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Barlen Munusami, expert en sécurité routière : «Plusieurs solutions existent, mais elles sont souvent impopulaires»

Pourquoi le problème des embouteillages est-il devenu une problématique pour les usagers de la route?
Le problème des embouteillages à Maurice s’aggrave chaque année, avec une explosion du nombre de véhicules sur nos routes. Actuellement, la flotte automobile compte près de 700 000 véhicules. Entre 30 000 et 35 000 nouvelles voitures s’ajoutent à la flotte existante chaque année. Cela signifie qu’il y a presque un véhicule pour deux habitants, un ratio extrêmement élevé pour une île aussi petite. 

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Quelles solutions peut-on envisager ?
Plusieurs solutions existent, mais elles sont souvent impopulaires. L’une d’elles est l’instauration d’un péage routier dans certaines zones. Cela pourrait limiter l’accès aux routes aux heures de grande affluence. 
Une autre option serait d’introduire un système de circulation alternée basé sur les plaques d’immatriculation impaires et paires afin de mieux contrôler le nombre de véhicules en circulation. Le covoiturage est aussi une option intéressante, car il permettrait de réduire le nombre de voitures individuelles sur les routes.

Cependant, ces mesures ne seront pas au goût de tout le monde. L’augmentation du nombre de véhicules rend impossible l’interdiction de la vente de voitures neuves. Il faut aussi réfléchir à l’impact socio-économique qu’une telle initiative aurait sur les entreprises qui dépendent du transport routier. 

On a longtemps évoqué le péage. Est-il une solution efficace ?
Le péage peut effectivement être une solution, mais il doit être bien pensé. Il ne doit pas être imposé sans offrir une alternative viable aux conducteurs. Des routes alternatives gratuites devront être prévues pour ceux qui ne peuvent pas se permettre de payer. Si mal conçu, un tel système risquerait d’accentuer les inégalités entre ceux qui peuvent payer et ceux qui ne le peuvent pas. Le péage n’est donc pas une solution miracle.

Comment encourager le covoiturage et limiter l’usage de la voiture individuelle ?
Une des façons de réduire le nombre de voitures en circulation serait d’augmenter les frais de stationnement. Cela pourrait dissuader les automobilistes de prendre leur voiture pour se rendre au travail. 
Ceux qui ne souhaitent pas payer des tarifs élevés pourraient ainsi être incités à utiliser les transports en commun, dont le métro. Ces mesures sont certes difficiles à accepter, mais elles sont nécessaires. Si rien n’est fait, la situation deviendra rapidement ingérable.

Des infrastructures, telles que le SAJ Bridge et les « fly-overs » ont été réalisées avec l’objectif d’aider à réduire les embouteillages.  Ont-elles eu l’effet escompté ? 
Ces infrastructures ont certes facilité la circulation en direction de la capitale, mais elles ont aussi créé de nouveaux problèmes. En fluidifiant le trafic à ces endroits, la congestion a été simplement déplacée vers l’autoroute, qui était déjà saturée. Ainsi, plutôt que de résoudre le problème, on a déplacé l’embouteillage d’un point à un autre. 

Le SAJ Bridge, en particulier, permet aux véhicules de circuler plus rapidement vers la capitale, mais une fois sur l’autoroute, ils se retrouvent coincés dans les embouteillages, aggravant encore la congestion. Cela revient à « add insult to injury ». La construction de « fly-overs » ne suffira pas à résoudre le problème si le réseau routier global reste engorgé. 

Quels sont les impacts des embouteillages ?
Les embouteillages ont des conséquences sur l’ensemble de la société. Ils entraînent des retards dans tous les secteurs économiques, ainsi qu’une perte de productivité, car les travailleurs passent de plus en plus de temps dans les transports. Le stress et la fatigue liés aux trajets prolongés affectent également le bien-être des conducteurs. 

Si les embouteillages ne se limitaient qu’aux heures de pointe, une gestion par contre-flux, où certaines voies changeraient de direction en fonction des heures de circulation, pourrait suffire. Mais si les embouteillages deviennent permanents tout au long de la journée, des mesures plus radicales seront nécessaires.

Que faut-il faire pour améliorer la situation ?
Pour améliorer la situation, il est impératif de renforcer les infrastructures du transport public, afin de les rendre plus efficaces et accessibles. Il faut encourager un système de transport de masse qui incite les gens à laisser leur voiture au garage pour utiliser les bus ou le métro. Enfin, il est crucial de corriger les anomalies du système actuel afin d’éviter que la situation ne s’aggrave davantage. Tant que ces problèmes n’auront pas été résolus, les embouteillages continueront d’être un problème majeur.

 

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