L’avenir de Huawei, en tant qu’important partenaire commercial de Mauritius Telecom, pourrait être compromis. Le gouvernement mauricien et la direction de MT exprimerait, en effet, de sérieuses réserves vis-à-vis de l’entreprise chinoise de télécommunications.
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Les relations entre Mauritius Telecom (MT) et la société chinoise Huawei pourraient prochainement se détériorer. Le ton a été donné par un des nouveaux membres du conseil d’administration de MT, Neermal Saddul. Ce dernier, dans l’émission télévisée « Focus » de la Mauritius Broadcasting Corporation, mercredi soir, a fait comprendre que MT ne peut pas se fier à une seule compagnie pour la fourniture d’équipements, d’abord pour des raisons commerciales, et deuxièmement en raison des soupçons d’espionnage qui pèsent sur Huawei, notamment de la part des États-Unis.
Diverses sources à l’Hôtel du gouvernement soutiennent les arguments de Neermal Saddul. Elles sont d’avis qu’il faut à présent explorer les différentes avenues possibles pour permettre à d’autres entreprises de télécommunications d’offrir leurs services à MT, entre autres pour la fourniture d’équipements. Elles sont cependant conscientes du fait que MT ne peut pas se permettre des actions brutales contre la compagnie chinoise, en raison des obligations contractuelles qui lient les deux parties. « On ne peut pas se permettre un Betamax bis », ironise un des conseillers interrogés.
D’autres sources au sein du gouvernement disent que pousser Huawei vers la sortie doit être un « move » bien calculé. « Une enquête va prochainement commencer sur les décisions prises par l’ancien CEO de Mauritius Telecom. Si cette enquête venait à établir qu’il y a eu maldonne dans les transactions qui ont été effectuées, cela pourrait servir à faire partir Huawei », avance-t-on.
Sous le couvert de l’anonymat, un membre du top management de MT apporte un autre éclairage. Selon lui, les efforts pour faire bande à part avec Huawei remontent à 2015. « Le gouvernement mauricien prenait déjà les allégations d’espionnage sur Huawei très au sérieux et des directives avaient été données afin de couper les ponts avec la compagnie chinoise. Sauf que ces directives n’ont pas été suivies. Pire, les services de Huawei ont été largement déployés à Maurice. Cela s’est passé quand Pravind Jugnauth avait démissionné de son poste de ministre après avoir été reconnu coupable dans l’affaire Medpoint (Ndlr : il a par la suite été blanchi par le Privy Council). »
Le Défi Quotidien a tenté d’obtenir un commentaire de Huawei sur les déclarations faites par Neermal Saddul mais son service de communication n’a pas souhaité réagir. Cependant, des personnes proches de l’entreprise chinoise affirment qu’il est faux de dire que Huawei a le monopole de la fourniture d’équipements à MT. « L’Inde et plusieurs pays d’Europe sont également bien présents à Maurice », fait-on valoir. On met aussi en avant la prise de position du président directeur général d’Orange, Stéphane Richard, qui a été catégorique : « I am against excluding Huawei. »
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