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Au ministère des Arts et de la culture : Rs 89,7 millions pour les Trust Funds 

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L’Aapravasi Ghat Trust Fund a mauvaise presse depuis quelques semaines. Mais que dire des autres trust funds qui opèrent sous le ministère des Arts et de la Culture ? Ils sont six au total pour un budget annuel de Rs 89,7 millions. La politisation est critiqués.

Le Conservatoire François Mitterand bénéficie d'un budget  courant de Rs 20,6.
Le Conservatoire François Mitterand bénéficie d'un budget courant de Rs 20,6.


L’Aapravasi Ghat Trust Fund fait l’actualité pour les mauvaises raisons depuis quelques semaines. Un rapport du ministère des Finances a épinglé son chairman pour des malversations et une mauvaise utilisation des fonds. Ce qui inquiète quand on sait que ce trust fund a un budget annuel de Rs 29,2 millions.

Qu’en est-il des autres trust funds sous le ministère des Arts et de la Culture ? Il y en a six au total : Le Conservatoire Francois Mitterrand Trust Fund, le Malcolm de Chazal Trust Fund, le Nelson Mandela Centre for African Culture Trust Fund, l’Islamic Cultural Centre Trust Fund et Le Morne Heritage Trust Fund. Budget total : Rs 89,7 millions. Certains ont un bilan plus positif que d’autres.

Le Centre Nelson Mandela gère une enveloppe de Rs 8,8 millions.
Le Centre Nelson Mandela gère une enveloppe de Rs 8,8 millions.

Il faut revoir les nominations 

Les deux plus grosses enveloppes vont au Conservatoire François Mitterrand et l’Aapravasi Ghat Trust Fund qui bénéficient respectivement d’un budget courant de Rs 20,6 millions et Rs 29,2 millions. Il faut rajouter à cela des budgets de développement respectifs de Rs 5 millions et Rs 400 000. Ce qui leur fait un budget total de Rs 25,6 millions et Rs 29,6 millions respectivement. 

Les autres entités sont loin derrière en termes de financement. Le plus proche est le budget du Morne Heritage Trust Fund, avec Rs 9,9 millions pour les dépenses courantes et Rs 7,1 millions en budget de développement. Total : Rs 17 millions. Les trois autres trust funds ne comptent qu’un budget courant modeste : Rs 1,2 million pour la Fondation Malcolm de Chazal, Rs 8,8 millions pour le Centre Nelson Mandela et Rs 7,6 millions pour le Centre culturel islamique. 

Que peut-on dire de ce que ces divers centres ont fait de leur budget et des manquements que certains d’entre eux peuvent présenter? Issa Asgarally, président de la Fondation pour l’interculturel et la paix estime que les décisions politiques y jouent un rôle fondamental. « Il faut voir les gens qu’on nomme », déclare-t-il, « ce type à l’Aapravasi Ghat, par exemple (NdLR : Dharam Dhuny, le président), qu’a-t-il à voir avec l’Aapravasi Ghat ? » Ce sont aussi les politiques qui créent ces institutions et qui définissent leurs missions. 

L'Aapravasi Ghat Trust Fund dans la tourment.
L'Aapravasi Ghat Trust Fund dans la tourment.
Les plus gros budgets vont au Conservatoire et à l'Aapravasi Ghat.
Les plus gros budgets vont au Conservatoire et à l'Aapravasi Ghat.

Dépolitiser les centres culturels

Et c’est justement ce « mission statement », combiné aux gens qui sont nommés à la tête des institutions qui détermineront la nature de leurs activités », estime Issa Asgarally. « Il faudrait que ces centres organisent des expositions qui vont attirer tout le monde, argue-t-il, faites venir des tableaux et des statues assez rares en Inde, par exemple. On ne fait pas ça ; partout c’est la politique et le religieux qui règnent. » 

Le président de la Fondation pour l’interculturel et la paix critique aussi le fait que le religieux ait préséance sur le culturel dans ces centres. « Sur le fond de tout cela, il faudait que ces centres culturels, le centre islamique, le centre marathi ou telegu etc… mettent plus d’accent sur le culturel, assure-t-il, l’ICC, par exemple, ne s’occupe que du pèlerinage et de récitation du Coran. » Selon lui aucun non-musulman ne met jamais les pieds au Centre culturel islamique où « même le jardinier est musulman ».

L’idéal serait de dépolitiser tout cela, en nommant un ministre des Arts et de la Culture apolitique. « Ne devrait-on pas nommer un non-élu, comme c’est le cas pour l’Attorney General ? On aurait un plus grand choix», suggère-t-il.

Les responsables s’expliquent…

Parmi les trust funds du ministère des Arts et de la culture, la Fondation Malcolm de Chazal est sans doute celle qui a le plus souffert. Son ancien président, Robert Furlong, démissionne après les élections de 2014, mais le ministère prendra quatre ans pour lui trouver un successeur : Angel Angoh. Entre-temps, le musée Malcolm de Chazal, à la rue du Vieux Conseil, a beaucoup souffert, au point où on craignait un temps que les tableaux du génie mauricien ne soient abîmés. 

Angel Angoh a eu fort à faire depuis sa nomination en 2018. « La rénovation du musée va commencer dans une semaine, on a déjà tout préparé, explique-t-elle, c’est la municipalité qui a trouvé le contracteur et les travaux devraient durer un mois. » En attendant, le musée ne sera plus ouvert à plein temps, mais une fois terminés, les 40 tableaux que compte la Fondation devraient être de nouveau exposés. 

La mission de la Fondation est également de faire connaître l’écrivain et peintre mauricien. La Fondation a organisé pas mal d’activités avec des enfants pour faire connaître la peinture de Malcolm de Chazal. « Nous allons lancer le trophée Malcolm de Chazal en septembre, explique Angel Angoh, nous aurons trois prix pour les meilleurs dessins et trois autres du côté litteraire. »
La Fondation contacte également les personnes qui possèdent des tableaux de Malcolm de Chazal afin de produire un catalogue. L’option d’une nouvelle publication de Petrusmok est également à l’étude.

Au Centre culturel africain Nelson Mandela, on explique notamment que l’essentiel de leur énergie est consacré aux recherches généalogiques et la commémoration. Stéphan Karghoo, le directeur du centre, explique que les recherches généalogiques sont très populaires : « Nous avons eu une émission sur la MBC il y a quelques jours et une centaine de personnes sont venues vers nous en trois jours. Comme nous avons un personnel réduit, notre base de données des noms d’esclaves est disponible en ligne. » 
Le président du centre, Jean-François Chaumière, explique que la mission du centre est de faire la promotion de la culture africaine et créole. « C’est pour cela que nous organisons des activités, explique-t-il, il y a eu la journée de la langue créole, mais aussi la commémoration du décès de Kaya. »

Autre trust fund qui semble fonctionner de manière satisfaisante : le Conservatoire François Mitterrand. Claudie Ricaud, la directrice, explique que l’essentiel de son budget va dans l’entretien des bâtiments. « Notre mission se concentre sur l’enseignement, la promotion et la préservation du patrimoine musical de Maurice », explique-t-elle. Un musée du patrimoine musical y a d’ailleurs été ouvert il y a quelques semaines. Le Conservatoire compte également 1 300 élèves qui étudient la musique.

 

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