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Covid-19 : pourquoi la nouvelle vague de contamination est-elle moins mortelle ?

Lors d’un point de presse le vendredi 12 mars 2021, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, se basant sur des preuves empiriques, a affirmé que cette nouvelle vague de contamination à la Covid-19 au pays est moins « lethal », voire mortelle. Pourquoi ? Le point dans cet article.

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Le ministre Kailesh Jagutpal : « Contrairement à l’an dernier, nous avons une capacité énorme pour les tests PCR »

jagatpalEn mars 2020, lorsque la pandémie mondiale de Covid-19 a gagné le territoire mauricien, la flambée des cas positifs ne s’est pas fait attendre. Et lors de cette première vague de contamination, il y a eu dix morts. Cette année-ci, après que le pays a été touché par une deuxième vague de contamination, quatre clusters - Wootun, Forest-Side, Curepipe et Malherbes - ont été identifiés et d’autres sont sous investigation. De même, les circonscriptions 15,16 et 17 ont été décrétées « zones rouges ».

Dans la lutte contre la résurgence de la pandémie de Covid-19 au pays depuis l’enregistrement d’un premier cas le 5 mars 2021, le ministère de la Santé et les autorités multiplient les efforts pour contrôler du mieux possible, le taux de contamination au sein de la population.

Second confinement national au pays, exercices de contact tracing intenses par une dizaine d’équipes du ministère de la Santé, dépistages en masse et le placement des personnes liées aux clusters Wootun, Forest-Side, Curepipe, Malherbes et autres en quarantaine dans les hôtels à travers le pays, le dépistage dans les Covid centres des hôpitaux, la campagne de vaccination ainsi que des tests aléatoires au sein de la communauté sont autant de mesures prises pour assurer en ce moment la santé publique. « L’an dernier, nous ne pouvions pas faire tout cela. Ce qui fait la différence cette année-ci, c’est notre capacité à faire les tests un peu partout à travers l’île. C’est ce qui, en ce moment, nous aide à avoir une meilleure gestion de la Covid-19 au pays. Pareillement, grâce à des méthodes scientifiques entreprises, nous arriverons à une meilleure conclusion sur la situation dans le pays », a affirmé Kailesh Jagutpal lors d’un point de presse dans l’après-midi du dimanche 14 mars 2021. Cela, tout en ajoutant que le gouvernement ne baissera pas les bras et continuera à assurer la santé publique. Le ministre de la Santé se dit aussi convaincu que si la population donne un coup de main et agit de façon responsable en suivant les consignes sanitaires, cela permettra à Maurice de re-accéder à son statut « Covid-Safe » dans un proche avenir.


Le Dr Zouberr Joomaye : «Les tableaux cliniques indiquent que les contaminés ont moins de symptômes»

zouberrCommentant la déclaration du ministre de la Santé selon laquelle la situation est moins « lethal » contrairement à l’année dernière, le Dr Zouberr Joomaye du National Communication Committee sur la Covid-19 explique que cela est en référence aux tableaux cliniques démontrant moins de symptômes de la maladie auprès des individus testés positifs. Parmi ces derniers et contrairement à l’an dernier, il y a plus de cas asymptomatiques et moins sévères de la maladie. Mais aussi un bon nombre de jeunes parmi les personnes contaminées qui font qu’ils ont un système immunitaire plus résistant au virus. Pareillement, il indique que ce qui permet actuellement une meilleure gestion de la situation par rapport à l’an dernier est l’augmentation de la capacité des tests et le Preparedness Plan du ministère de la Santé qui fait que le pays est mieux armé pour faire face à cette résurgence de la Covid-19. Pourquoi n’a-t-on pas encore trouvé le Patient Zéro ? À cela, il affirme que les hypothèses actuelles sont que ce dernier a été testé négatif lors de son arrivée au pays, ensuite il a été positif, et un non-respect des gestes barrières a engendré cette nouvelle vague de contamination. « Il n’y a pas de risque zéro. Donc les autorités continuent les efforts pour remonter jusqu’à lui », conclut-il tout en rappelant à la population l’importance de maintenir les gestes barrières.


« Enn cadav dan sak foyer » ?

