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Au poste de police de Flacq: soumis de force à une parade d’identification par... téléphone

Pravesh, un jeune homme de 26 ans, affirme avoir été emmené de force au poste de police de Flacq pour une procédure d’identification... illégale. Selon lui, un policier l’ a pris en photo puis a envoyé celle-ci à une tierce personne via la messagerie d’un réseau social. Pravesh, un habitant de Quatre-Cocos, n’en revient pas. Il dit avoir vécu la honte de sa vie et soutient qu’il ne pourra jamais oublier la scène qui s’est déroulée le jeudi 7 juillet. Ce matin-là, il a été emmené au poste de police de Flacq car il était considéré comme suspect dans une affaire de vol... Et pour l’identifier, un policier a envoyé sa photo à travers la messagerie d’un réseau social à la victime, qui ne se trouvait donc pas sur place ! « Je me trouvais dans ma cour ce matin-là. Un véhicule gris, un 4x4 de la police, s’est arrêté devant mon portail. Il y avait trois officiers à bord. Ils sont entrés dans la cour et m’ont demandé de les suivre immédiatement. Je leur ai demandé pourquoi et ils ne m’ont pas répondu. J’ai réclamé quelques minutes, le temps de fermer la boutique que je gère, mais ils m’ont tiré de force jusqu’au véhicule. Ma mère a voulu s’interposer, mais l’un des agents l’a violemment poussée pour qu’elle s’écarte de leur chemin », affirme le jeune homme de 26 ans.

Bêtes de foire

Les voisins se sont rassemblés devant le domicile du plaignant pour tenter de comprendre ce qui se passait. « Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Au poste de police de Flacq, un officier en civil a pris ma photo. Puis, il a passé un coup de fil à la victime. Il est clair que c’était elle, car le policier lui a demandé d’identifier ma photo pour savoir si j’étais le suspect. Une photo expédiée via la messagerie d’un réseau social. Incroyable ! C’est là que j’ai compris dans quelle situation je me trouvais… » Pravesh a été autorisé à partir quand la personne au bout du fil a déclaré aux officiers qu’il n’était pas le suspect recherché. « C’est à cet instant que la police m’a expliqué le motif de ma convocation. J’ai été emmené de force au poste de police de Flacq pour une identification dans le cadre d’une enquête sur un vol. Je n’en saurai pas plus. J’ai été autorisé à regagner mon domicile. J’étais soulagé, car je n’étais plus prisonnier mais les préjudices causés sont ineffaçables. Cet incident a bouleversé ma vie et celle de ma famille. Aujourd’hui, nous sommes devenus des bêtes de foire dans le village de Quatre-Cocos », confie l’habitant de l’Est qui a porté l’affaire devant la Commission nationale des droits humains (CNDH). L’inspecteur Shiva Coothen, responsable de la cellule de communication de la police, nous a dressé un tableau des diverses procédures d’identification utilisées par les enquêteurs de la police. « Il y a l’identification directe où la victime se retrouve face à face avec le suspect. Puis, il y a la parade d’identification : le suspect est placé entre plusieurs autres personnes et la victime ou le témoin du délit doit pouvoir le reconnaître. La group identification est une procédure qui permet à la victime ou au témoin d’identifier le suspect parmi des civils dans des lieux publics, comme le Marché central. La victime, quant à elle, reste dans le véhicule de la police. La screen identification est une autre mesure qui permet d’identifier le suspect à travers la vitre. Une pièce est aménagée à cet effet ». Le chargé de communication de la force policière ajoute que le fait qu’un policier ait pris la photo de Pravesh pour l’envoyer à une tierce personne pour identification viole les dispositions de la Data Protection Act (DPA). Reste maintenant à la CNDH de se prononcer sur les éventuelles violations commises par des agents de l’ordre, alors qu’un citoyen est présumé innocent jusqu’à ce qu’une Cour de justice en décide autrement.
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