
Pour la psychologue Anjum Heera Durgahee, considérer le smartphone comme un simple outil d’apprentissage ou de distraction est une grave erreur. Introduits trop tôt, dit-elle, ils deviennent des éléments perturbateurs majeurs du développement émotionnel et cognitif des enfants. Dans un document intitulé « Smartphones and Social Media: A Hidden Threat to Preteen Mental Health », elle dresse un constat préoccupant, mais éclairant.
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Dès les premières lignes, elle rappelle que le cerveau d’un enfant de moins de 13 ans est encore en pleine construction. « Les zones liées à la régulation des émotions, au contrôle des impulsions ou à la formation de l’identité sont immatures. Une exposition précoce et répétée aux écrans vient perturber ces mécanismes de développement », explique-t-elle.
Les répercussions sont multiples : déficit de l’attention, troubles du sommeil, anxiété, repli sur soi et estime de soi affaiblie. Mais le danger ne vient pas uniquement de l’appareil lui-même. C’est l’usage non encadré, notamment des réseaux sociaux, qui aggrave la situation. Pour le Dr Heera Durgahee, ces plateformes, qui agissent comme des déclencheurs chimiques, sont pensées pour capter l’attention… et ne plus la lâcher.
« Chaque notification ou chaque ‘like’ active le circuit de la récompense dans le cerveau, comme une mini-dose de dopamine. Cela crée une addiction comportementale chez les plus jeunes », explique-t-elle. Les symptômes sont bien réels : irritabilité, vérification compulsive de l’appareil, difficultés de concentration et désintérêt pour les activités sociales.
Autre facteur aggravant, selon la psychologue : la pression sociale générée par les réseaux. L’enfant se compare à des images filtrées, cherche l’approbation à travers des « likes », redoute l’exclusion numérique ou encore le cyberharcèlement. « Il est souvent exposé à des pressions sociales auxquelles il n’est pas préparé. Cela peut laisser des traces émotionnelles durables. »
Le Dr Heera Durgahee appelle à une prévention active, structurée et réaliste, loin de toute posture punitive. « Retarder le plus possible l’âge d’accès au smartphone est déjà un pas important. » Mais cela ne suffit pas, selon elle. Elle estime qu’il faut poser des règles claires.
Parmi ses recommandations : instaurer des zones sans écran (comme les chambres ou lors des repas), encourager les activités physiques et les échanges réels hors écran, et surtout ouvrir un dialogue régulier avec l’enfant sur son expérience numérique.
Le rôle parental est, selon la psychologue, central. « Il ne s’agit pas d’espionner, mais de guider. L’idée n’est pas d’interdire le numérique, mais de l’introduire progressivement avec des repères solides. » Une posture qu’elle résume en ces termes : « Un smartphone n’est pas un jouet d’enfant. C’est un objet conçu pour des adultes, dans un monde adulte. Notre responsabilité est de bâtir des enfants solides dans cet univers connecté et ne pas les y abandonner. »

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