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Engagisme : sur les pas de nos ancêtres

Ce 2 novembre, nous célébrons les 182 ans de l’arrivée des premiers travailleurs engagés à Maurice. Ils ont tout d’abord posé les pieds à l’Aapravasi Ghat, à Port-Louis, avant de s’installer dans divers endroits. Ils ont façonné le développement et le peuplement de l’île.

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Nous sommes le 2 novembre 1834. Le bateau Atlas accoste à Port-Louis avec, à son bord, les 36 premiers travailleurs engagés indiens qui foulent le sol mauricien en quête d’un avenir meilleur. Les yeux remplis d’espoir, ils montent un à un les 16 marches du dépôt d’immigration, auparavant connu comme Coolie Ghat. Le lieu sera nommé Aapravasi Ghat en 1989. « Ghat signifie le lieu où la mer rencontre la terre. L’Aapravasi Ghat est aujourd’hui un lieu sacré empreint d’histoire », explique Dharam Yash Deo Dhuny, président de l’Aapravasi Ghat Trust Fund (AGTF). Cette année, d’ailleurs, cela fera dix ans que l’Aapravasi Ghat est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.

Dharam Yash Deo Dhuny, président de l’Aapravasi Ghat Trust Fund.

Les travailleurs engagés passaient ensuite deux jours au dépôt d’immigration avant d’être placés dans un domaine sucrier. « Les sirdars s’occupent de la sélection des travailleurs. Ils constituent alors des bandes de travailleurs, d’où l’expression ‘nou bann’, pour les planteurs », ajoute Corinne Forest, Head Technical Unit. Le jour de la distribution, les travailleurs signent chacun un contrat de cinq ans. Un Immigrant Ticket, équivalent à une pièce d’identité, leur est remis. « Un travailleur engagé pouvait toucher entre Rs 5 et Rs 6 par mois. Le contrat stipule qu’il a droit à un logement, des vêtements, de la nourriture et des soins médicaux. »

Toutefois, ajoute notre interlocutrice, les conditions de vie de ces immigrants étaient déplorables au début. En 1871, une pétition pour améliorer leurs conditions de vie circule. 10 000 signatures sont collectées. Quatre ans après, le gouvernement britannique envoie une commission sur l’île pour analyser la situation. Entre-temps, le système de l’engagisme est suspendu. Il reprendra plus tard avant de prendre fin officiellement en 1910. Ce n’est qu’en 1938 que le poste de Protecteur de l’immigration est aboli.

Les autres sites historiques

  • Trianon : Placé sous la juridiction de l’AGTF, un projet de conservation est en cours aux Old Labourers Barracks depuis 2007. Il s’agit d’un ancien logement pour sirdars, les travailleurs qui jouissaient d’un certain statut dans la hiérarchie du système sucrier. Plus de 1 000 travailleurs engagés vivaient dans ces camps qui sont aujourd’hui transformés en champs de canne à sucre. Les Barracks seront bientôt ouvertes au public et accueilleront des expositions.
Le Vagrant Depot.
  • Forbach : Un partenariat a été signé avec les propriétaires, Harel Frères, pour conserver la longère. Des travailleurs engagés y vivaient. Il y a également le Vagrant Depot qui était utilisé pour emprisonner ceux qui ne détenaient pas leur ‘Immigrant Ticket’. La peine d’emprisonnement ne dépassait pas trois mois. Le Gateway, bâtiment en pierre incendié pendant les émeutes de 1999, est en restauration. Il est placé sous l’égide du ministère de la Santé.
  • Antoinette : Des recherches ont été menées sur les vestiges de ce lieu appartenant à Terragri Ltd. L’idée est de créer une carte pour situer chaque bâtiment du domaine.
L’île Plate abritait un site de quarantaine.
  • L’île Plate : Un lieu important dans l’histoire de l’engagisme à Maurice. La variole, le choléra, la malaria et la dysenterie affectaient les immigrants. Le manque d’infrastructures et d’eau sur l’île pousse le gouvernement colonial de l’Inde à suspendre l’immigration à Maurice en 1854. Il impose au Secrétaire colonial de Maurice de créer des sites de quarantaine. En 1856, deux sites voient le jour, à l’île Plate et à Pointe-aux-Canonniers.
  • Clémencia : On y trouve l’un des plus anciens kalimayes sur un domaine sucrier. Les travailleurs engagés étaient libres de pratiquer leur religion sur le domaine contrairement aux esclaves. « Nous avons aussi remarqué que les planteurs contribuaient au financement de la construction de ces temples dédiés à la déesse de protection, Kali. Certains villages sont d’ailleurs entourés de trois kalimayes qui forment un triangle », explique Dharam Yash Deo Dhuny. Depuis plus de quatre ans, l’anthropologue français Mathieu Claveyrolas travaille sur un livre sur les kalimayes à Maurice.

Publication

Un livre consacré à l’Aapravasi Ghat et aux 36 premiers travailleurs engagés sera lancé ce mercredi 2 novembre.

En chiffres

Maurice est connu pour être « The Great Experiment » car le pays a accueilli le premier système d’engagisme. Plus de 2 millions de travailleurs engagés sont enregistrés dans le monde, dont plus de 600 000 ont transité par Maurice. 462 000 sont arrivés sur l’île entre 1834 et 1910 et 90 % d’entre eux viennent de l’Inde. D’autres sont originaires d’Afrique, d’Asie de l’Est et de Chine, entre autres.

 

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