Les critiques abondent selon lesquelles notre soumission au COP21 est inadéquate. Notre Intended Nationally Determined Contribution (INDC) est un document sommaire de six pages, assez flou dans ses propositions, sans détails sur ses objectifs et, surtout, incertain dans sa mise-en-œuvre.
L’objectif de réduire nos émissions de 30% d’ici 2030, relatif au « business-as-usual », est sujet au soutien international. Un budget de US $ 5.5 milliards est estimé nécessaire, dont US$ 4 milliards pour l’adaptation.
Or, nous savons que l’efficacité énergétique et la maîtrise de la demande peuvent nous apporter une réduction de 20% à l’horizon 2030. Pour l’électricité, une baisse équivalente de plus de 1 200 GWh par an est possible. Et si d’ici 2025, nous arrivons à 35% de sources renouvelables dans notre production électrique, il est clair que notre INDC est sous-estimée. En y ajoutant notre capacité comme puits de carbone, par la reforestation et par notre zone marine, nous pouvons faire encore mieux. Mais là n’est pas le vrai problème !
Seuls 150 pays ont soumis leurs INDCs. Il y a de quoi s’inquiéter devant le manque d’engagement de certains, et non les moindres. L’Australie, le Canada et la Russie deviendront les plus grands pollueurs en CO2 par tête d’habitant, cette dernière augmentant même ses émissions absolues. Même le Japon, qui nous avait donné le précédent protocole à Kyoto, fait pâle figure. Il est évident que tout le monde peut mieux faire, infiniment mieux pour certains.
Il y a des signes prometteurs au niveau global. Les obligations vertes sont passées de US $ 11 milliards à US $ 36 milliards de dollars entre 2013 et 2014. Les fonds de pensions, les banques et les compagnies d’assurances intègrent les risques liés au changement climatique et désinvestissent dans le charbon, par exemple. Même la Banque mondiale croit que qu’il faut « sevrer » nos économies du charbon. Du COP21, les multinationales du pétrole et de l’énergie disent s’attendre à plus de clarté sur les orientations politiques, pas à un retour à l’âge fossile. Pourra-t-on lever US $ 100 milliards par an d’ici 2020 pour lutter contre le changement climatique ?
Cette année déjà US $ 62 milliards ont été promis à cette fin. Toutefois, selon le New ClimateEconomy Report 2015, afin de réduire les émissions annuelles de 5.5 à 7.5 Gt CO2 eq d’ici 2030, un investissement de US $ 1000 milliards sera requis dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique chaque année. En 2014, seulement le tiers a été investi en énergies renouvelables, cinq fois plus quand même qu’il y a une décennie. L’Afrique qui compte plus de 650 millions d’habitants sans accès à l’électricité, n’a attiré que 3% cet investissement, presque tout allant vers Afrique du Sud.
Les coûts réels de la mise-en-œuvre des politiques et des recommandations du COP21 seront-ils équitables vis-à-vis des pays du Sud ? Verra-t-on une convergence de l’aménagement des territoires, des constructions et des infrastructures, y compris celles des télécommunications, avec celles de l’énergie afin de propulser la planète entière vers une gestion optimale, juste et propre de ses ressources ?
L’énergie deviendra-t-elle un bien commun, sinon son accès un droit universel inaliénable ? Y aura-t-il une gouvernance plus transparente de l’énergie, tant globalement que localement ? Comment définir les nouveaux marchés de l’énergie où les consommateurs seront aussi des producteurs ? Quel sera la relation entre l’homme-énergivore et la nature ?
Ces questions sont plus importantes que l’inadéquation des INDCs. Saura-t-on les répondre au COP21 ?
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