En ce qu’il s’agit de sa déclaration « Enn cadav dan sak foyer » par rapport à l’évolution de la Covid-19 au pays l’an dernier, le Dr Vasantrao Gujadhur indique qu’il s’est basé sur le taux de morbidité de la Covid-19 selon le WHO Report et le China Report par rapport à la région Afrique où Maurice était parmi les 13 pays les plus affectés. Mais encore, par rapport au fait qu’il y a beaucoup de personnes âgées au sein de la population. Parmi, un grand pourcentage qui est diabétique, atteint d’hypertension et qui souffre de maladies chroniques. « Nous ne savions pas à l’époque la virulence du virus parmi ces personnes. C’est en se basant sur ces deux rapports que nous avions fait un modelling de prédiction pour préparer la population », renchérit-il. Notamment en termes d’actions entreprises par le ministère de la Santé pour la quarantaine, la fermeture des frontières, les laboratoires de dépistage, le confinement de la population, les consignes et les gestes barrières entre autres.

Quid de la vaccination ?

Dans un des clusters en ce moment, une personne qui a été vaccinée est positive à la Covid-19, comment expliquez-vous cela ? À cela, le Dr Vasantrao Gujadhur explique que la première dose de vaccin prend environ trois semaines à agir, donc le vacciné est toujours exposé à une infection. « C’est important de se faire vacciner pour se protéger du virus. Ce faisant, le vacciné est sujet à une infection moins sévère. Comme les vaccins ne sont pas efficaces à 100 %, le maintien des gestes barrières comme le social distancing, le port du masque et la désinfection des mains sont primordiales pour plus de protection contre le virus », conclut-il.


Le Dr Vasantrao Gujadhur : «C’est avant tout une question de charge virale»

gujadhurPeut-on dire que cette nouvelle vague de contamination à la Covid-19 au pays est moins mortelle ? À cela, l’ex-directeur de la Santé, le Dr Vasantrao Gujadhur, répond d’emblée qu’on ne peut qualifier la situation comme telle. Selon lui, c’est l’évolution de la pandémie au sein de la communauté dans les jours à venir qui donnera une indication sur le degré de sévérité de la contamination au virus. « La Covid-19 est une nouvelle maladie avec des cas asymptomatiques, moins sévères, critiques et mortels. Donc, c’est difficile de se prononcer sur le spectre de mortalité », dit-il. Selon lui, tout est une question de charge virale qu’émettent les personnes contaminées. Ainsi, il dira que le ministère de la Santé multiplie actuellement les mesures préventives, et c’est ce qui lui permet une meilleure gestion des personnes infectées. D’ailleurs, il trouve que de les placer en quarantaine et de les tester en masse sont de bonnes initiatives. « Elles permettent aux autorités de traiter les personnes contaminées afin qu’elles puissent rentrer à nouveau chez elles. C’est ce qui a une incidence sur la manifestation du virus au sein de la communauté, contrairement à l’an dernier », dit-il.


Le Dr Sunil Gunness : « Parmi les contaminés sont des jeunes ayant un système immunitaire plus résistant au virus »

gunnessContrairement à l’année dernière, la situation au pays par rapport à la Covid-19 semble moins mortelle. Pourquoi ? À cela, le Dr Sunil Gunness indique que, selon lui, en ce moment, il y a beaucoup plus de jeunes qui sont parmi les personnes contaminées. « Ils ont un système immunitaire plus résistant que les personnes âgées. C’est ce qui fait que la situation n’est pas du tout « lethal ». De plus, selon les statistiques, le pourcentage de morbidité parmi les 18 à 50 ans est très faible selon certains rapports. Il faut aussi retenir qu’en ce moment, les cas sont moins sévères et asymptomatiques », précise-t-il. En ce qu’il s’agit de la deuxième raison, il dira que c’est la charge virale qu’émet une personne contaminée qui a une incidence sur la quantité de virus qui est en circulation dans la communauté. « L’an dernier, les gens n’étaient pas au courant de cette maladie. Donc la charge virale des personnes directement infectées acquise par d’autres personnes était très élevée surtout dans les hôpitaux où il avait à la fois patients et personnel soignant », cite-t-il pour exemple. Et une troisième raison, selon lui, pour expliquer la situation au pays, est qu’il se peut qu’actuellement, bien qu’on n’ait pas encore de preuves, le coronavirus est devenu plus contagieux mais moins virulent.


