personnes investissant un petit montant permet aux porteurs de projets de trouver les fonds demandés. À Maurice, ce concept est encore méconnu, bien qu’il y ait déjà deux plate-formes de ‘crowdfunding’: kibizin.com et smallstepmatters.org. Le crowdfunding peut intéresser les jeunes ayant des idées exceptionnelles, mais qui n’ont pas les moyens de financer. »

Les grands défis

Booster la compétitivité
Les entrepreneurs mauriciens sont en compétition avec les pays en développement. À Maurice, le coût de production augmente d’année en année. La compétitivité repose essentiellement sur l’innovation.

Exportation
L’exportation demeure un salut pour nos entrepreneurs, qui s’efforcent d’adopter des normes internationales pour pouvoir capter de nouveaux marchés.

Idées nouvelles
Les entrepreneurs existants, tout comme les nouveaux entrepreneurs, doivent pouvoir générer des idées nouvelles afin d’assurer la survie de leurs entreprises. Or, il n’y a pas assez de réflexions dans le secteur quant aux nouvelles idées viables et valables.

Accès à l’information
L’accès à l’information est primordial pour la réussite des petites et moyennes entreprises. Elles doivent connaître les opportunités qui émergent, de même que les facilités mises à leur disposition par les autorités.

Le marketing
Produire est une chose, mais il faut pouvoir vendre le produit. L’entrepreneur doit consacrer un budget pour la promotion de ses produits. Que ce soit en créant un site web, en louant les services d’une agence de communication ou en employant un professionnel du marketing, il faut investir.

Accès aux finances
Le financement des projets demeure le plus gros souci des entrepreneurs. Bien qu’il y ait plusieurs plans de financement disponibles à l’intention des entrepreneurs, ils ne sont pas tous éligibles.

La main-d’œuvre
Beaucoup d’entreprises font face à un manque de main-d’œuvre et cela a un impact négatif sur la production. Alors que certaines entreprises sont autorisées à avoir recours à la main-d’œuvre étrangère, d’autres n’ont pas cette possibilité. Pourtant, la disponibilité d’une main-d’œuvre adéquate et formée est indispensable à la bonne marche de l’entreprise.
Les tracasseries administratives

La bureaucratie a toujours affecté les entrepreneurs, d’où la mise sur pied d’une ‘One-Stop Shop’ afin de réunir plusieurs services sous un même toit. Mais il reste toujours d’autres tracasseries administratives.

Au niveau fiscal, par exemple, il y a trop de formalités pour les petits entrepreneurs qui n’ont pas les moyens d’engager des experts comptables pour les aider. Ailleurs, il y a toujours des pratiques inégales, par exemple la ‘Road Tax’ sur les véhicules utilitaires est jugée trop élevée (Rs 13 000) alors que les petits entrepreneurs doivent s’en servir. À noter que tous les entrepreneurs ne sont pas éligibles au tarif concessionnaire.

 

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