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Changement climatique : plus de Rs 300 Md pour lutter contre le phénomène

Renganaden Padayachy, ministre des Finances, estime que le pays aura besoin de Rs 300 milliards pour lutter contre le changement climatique.

Même si Maurice est parmi les plus petits pollueurs, il est parmi les plus vulnérables de la planète au changement climatique. Selon le Climate Vulnerability Index Ranking, Maurice est le 46e pays le plus menacé au monde.

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Dans son Budget 2024/25, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, prévoit plus de Rs 5 Md pour lutter contre le réchauffement climatique pour l’année financière. Mais au total, Rs 300 milliards seront nécessaires d’ici 2030.

Si chaque année, des centaines de millions partent pour des projets de drains, pour l’année financière 2024/25, Rs 1 Md sont allouées pour poursuivre la mise en œuvre de 132 projets de drainage d’une valeur totale de Rs 3,5 Md.

Outre les intempéries et les inondations soudaines, une autre conséquence directe du phénomène est l’élévation du niveau de la mer. « Nous ne pouvons pas rester insensibles alors que nous voyons nos plages immaculées être emportées, nos récifs coralliens détruits et nos lagons et forêts privés de leur ligne de vie. Nos actions aujourd’hui doivent être audacieuses », devait dire le Grand argentier dans son discours du budget, prononcé le 7 juin dernier.

Acte donc. Le ministre veut la collaboration de chacun, c’est-à-dire le gouvernement, la communauté des affaires et la société civile. Il estime que « l’agenda d’adaptation et d’atténuation des effets provoqués par le changement climatique coûtera environ Rs 300 milliards ».

Sources de financement

Le gouvernement compte puiser un peu partout pour réunir ces fonds. S’il soutiendra financièrement en partie ces mesures, il compte énormément sur l’apport des pays avancés et institutions internationales sous le chapitre ‘finance verte’.

C’est ainsi que Maurice a pu obtenir, en janvier dernier, de l’argent auprès de la Banque africaine de développement (BAD) et du Royaume-Uni pour un projet de sous-stations avec appareillages de commutation à isolation gazeuse à Maurice comme projet bénéficiaire dans le cadre de la transaction Room to Run Sovereign (R2RS). Jusqu’à 100 % du coût total du projet de 110 millions de dollars, soit Rs 4,8 Md selon le taux de change du jour, correspondant à la composante d’atténuation des effets du changement climatique du prêt, a été rendu possible grâce au capital supplémentaire débloqué par la garantie du gouvernement britannique. Il s’agit ici d’un exemple parmi bien d’autres. Au total, le gouvernement espère lever Rs 180 milliards au niveau international.

Si au niveau du gouvernement, on tente de faire la part des choses, le ministre Padayachy compte sur le secteur privé aussi. C’est pourquoi il introduit une taxe dite Responsabilité climatique des entreprises (RCE), équivalente à 2 % des bénéfices de l’entreprise. Les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à Rs 50 M seront exemptées de cette taxe. Cet argent devra être utilisé pour soutenir les initiatives nationales visant à protéger, gérer, investir et restaurer l’écosystème naturel du pays et à lutter contre les effets du changement climatique. Un Fonds pour le climat et la durabilité sera donc créé pour mettre en œuvre cet agenda. Celui-ci sera également ouvert aux dons d’organisations internationales et d’individus, et sera géré par un comité mixte public-privé. Le gouvernement alloue Rs 3,2 milliards dans ce fonds pour des projets visant à lutter contre le changement climatique.

Selon l’estimation faite par le Fonds monétaire international (FMI) dans son Selected Issues Paper on Mauritius, publié le 20 juillet 2022, d’ici 2030, Maurice aura besoin de USD 2 Md pour mettre en œuvre des mesures d’atténuation et de USD 4,5 milliards pour des mesures d’adaptation afin de lutter contre les conditions extrêmes provoquées par le changement climatique. Cela fait un total de USD 6,5 Md (Rs 303,9 Md), selon le taux de change du jour. C’est plus ou moins le chiffre avancé par Renganaden Padayachy dans son discours du budget.

Érosion des plages 

Au cours de ces 10 dernières années, Maurice a connu une érosion de ses plages pouvant aller jusqu’à 20 mètres par endroits. Et le phénomène devrait s’amplifier. Selon le ministère de l’Environnement, avec l’accélération du phénomène, la mer devrait s’élever de 49 centimètres d’ici 2100. Alors que les plages sont le principal gagne-pain de l’industrie hôtelière, secteur qui a grandement contribué au développement économique du pays et qui a permis de se relever après la pandémie de Covid-19, celles-ci sont en voie de disparition. La montée des eaux et l’érosion des plages font qu’elles n’ont jamais été autant menacées.
Plus de 37 kilomètres de notre littoral ont été lourdement affectés par l’érosion des plages ces derniers temps. Le gouvernement compte, au cours des cinq prochaines années, restaurer plus de 26 km de rivage et réhabiliter environ 30 sites dégradés à travers l’île. Parmi ces rivages, ceux de Trou-aux-Biches, Pointe-des-Lascars, Grand-Baie, Mon-Choisy, Bain-Bœuf, Bel-Ombre, Riambel, Rivière-des-Galets, Saint-Félix, Blue-Bay, Pointe d’Esny, Poste-de-Flacq, Belle-Mare, Palmar, Albion, La Preneuse, La Mivoie Rivière-Noire, La Prairie, Flic-en-Flac, Wolmar, et Le Morne.

Des travaux correctifs basés sur l’adaptation des écosystèmes sur environ cinq kilomètres de rivage à Bain-Bœuf, Mon- Choisy, Le Morne, Grand-Sable, La Prairie, Grande-Rivière Sud-Est et Baie-du-Cap sont aussi au menu.

Pour ce faire, le gouvernement compte permettre l’extraction de sable pour le nourrissage des plages, comme annoncé par Renganaden Padayachy dans son discours du budget. Une méthode déjà très lourdement contestée par les environnementalistes et ONG qui militent contre la destruction de l’environnement.

Dans Le Défi Quotidien de lundi dernier, Carina Gounden, Programme Coordinator de l’ONG mru2025, s’est élevée contre la reprise de cette activité qui a causé bien des dommages dans le passé. « L’extraction en mer a causé plusieurs dommages environnementaux, notamment la perturbation des écosystèmes et la destruction des habitats marins, entraînant une diminution de la biodiversité marine. Nous savons aussi que l’extraction de sable en mer modifie les courants marins, ce qui a des effets imprévisibles sur les écosystèmes côtiers, notamment l’aggravation de l’érosion côtière », a-t-elle expliqué.

Fermes coraliennes

« Pour reconstruire notre écosystème marin, nous lançons un programme de réensemencement des lagons », dit Renganaden Padayachy. La création de 250 fermes coralliennes à Belle-Mare, Pointe-aux-Feuilles, le port de Port-Louis, Trou-aux-Biches et Flic-en-Flac est donc au programme. L’utilisation de techniques durables de culture de corail pour faire pousser et transplanter environ 25 000 coraux dans les zones de récifs dégradées chaque année pendant trois ans aussi. Les huîtres pouvant agir comme des purificateurs d’eau naturels en filtrant et en éliminant les polluants, le gouvernement proposera aux particuliers et entreprises d’établir des fermes ostréicoles à travers l’île.

  • LDMG

 

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