Plus contagieux mais moins virulent

« Sur le plan médical, un virus qui se mute est moins virulent, il veut continuer à vivre dans son écosystème. C’est naturel. Pour subsister dans le temps, il devient plus contagieux et moins virulent », dit-il. Ce dernier ajoute que le coronavirus va finir à un moment donné en un virus pas virulent comme la grippe. « Si une personne a de la fièvre, un nez coulant et ne se sent pas bien, elle va rester dans sa chambre. Donc, le virus n’est pas en mouvement et c’est ce qui le fait moins virulent. Au cas contraire, si la personne malade sort de chez elle et transmet le virus à d’autres personnes, il sera plus contagieux mais sera toutefois moins virulent lorsqu’il se transmet d’une personne à une autre », affirme-t-il.


« Ne soyez pas négatifs si vous êtes testés positifs »

Par rapport à la vaccination, le Dr Sunil Gunness indique que cela revêt de toute son importance pour se protéger contre le virus. Comment expliquez-vous le fait qu’une personne vaccinée est testée positive ? « Je dirais qu’il ne faut pas se baser au cas par cas et avoir peur de se faire vacciner. Les pays à l’étranger ont enclenché les campagnes de vaccination car ils ont compris que cela a une incidence pour éviter les cas sévères de la Covid-19 au sein de leur population. Et cela leur permet aussi de reprendre graduellement leurs activités économiques », soutient le Dr Sunil Gunness. Et de dire qu’au bout du compte, une personne ne doit pas être négative si elle est testée positive. « Ce n’est pas dramatique. Si on est testé positif, cela ne veut pas dire qu’on va mourir du virus. La plupart des cas sont asymptomatiques et moins sévères. Avec des mesures entreprises par le gouvernement pour contrôler et contenir l’épidémie du mieux possible, je pense qu’il faudrait que la population cesse de se concentrer sur les aspects négatifs. Mais qu’elle se concentre à la place sur ceux qui sont positifs. Comme le confinement, la quarantaine et le maintien des gestes barrières pour casser la chaîne de transmission du virus. Mais encore la vaccination pour se protéger ainsi que sa famille. Il ne faut pas les prendre mal. Car au cas contraire, cela alimenterait davantage la psychose sur la Covid-19 », conclut le Dr Sunil Gunness.


Taux de contamination : Maurice en dessous de 1% 

Comme l’a souligné le ministre de la Santé vendredi dernier, le nombre élevé de tests effectués par jour augmente la probabilité de détecter plus de cas. Cela permet d’isoler plus de personnes susceptibles de propager le virus. Les statisticiens du ministère de la Santé sont clairs, les derniers chiffres montrent que le taux de propagation est plus élevé qu’en 2020. Cependant, en comparaison avec les îles de la région, la situation n’est pas catastrophique.

Tableaux de la première semaine de 2020

Date Tests PCR effectués Cas positifs détectés Taux de positivité %
18 mars 133 3 2,3
19 mars 26 9 34,6
20 mars 57 2 3,5
21 mars 148 4 2,7
22 mars 152 10 6,6
23 mars 153 8 5,2
24 mars 146 12 8,2
25 mars 134 4 3,0
26 mars 239 29 12,1
Du 5 au 12 mars 2021, 11 649 tests PCR avaient été effectués et 99 individus ont été testés positifs. Soit un taux de positivité de 0,84%.

 

Taux de mortalité et de contamination par nombre de cas détectés comparé à la population (au 13 mars 2021)

Maurice    
Population  1,266 million
736 cas pour 10 morts  
Taux de mortalité (morts par nombre de cas)  1,4%
Taux de contamination (nombre de cas par rapport à la population)  0,058%
Madagascar  
Population  26,97 millions
20 155 cas pour 300 morts   
Taux de mortalité  1,5%
Taux de contamination (nombre de cas par rapport à la population)  0,074%
Mayotte  
Population  270 372
18 642 cas pour 129 morts  
Taux de mortalité  0,7%
Taux de contamination (nombre de cas par rapport à la population)  6,89%
La Réunion  
Population  859 959
13 801 cas pour 71 morts  
Taux de mortalité  0,5%
Taux de contamination (nombre de cas par rapport à la population)  1,6%
Seychelles  
Population  97 625
3 173 cas pour 16 morts  
Taux de mortalité  0,5%
Taux de contamination (nombre de cas par rapport à la population)  3,25%
Comores   
Population  850 886
3 618 cas pour 146 morts  
Taux de mortalité  4,03%
Taux de contamination (nombre de cas par rapport à la population)  0,43%
Maldives   
Population  530 953
21 382 cas pour 64 morts  
Taux de mortalité  0,299%
Taux de contamination (nombre de cas par rapport à la population)  4,02%
(chiffres de beSafeMoris et de Worldometer)  
 

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