Il a perdu sa station-service suite à la Compulsory Land Acquisition. Ce faisant, il se retrouve criblé de dettes, car deux ans après, il n’a toujours pas été compensé par l’État. Actuellement, il doit se contenter que de Rs 1 000 par mois pour vivre.
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La famille Sow opérait une boutique, puis une station essence, depuis presque 100 ans à route Royal, Telfair, Moka. Il y a deux ans, pour les besoins d’un rond-point, l’État a procédé à une « compulsory land acquisition », sans d’abord prévenir la famille. C’est ce que révèle Yong Ting Sen Sow, 73 ans, l’ex-gérant de la station-service.
Qui dit « compulsory land acquisition », dit compensation par l’État. Yong Ting Sen Sow avance qu’il n’a pas encore reçu de compensation de l’État. Et ce, deux ans après.
Du coup, il se trouve privé de sa principale source de revenus puisque sur la partie réquisitionnée se trouvait non seulement sa station-service, mais aussi sa très ancienne boutique.
Yong Ting Sen Sow se trouve privé de sa principale source de revenus... sur la partie réquisitionnée se trouvaient sa station-service et son ancienne boutique»
Le gérant se trouve aujourd’hui criblé de dettes. Il doit des millions à la banque, à ses employés de longue date et aussi à d’autres créanciers.
Yong Ting Sen Sow touche une pension de Rs 12 000. Comme intérêts, la banque ponctionne Rs 11 000 de cette somme. Donc, il ne lui reste que Rs 1 000 pour subvenir à ses besoins chaque mois.
Quant à ses deux employés de longue date, ils ne travaillent plus depuis deux ans et n’ont pas de revenus.
Témoignage d’un ancien employé
Parsooramen Arian, 57 ans, le plus ancien employé de Yong Ting Sen Sow précise: « J’ai travaillé à la station-service pendant 40 ans. Le 3 août 2018, mon patron a reçu une notice, informant que la station cesserait ses activités. Évidemment, trois jours après, l’approvisionnement en essence a été stoppé. Donc, depuis 2018 jusqu’à maintenant, je ne perçois aucun salaire. Cela a été une terminaison abrupte de mon emploi, de mon temps de service dans cette station-service où j’ai consacré toute ma carrière. Mon patron est criblé de dettes. Il doit à la banque et à d’autres personnes.
Depuis deux ans, il frappe à toutes les portes, allant d’un endroit à un autre, mais rien n’a abouti jusqu’ici. Mon patron est maintenant malade et c’est moi qui ai pris le relais pour les démarches. Mon frère est aussi dans la même situation. Il compte 34 ans de service ». C’est la fille de Parsooramen, 23 ans, qui doit se charger de payer les factures de la maisonnée.
Rs 20 510 500
Selon un document officiel en provenance du ministère de la Public Infrastructure and Land Transport (Public Infrastructure Division) en date du 8 mai 2019 et signé par G. Bundhooa, Deputy Permanent Secretary, il a été annoncé à la famille Sow que l’État a estimé la valeur du terrain réquisitionné à Rs 20 510 500.
Compulsory Land Acquisition
En général, quand il s’agit d’une « compulsory acquisition » de la part du ministère des Infrastructures publiques, c’est ce ministère qui dessine le tracé avant de demander au ministère du Logement de procéder à l’acquisition du terrain. Le propriétaire du terrain pouvait contester, mais depuis une dizaine d’années, la loi a été amendée. Est-ce que le propriétaire peut toujours négocier comme avant ?
Dans le cas de Yong Ting Sen Sow, le montant de la compensation proposée par l’État est de Rs 20,5 millions.
Signalons que le propriétaire peut aussi avoir un attachement sentimental avec son terrain, comme dans le cas de Yong Ting Sen Sow dont le terrain est un héritage ancestral, qu’il considère comme étant un patrimoine, car il fut acheté par son père à son arrivée à Maurice de Chine, il y a 100 ans ou plus.
Les éclaircissements apportés par le ministère des Infrastructures publiques
Shanmugga Alagapen, attaché de presse du ministère des Infrastructures publiques, a apporté des éclaircissements sur le dossier Sow. « C’est un projet de la Road Development Unit en rapport avec l’ « upgrading » d’une route et la construction d’un rond-point dans le cadre du projet de « smartcity » d’ENL, cela à partir du rond-point de Réduit pour aller jusqu’à Moka », a-t-il expliqué.
« Un premier exercice d’acquisition a eu lieu en mars 2014 sous la « Compulsory Land Acquisition », concernant une portion de terrain de 350 mètres carrés avec un bâtiment dessus, le tout estimé par l’État à Rs 16 915 000 », a-t-il ajouté.
« Par la suite, il y a eu un deuxième lopin de terre, d’une superficie de 40 mètres carrés, également acquis sous la « Compulsory Land Acquisition », avec les négociations ayant débuté en mai 2019. »
« Les procédures de « compulsory acquisition » ont finalement démarré le 2 juillet 2020. Valeur du jour, c’est la somme de Rs 20 510 500 qui a été proposée aux divers héritiers du terrain. Le dossier est actuellement sur la table du ministère du Logement. C’est ce ministère qui doit procéder au paiement », a précisé l’attaché de presse.
« Maintenant que l’acquisition a été complétée, le dossier pourrait être mis sur « fast track » afin que les héritiers puissent obtenir leur compensation au plus vite », a laissé entendre l’attaché de presse. « Cependant, cela pourrait prendre encore quelques mois », a-t-il ajouté.
Un rendez-vous a été fixé entre l’attaché de presse et Parsooramen Arian à qui les coordonnés de l’officier ont été remis. À l’heure où vous lisez ces lignes, la rencontre devrait avoir eu lieu.
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